Mardi 21 avril, Google a mis à jour son algorithme qui prend désormais en compte le caractère mobile-friendly ou non dans le classement des résultats pour les requêtes depuis un terminal mobile (hors tablettes). Un site non-compatible perdra en visibilité sur le moteur de recherches (il apparaîtra plus bas dans les classements) par rapport à des concurrents compatibles. Si l’effet de la mise à jour s’est très peu fait ressentir dans les pages de résultats, elle est toutefois observable dans la conversion mobile accélérée de nombreux sites, un enjeu stratégique pour Google.
Un update encore très peu perceptible
Les principaux acteurs du SEO (Search engine optimization) dans le monde n’ont pas observé de profonds changements dans les résultats de recherches mobiles suite à la mise à jour de Google. Ainsi, si la différence d’affichage entre les pages desktop et les pages mobiles de résultats n’étaient que de 67% avant mardi 21 avril, la mise à jour aurait fait évoluer cette valeur à 68,5%, cinq jours après.
Cela signifie donc qu’il n’y aurait que 1,5% de changement dans les pages de résultats en termes d’acteurs référencés ou de positionnement par rapport à des pages desktop. C’est une donnée presque négligeable par rapport au grand chamboulement annoncé.
En France, quelques légères turbulences
Un léger recul de visibilité. En France, selon une étude publiée par Yooda, spécialiste du référencement, les sites non-compatibles ont perdu sur le mobile 6,2% de visibilité par rapport à ce qu’ils obtiennent sur une recherche desktop. Toutefois, Yooka observe qu’ « en moyenne, l’impact du bonus/malus mobile est pour l’instant modéré. En tout cas ce n’est pas l’apocalypse annoncée par Google. »
Quelques acteurs phares en France sont pénalisés. Sur le tableau des grands perdants de cette mise à jour, Rueducommerce.fr, leboncoin.fr, banquepopulaire.fr ou cuisineaz.fr affichent un recul marqué de leurs performances. Cela relève soit d’une pénalité logique du fait de non-compatibilité mobile ou bien d’une concurrence accrue sur cette requête. En effet, certaines requêtes sont plus ou moins populaires sur le mobile. Des requêtes comme « serrurier paris » ou « coiffeur Orléans », etc. vont être plus concurrentielles car plus souvent recherchées via mobile que des recherches plus générales comme « vacances Turquie » ou « œuvre Montesquieu ». Ainsi, sur cette typologie de requêtes très mobiles, la concurrence va être plus poussée et les éditeurs plus susceptibles de voir des variations suite à la mise à jour de l’algorithme de Google.
Une anticipation du changement
L’absence de grands mouvements dans les classements révèle surtout que les acteurs ont sérieusement pris en compte les annonces de ces derniers mois. Google a conduit en amont un travail d’évangélisation sur la question de l’adaptation mobile. Plusieurs updates de son algorithme de classement avaient ainsi indiqué aux éditeurs de site que le mobile prendrait de plus en plus de poids dans les classements de résultats. On observe que les éditeurs ont pris rapidement le tournant et anticipé cette grande mise à jour.
En France, par exemple, selon une étude de La Factory NPA, 81% des 100 premiers annonceurs pluri-médias proposaient dès février 2015, une version adaptée mobile de leur site principal. Plus généralement, selon Pete Meyers, l’un des responsables de Moz (solution leader d’analytics SEO), 70% des sites Internet référencés en page 1 de Google sont désormais responsive. Il observe d’ailleurs que ce chiffre a augmenté sur les dernières semaines précédant la mise à jour : il y a eu une anticipation des acteurs du web.
Un pari réussi pour Google qui accélère la (ou sa) conversion mobile
Google transforme le web. Google sort de cette mise à jour gagnant puisqu’il a réussi à accélérer le mouvement de conversion mobile de grandes et moyennes plateformes web. Par ses annonces successives et les menaces de pénalités à venir, il a poussé les principaux éditeurs de sites à s’adapter aux tendances de consommation mobile. Celle-ci était dictée par une tendance de fond : un basculement mobile opéré par les internautes et par les annonceurs.
Un basculement mobile opéré. L’audience web est de plus en plus mobile dans le monde. En témoigne le marché américain où une étude publiée par Comscore en juillet 2014 montre que le trafic provenant des terminaux mobiles (tablettes et téléphones) représente désormais 60% de l’ensemble du trafic Internet. Pour Google, la tendance est la même : en 2015, 56% des requêtes proviennent d’un terminal mobile et ce chiffre devrait monter à 69% d’ici à 2020.
Rester le portail de l’Internet mobile. Pour le géant de Mountain View, l’enjeu est majeur puisqu’il s’agit de coller aux usages de ses utilisateurs qui de plus en plus mobinautes. Il lui faut créer une expérience adaptée à ces nouveaux usages et concurrencer les applications qui viennent lui prendre des parts de marché dans la publicité. Ainsi, si les sites sont rapidement accessibles et mettent à disposition des informations pertinentes, les mobinautes préfèreront Google aux applications des éditeurs.
Une réponse concrète à la pression des marchés financiers. Le moteur de recherche a vu sa part dans la publicité mobile mondiale reculer à 38,2% en 2014 contre 46% en 2013. Une donnée scrutée par les analystes financiers à chaque publication de résultats. Les marchés sont en effet inquiets de voir Google ne pas monétiser aussi efficacement la publicité mobile que desktop.
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