Rebondissant d’abord sur le projet de texte visant à donner force de loi aux propositions des Etats Généraux de l’Information annoncé en début de matinée par la ministre Rachida Dati, et plus spécifiquement sur sa volonté de prévoir une transparence sur la répartition des investissements publicitaires des marques, entre médias d’information et autres environnements, le Président de Publicis Média Gautier Piquet a exprimé un accord de principe (« Je ne vois personne être contre. Personne n’a envie de vivre dans un monde de fausses informations, et je soutiens complètement les conclusions des Etats Généraux de l’Information ») mais y a ajouté une double réserve.
Responsabilité démocratique des annonceurs : est-ce applicable avec 87 000 marques actives en publicité en France ?
Sur les modalités pratiques de mise en œuvre de cette obligation, d’abord, en notant qu’on compte « 87 000 marques actives en publicité en France, dont 30 000 se concentrent sur la longue traîne de Google ».
« Si on fait une loi, est-on capable de faire en sorte qu’elle s’applique à tout le monde, s’est interrogé le dirigeant. Ou va-t-on encore se limiter aux plus grands groupes, et à ceux qui investissent le plus en publicité ? Ou bien est-on capable de se doter de KPIS qui s’appliquent à tous, qui respectent le secret des affaires et la logique économique des entreprises ? »
Surtout, Gautier Picquet a exhorté les pouvoirs publics de « sortir de la logique du millefeuille. On a 420 lois ou décrets qui encadrent et limitent la publicité en France. Faut-il continuer à contraindre l’économie française ? ». Avant d’ajouter de nouvelle règle, « pensons d’abord à un choc de simplification et conduisons une vraie réflexion sur la façon de combiner en publicité performance économique des entreprises et responsabilité sociétale ».
« Les annonceurs ont besoin d’environnements de qualité, mais pour être honnête, il n’y a pas de mécénat », a par ailleurs prévenu le dirigeant, invitant donc les médias à poursuivre la transformation qui doit leur permettre de gagner en performance.
Marché publicitaire : le 2e semestre 2025 pourra-t-il rattraper un premier semestre économiquement fragile ?
Également interrogé sur l’état du marché publicitaire, le Président de Publicis Media a indiqué que les professionnels « avaient eu des signaux faibles en juillet, que les premiers signes de gueule de bois étaient apparus en septembre, et que le dernier trimestre était très dur pour l’ensemble de l’univers de la communication, y compris les médias digitaux, et pas seulement pour les médias dits historiques ».
S’agissant de 2025, « on a du mal à avoir un regard optimiste sur les six premiers mois, et la question est de savoir si le deuxième semestre pourra rattraper un premier semestre économiquement fragile ».
Prudent, le dirigeant conclut en pointant que « l’enjeu est de s’inscrire dans la durée, en dépassant 2025 et en préparant dès maintenant 2026, 2027 et les années suivantes ».