De plus en plus challengé par les grands networks américains sur sa capacité à fournir une vue d’ensemble du marché, Nielsen vient d’annoncer un partenariat avec Roku pour mesurer l’audience du streaming vidéo sur ses terminaux OTT (boîtiers et dongles en propre ou lecteurs directement intégrés aux smart TV de plusieurs constructeurs). Une réponse qui vient à point nommé pour le groupe d’études marketing dont le statut d’acteur historique est mis à mal par ses partenaires de toujours (CNBC, NBC Universal…) et l’apparition d’une nouvelle concurrence hybride via des mesures ad hoc, apportant aux diffuseurs les briques manquantes pour une vision globale de leur audience.
L’érosion des audiences linéaires et, avec elle, celle des recettes publicitaires traditionnelles, impose aux professionnels du secteur de mieux appréhender les nouvelles formes de consommation dématérialisée pour en monétiser davantage l’audience. Le problème est, qu’à l’instar de Médiamétrie sur le marché français, Nielsen est confronté à la fragmentation croissante de l’audience délinéarisée, avec la multiplication des portails vidéo et la popularisation des écrans nomades. Un manque de visibilité et d’indicateurs fiables qui constitue un frein majeur pour la valorisation des contenus et donc le maintien des investissements média des annonceurs. Malgré la mise en place d’outils complémentaires (mesure d’audience sur les DVR jusqu’à 7 jours après la diffusion linéaire, suivi de l’engagement autour des programmes TV sur Twitter, évaluation de l’efficacité des campagnes en ligne, etc.), l’offre de Nielsen est jugée insuffisante par les diffuseurs qui réduisent progressivement leur dépendance à l’institut américain en souscrivant aux solutions alternatives de nouveaux partenaires pour une partie de leur audience.

Bien qu’encore partielle, la mesure de la consommation média digitale est à un tournant de son histoire aux États-Unis. Le partenariat entre Nielsen et Roku préfigure de nouveaux standards de mesure cross-média, au cœur de la convergence de la télévision et d’Internet.
Une mesure qui pourrait être complétée dès 2015 par le suivi de la consommation des programmes diffusés en streaming sur les plates-formes de SVOD comme Netflix ou Amazon Instant Video[2], et qui pourrait consacrer Nielsen comme le futur acteur de référence sur la mesure d’audience unifiée.
[1] Roku : https://blog.roku.com/blog/2014/12/30/roku-2014-a-year-in-review/ – 30 décembre 2014
[2] IndieWire : http://www.indiewire.com/article/nielsen-will-measure-online-tv-viewing-for-the-first-time-20141118?utm_source=iwAlerts_newsletter&utm_medium=sailthru_newsletter – 18 novembre 2014

