L'édito de Philippe Bailly

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Législatives 2024 : les « cadres » de la Commission des Affaires culturelles menacés

La dissolution décidée le 9 juin par le Président de la République renvoie devant les électeurs les 577 députés élus en 2022, et notamment ceux qui s’étaient le plus investis sur les dossiers touchant aux médias, et particulièrement à l’audiovisuel. NPA Conseil s’est appuyé sur les comptes-rendus des travaux de la Commission des Affaires culturelles pour identifier les 33 parlementaires qui avaient déposé des amendements et/ou étaient intervenus dans les débats sur la proposition de loi visant à réformer l’audiovisuel public (PPL Lafon).  L’analyse des rapports de force fait notamment apparaître des situations délicates pour l’ex-présidente de la Commission des Affaires culturelles Isabelle Rauch et pour les deux corapporteurs de la « PPL Lafon » Jean-Jacques Gaultier et Fabienne Colboc.

Parce que le premier tour interviendra trois semaines seulement après les Européennes du 9 juin, les élections législatives devraient intégrer, pour partie au moins, les tendances apparues lors du précédent scrutin, et que tendent à confirmer les enquêtes d’opinion réalisées au niveau national : la bipolarisation des votes entre l’extrême droite et la gauche, à la faveur de l’effondrement de la majorité sortante et de l’érosion persistante des Républicains.

L’analyse complémentaire réalisée par NPA Conseil sur les résultats observés dans les 27 départements d’élection des 33 députés ayant participé en Commission des affaires culturelles à l’examen de la « PPL Lafon », fait apparaître des écarts significatifs :

  • Des gains sensiblement supérieurs à la moyenne nationale, pour l’extrême droite, dans les départements qui lui étaient déjà le plus favorable (Alpes-Maritimes, Oise, Pyrénées-Orientales, Vosges et, dans une moindre mesure, Loire) ; une moindre dynamique, et une part des suffrages toujours en net retrait par rapport à la moyenne nationale, en Ile-de-France (Essonne, Seine-Saint-Denis, Paris, Val-de-Marne et, dans une moindre mesure, Yvelines).
  • Des pertes toujours plus fortes que la tendance nationale, pour les Républicains, dans les départements où l’extrême droite enregistre ses plus fortes progressions.
  • Une résistance de la majorité sortante (la capacité à approcher 20% des suffrages) qui se concentre sur les Hauts-de-Seine, le Maine-et-Loire, la Manche et les Yvelines.
  • La gauche qui conforte des places déjà fortes (Essonne, Haute-Garonne, Hauts-de-Seine, Loire-Atlantique, Paris, Seine-Saint-Denis, Val-de Marne et dans une moindre mesure Yvelines).

Résultats comparés des élections européennes de 2019 et de 2024, au niveau national et dans les départements des circonscriptions observées par NPA Conseil

Sans intégrer les écarts pouvant intervenir d’une circonscription à l’autre[1], et tenant notamment à l’ancrage local des élus, ce premier niveau de lecture permet d’intégrer les dynamiques en présence à proximité immédiate des candidats, et de mieux apprécier les marges dont ils disposent… ou pas.

La présidente de la Commission des Affaires culturelles menacée en Moselle

Parmi les principaux « cadres » de la Commission sortante, la présidente Isabelle Rauch et les deux corapporteurs de la proposition de loi de réforme de l’audiovisuel public, Jean-Jacques Gaultier et Fabienne Colboc, apparaissent tous les trois en position délicate :

  • En Moselle, Isabelle Rauch a été élue en 2022 avec 55,03 % des voix, face à un candidat NUPES. Mais dans le département, la majorité sortante a perdu en moyenne plus de 6 points aux Européennes 2024, par rapport à 2019, alors que le RN en gagnait dans l’intervalle près de 13, pour atteindre 48,4 % des suffrages exprimés le 9 juin.
  • Dans les Vosges, Jean-Jacques Gaultier l’avait remporté lors des précédentes élections législatives par 51,92 %, face au RN. Entre 2019 et 2024, l’extrême droite a gagné plus de 12 points dans le département, à 49,4 %, alors que LR, duquel est issu Jean-Jacques Gaultier, en perdait près de quatre (3,7).
  • En Indre-et-Loire, la majorité dont disposait Fabienne Colboc en 2022 n’était que de 50,52 %, face à un candidat NUPES. La liste de la majorité sortante a perdu localement 6,9 points par rapport à 2019, alors que la gauche NUPES / NFP est restée « stable + » (+0,4 point) et que le RN a progressé de près de 10 points.

Parmi les autres députés sortants qui l’avaient emporté avec moins de 55 % des voix en 2022 :

  • Dans le Calvados, Jérémie Patrier-Leitus, administrateur de Radio France, avait rassemblé 53,5 % des suffrages, face au RN. Ce dernier a gagné 8,9 points aux Européennes et a renforcé sa position de première force dans le département, alors que la majorité présidentielle a abandonné 4,7 points.
  • Dans l’Essonne, son homologue à l’INA Alexis Izar avait obtenu 51,18 % des voix en 2022, contre un candidat NUPES. La liste Renaissance a perdu 9 points alors que la gauche en a gagné 3,8 et le RN 8,5.

Malgré la victoire acquise en 2022 par 59,73 % des voix dans les Hauts-de-Seine, Céline Calvez, qui siégeait au conseil d’administration de France Télévisions, ne semble pas protégée, face à la double poussée du RN (+8,7 points) et de la gauche (+8,8 points).

A l’inverse, les scores obtenus en 2022 par Constance le Grip (qui était rapporteur spécial sur le budget de l’audiovisuel public ; 74,19 %), Béatrice Piron (administratrice de France Médias Monde ; 71,4 %) ou Estelle Youssouffa (rapporteur pour avis sur le budget de l’audiovisuel public ; 65,58 %) semblent leur offrir une certaine protection.


[1] Le ministère de l’Intérieur ne publie pas de projection des résultats des Européennes, ramenés à l’échelle des circonscriptions législatives.

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