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La République en marche (qui obtient une majorité absolue) et le Modem remportent une large victoire au deuxième tour des élections législatives avec respectivement 308 et 42 sièges sur 577, devant Les Républicains/UDI (131 sièges), le Parti socialiste (29) et La France insoumise (17). L’Assemblée est renouvelée à 75 %, une recomposition record pour la Vème République.
Parmi les candidats spécialistes des sujets médias et numérique, seuls quelques députés sortants ont réussi à conserver leur siège face à la vague LREM. Si les bons résultats du 1er tour ont été confirmés au second pour une grande majorité des candidats de la majorité présidentielle, certains sont tombés malgré une position d’entre deux tours nettement favorable.
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Une poignée de députés sortants réélus
Sur l’ensemble de l’hémicycle, plus de la moitié des sortants ont perdu leur siège. Les spécialistes des médias et de l’audiovisuel encore en ballotage étaient généralement en position défavorable avant le second tour, à l’exception des candidats investis par La République en marche ou « protégés ». Stéphane Travert (LREM), ancien membre de la commission des affaires culturelles et de la commission d’enquête sur Numéro 23, arrive largement en tête (66,16 %) face au candidat LR dans la 3ème circonscription de la Manche. Députée sortante de la 9ème circonscription de Paris et investie par LREM dans la 10ème, Anne-Christine Lang (ancienne membre de la commission des affaires culturelles également) est réélue face à Leïla Chaibi (FI) avec 60,11 % suffrages exprimés. Le report de voix aura néanmoins été particulièrement favorable à la candidate de La France insoumise, dans ce deuxième tour bien plus serré que le premier (28 points d’écart au 1er tour).
Franck Riester (LR), très actif sur les questions relatives à l’audiovisuel, et Laure de la Raudière (LR), spécialiste du numérique, ne s’étaient pas vus opposer de candidat de la majorité présidentielle. Le premier était en excellente position après être arrivé largement en tête du premier tour et a confirmé ce score avec 68,89 % des suffrages, écartant le candidat du FN, Joffrey Bollée. La seconde devait compter sur le report de voix des électeurs FN, après avoir talonné Harold Huwart (RDG) au premier tour, et remporte le 2ème tour avec 56,1 % des voix.
Face à des candidats LREM, d’autres députés sortants Les Républicains en difficulté ont finalement triomphé. Michel Herbillon, vice-président de la commission des affaires culturelles, remporte le second tour (57,99 % des voix) devant une candidate LREM qui avait moins de 3 points de retard au 1er tour, dans une circonscription dans laquelle le report des voix semblait pencher à gauche.
Autres rescapés, Virginie Duby-Muller (LR), députée sortante parmi les plus actives sur l’audiovisuel et le numérique, et Constance Le Grip (eurodéputée LR), rapporteure pour avis sur une résolution européenne relative aux plateformes en ligne, ont toutes les deux rattrapé leur retard face à des candidats LREM. Avec près de 4 points de retard au 1er tour, Mme Duby-Muller (54,63 %) devance finalement Laure Devin et profitera d’un second mandat. Dans la 6ème circonscription des Hauts-de-Seine, alors qu’elle avait 20 points de retard, Constance Le Grip réalise une remontée notable face à Laurent Zameczkowski, président de France Films TV. Lionel Tardy, Frédéric Lefèbvre, Nathalie Kosciusko-Morizet et Christian Kert (LR) ainsi que François Rochebloine et Rudy Salles (UDI) ont tous été écartés par des candidats investis par la majorité présidentielle.
Du côté du Parti socialiste, seules deux députés sortantes spécialistes des médias et du numérique sont réélues. Partie avec près de 2 points de retard au 1er tour sur une candidate LREM dans une circonscription dont le ballotage s’annonçait difficile, Marietta Karamanli (auteure notamment d’un rapport d’information sur les initiatives pour l’encadrement des plateformes dans l’Union) s’impose finalement avec 61,88 % des voix. Commissaire de la CNIL, Laurence Dumont a comblé un écart de près 14 points pour l’emporter dans le Calvados (53,32 %) et garder son siège face à Eric Halphen (LREM).
