L’opérateur britannique vient d’annoncer un résultat opérationnel en baisse de 11% sur les neuf premiers mois de son exercice 2016/17, plombé par l’inflation des droits de diffusion de la Premier League et ce, malgré une progression de son nombre d’abonnés et de ses revenus. Un léger accroc qui n’empêche pas le groupe Sky de multiplier les investissements et les partenariats d’envergure pour poursuivre sa stratégie de diversification : production audiovisuelle, publicité ciblée, téléphonie mobile…
Résultats Q3 16/17 : un bénéfice opérationnel impacté par la flambée des droits sportifs
Sur les neuf premiers mois de son exercice achevés au 31 mars, Sky affiche un bénéfice opérationnel en recul de 11% à taux de change constants à 1,013 milliard de livres (1,191 Md€). Ce repli est principalement lié à l’augmentation des coûts d’acquisition des droits de diffusion de la Premier League. Après s’être disputés les droits du championnat de football anglais en 2012 en déboursant plus de 3 milliards de livres, BT et Sky ont en effet fait s’envoler les droits de la PL pour la période 2016-19 avec un montant record de 5,1 milliards de livres (6 Mds€ ; +70% vs. 2013-16). Une explosion des droits qui se traduit pour l’opérateur historique par le versement de 600 millions de livres (705 M€) supplémentaires chaque saison. Dans l’ensemble, les coûts du groupe britannique sont en hausse de 8% sur les neufs premiers de l’exercice à 8,6 milliards de livres (10,2 Mds€). Hors Premier League ils progressent de 2% seulement.
L’impact de la hausse des coûts sur le bénéfice opérationnel est toutefois partiellement compensé par la croissance de 5% des revenus entre le 1er juillet 2016 et le 31 mars 2017, à 9,6 milliards de livres (11,3 M€). Une progression du chiffre d’affaires due à une nouvelle hausse du parc d’abonnés avec le recrutement de 106 000 nouveaux clients sur le seul troisième trimestre et de 769 000 clients sur un an. Tous territoires confondus, le parc d’abonnés du groupe britannique s’établit désormais à 22,4 millions de clients. Dans le détail, le chiffre d’affaires progresse de 4% au Royaume-Uni et en Irlande, de 10% en Allemagne et en Autriche (Sky Deutschland), et de 7% en Italie (Sky Italia). A l’exception de la zone Royaume-Uni/Irlande – impactée donc par l’explosion des coûts des droits sportifs et confrontée à un nouveau repli du marché publicitaire – l’ensemble des marchés où est implanté le groupe affichent un bénéfice opérationnel en hausse au 31 mars.
Résultats financiers du groupe Sky sur les 9 premiers mois de son exercice 2016-17
Un accord HBO-Sky pour contrer Netflix et Amazon dans la production de séries internationales
Parallèlement à la publication de ses derniers résultats financiers, le groupe Sky a annoncé la signature d’un accord de coproduction de fiction d’un montant de 250 millions de dollars (230 M€) avec l’américain HBO (Time Warner). Portant sur plusieurs années, le partenariat prévoit le développement de deux projets en commun par an, dont l’arrivée d’une première série attendue pour 2018. Les projets seront sélectionnés par des dirigeants des deux diffuseurs. Des premiers développements sont déjà en cours. L’objectif de ce partenariat est de faire émerger des productions de « classe mondiale » en laissant libre cours à l’imagination des créateurs américains et européens, et en offrant à ces derniers l’opportunité de voir leurs projets diffusés par deux des leaders mondiaux du secteur.
Les deux groupes y gagneront quant à eux l’exclusivité de distribution sur ces nouvelles séries. Ce rapprochement intervient dans un contexte international de plus en plus concurrentiel, marqué par la montée en puissance des acteurs du web (notamment aux États-Unis et au Royaume-Uni, marchés plus matures, où Netflix et Amazon font désormais partie intégrante du paysage audiovisuel). Les deux acteurs consentent chaque année à des investissements toujours plus massifs en matière de contenus, notamment dans la production originale, véritable produit d’appel de leurs services de vidéo à la demande. Le leader mondial de la SVoD envisagerait ainsi de dépenser 6 milliards de dollars dans ses programmes en 2017, le géant du e-commerce 4,5 Mds$. Des montants qui placent les deux acteurs au-dessus de tous les grands networks américains.
Estimation des budgets annuels dédiés aux programmes vidéo / en milliards de dollars
Source : IHS Markit et JP Morgan
A noter que HBO et Sky ont déjà collaboré sur la série The Young Pope, aux côtés de Canal Plus. Les deux groupes sont également liés dans un contrat offrant l’exclusivité des programmes de la chaîne payante américaine à l’opérateur britannique en Allemagne, Autriche, Irlande, Italie et au Royaume-Uni jusqu’en 2020.
Sky AdSmart : un accord majeur en vue avec Virgin Media
Sky AdSmart, la plate-forme de publicité TV personnalisée de l’opérateur britannique, est la référence outre-Manche avec un potentiel de plus de 7 millions de foyers adressables grâce à la box Sky Plus HD. Commercialisé depuis début 2014 par Sky Media, la régie du groupe Sky, Sky AdSmart est un outil de programmation et d’optimisation publicitaire qui permet d’adapter un spot aux différents profils d’abonnés visionnant un même programme. Depuis ses débuts, AdSmart a permis la réalisation de plus de 6 000 campagnes pour le compte de près de 1 000 annonceurs. Les cibles peuvent être définies en choisissant parmi plus de 1 200 critères. En dépit de marchés publicitaires moroses en Italie et au Royaume-Uni, Sky indique dans la publication officielle de ses derniers résultats que la technologie AdSmart a participé à la croissance de 4% de ses revenus publicitaires au global à 613 millions de livres (720 M€) sur les neuf premiers mois de son exercice 2016/17.
La semaine dernière, The Telegraph rapportait que Sky et l’un de ses principaux rivaux outre-Manche, le câbloopérateur Virgin Media, étaient en discussions avancées pour intégrer AdSmart. S’il venait à se concrétiser, l’accord permettrait à Sky de toucher 3,7 millions de foyers britanniques supplémentaires, portant son total de foyers adressables à plus de 10 millions. En contrepartie, Virgin Media percevrait un pourcentage du chiffre d’affaires des publicités distribuées. La commercialisation des espaces publicitaires resterait gérée par Sky Media qui vise 1 milliard de livres de revenus d’ici 2020 (contre moins de 800 M£ en 2016). Cet accord pourrait marquer une nouvelle étape dans le développement de la solution AdSmart, Sky ayant déjà noué plusieurs partenariats importants ces derniers mois, notamment avec Viacom (Channel 5, Comedy Central, MTV…), qui est devenu le premier diffuseur de premier plan à s’appuyer sur la technologie de Sky Media.
Si le partenariat entre Sky et Virgin Media ne devrait pas être exclusif – l’américain ayant ses propres ambitions dans le domaine de la publicité ciblée, sa box dernière génération permettant elle aussi d’adresser des spots personnalisés – il doit permettre au groupe britannique de franchir un nouveau palier pour mieux rivaliser avec Google et Facebook, dont les revenus publicitaires ont connu une croissance vertigineuse ces dernières années grâce à leur capacité à cibler précisément leurs utilisateurs en ligne.