Les éliminés sont nombreux. L’ancien président de la commission des affaires culturelles, Patrick Bloche (SER), fortement distancé au 1er tour par Pacôme Rupin (LREM), est battu au second (44,1 %), alors même qu’il avait doublé son total de voix. Les socialistes Jean-Marie Beffara (auteur du rapport d’information sur la nouvelle chaîne publique d’information en continu) et Yann Galut, qui avait proposé de renforcer la fiscalité des multinationales du numérique dans le cadre du PLF 2017, perdent également leurs sièges. Ancienne députée et secrétaire d’Etat au Numérique, Axelle Lemaire n’est pas parvenue à rattraper son retard (48 points d’écart au 1er tour) face au candidat LREM dans la 3ème circonscription des français de l’étranger, Alexandre Holroyd.
La majorité des bons scores LREM du 1er tour confirmée au second
Les candidats LREM susceptibles d’être influents sur les sujets médias et numérique étaient pour la quasi-totalité arrivés en tête du 1er tour dans leurs circonscriptions respectives. Restait donc à savoir si le report des voix allait leur être favorable. Ils ont confirmé leurs bons résultats dans l’ensemble, malgré quelques surprises.
Les ministres du premier gouvernement Philippe ont réussi leur pari : Christophe Castaner, porte-parole du Gouvernement et ancien chef de cabinet de Catherine Trautmann au Ministère de la culture, et Richard Ferrand (qui vient d’annoncer qu’il prendra la tête du groupe LREM à l’Assemblée) sont élus. Dans la 16ème circonscription parisienne, Mounir Mahjoubi, ancien Président du CNNum et désormais Secrétaire d’Etat au numérique, remporte le second tour in extremis (51,18 %) face à son opposante FI, malgré ses 18 points d’avance au premier.
Emilie Cariou, en charge des affaires européennes, internationales et du numérique au sein du cabinet de l’ancienne Ministre de la Culture Audrey Azoulay, remporte la 2ème circonscription de la Meuse (62,76 %). Jean-René Cazeneuve (59,25 %, Gers 1), directeur général adjoint commercial chez Bouygues Telecom, et Bruno Bonnell (60,32 %, Rhône 6), multi-entrepreneur spécialisé dans l’industrie du numérique et de la robotique, battent respectivement les candidats socialistes Francis Dupouey et Najat Vallaud Belkacem. Dans le Rhône toujours (10ème), le président du FAI « Wilbox », Thomas Gassiloud (63,83 %), devance la candidate LR Sophie Cruz.
Distancée dès le premier tour, Corinne Versini, PDG d’une société de high-tech, est éliminée par Jean-Luc Mélenchon dans les Bouches-du-Rhône. Alexandre Zapolsky, éditeur de logiciels libres, qui avait dix points d’avance sur son adversaire LR, Jean-Louis Masson, est finalement éliminé, n’ayant obtenu que 48,62 % des voix dimanche dernier.
Concernant le secteur des médias, la productrice et ex-directrice générale de studio 37 (Orange), Frédérique Dumas, est élue avec plus de 60 % des voix dans les Hauts de Seine face à Georges Siffredi (LR). Adrien Taquet, DG de l’agence publicitaire Jésus et Gabriel, et Albane Gaillot chef de projet digital chez Audiens, confirment leur avance du premier tour en région parisienne (Hauts-de-Seine 2 et Val-de-Marne 11). Dans le Haut-Rhin, Bruno Fuchs, ancien rédacteur en chef chez TF1, remporte largement le second tour avec 64,16 % des suffrages face à son opposant FN.
A l’inverse, malgré une avance confortable, Blaise Mistler, directeur des affaires publiques de la Sacem, est battu par Sonia Krim (DIV). Valérie Bougault-Dalge, chef de projet numérique chez Canal+, et Willy Colin, journaliste chez France Télévisions, sont éliminés également par deux candidats LR à Paris et dans la Sarthe, suite à des reports de voix défavorables.