La commission des affaires économiques de l’Assemblée nationale a entendu ce matin Alain Weill, PDG de SFR, et Régis Turini, Secrétaire général, afin qu’ils détaillent les défis et la stratégie du groupe pour les années à venir.
Les priorités de SFR s’articulent principalement autour de l’amélioration du service client, et de l’accélération du déploiement de la fibre, ont indiqué les interrogés.
La satisfaction des clients passera, explique Alain Weill, par la fourniture de réseaux fixes et mobiles qui fonctionnent parfaitement, mais aussi par la fourniture de nouveaux services, notamment de contenus. La convergence médias/télécoms est de ce point de vue au cœur de la stratégie de SFR, qui s’illustre, notamment, par l’acquisition de droits sportifs attractifs et le développement d’une offre presse. En ce qui concerne les droits sportifs, Alain Weill a annoncé que les contenus sportifs du groupe seront bien disponibles en OTT, et que des discussions étaient en cours sur d’éventuels accords avec les autres opérateurs. Quant au kiosque presse, il s’agit, selon le PDG, « d’une opportunité réelle à apporter aux éditeurs de presse. Nous avons des accords avec les plus grands groupes de presse, et représentons des recettes significatives pour ces derniers ».
En ce qui concerne le déploiement de la fibre, le PDG a réaffirmé l’ambition du groupe de « travailler avec les collectivités locales » et « d’accompagner le plan fibrage de la France ». « Vous pourrez compter sur nous pour être à la hauteur de nos responsabilités », ajoute-t-il.
Le sujet de la fiscalité a été évoqué à plusieurs reprises à l’initiative des députés, notamment de Guillaume Kasbarian (LREM) et Laure de la Raudière (UDI). Alain Weill évoque à ce titre deux problématiques : l’harmonisation fiscale par rapport aux GAFA, et la lourdeur de la fiscalité pesant sur les opérateurs de télécommunications en France.
Sur le premier point, Alain Weill a évoqué la nécessité d’une refonte fiscale, à l’heure où les GAFA utilisent les infrastructures sans participer à l’investissement. « Est-il normal que les plus gros acteurs de l’internet ne participent à aucun moment au financement des infrastructures, au détriment des opérateurs et des abonnés ? », s’interroge-t-il. « Le législateur ou l’Etat a eu tendance à se pencher vers les opérateurs télécoms pour résoudre leurs problèmes. Mais si l’on veut qu’ils investissent plus, il faut rétablir la transparence ».
Sur le second point, Régis Turini déplore le fait que « 1,8 milliard de fiscalité porte exclusivement sur les opérateurs télécoms ». « Quand on regarde la décomposition de cette fiscalité, on remarque que certaines taxes n’ont aucun rapport avec notre activité. On finance le cinéma, l’audiovisuel public… Il y a une réflexion à avoir au niveau de l’Etat sur ce que l’on veut faire des opérateurs télécoms. Veut-on faire des opérateurs une base fiscale ? »
Enfin, Alain Weill a rassuré ses auditeurs sur la situation financière du groupe Altice. « Si le groupe a traversé un mois de novembre compliqué, sa solidité financière et sa stratégie industrielle demeure. SFR réalisera un chiffre d’affaires de plus de 10 milliards. Sa marge tourne autour de 35 %. Nous sommes présents en Europe, en Israël et aux Etats-Unis. Altice est le plus gros investisseur français aux Etats-Unis, et le 4ème acteur du câble. Il n’y a pas de sujet de dette pour le groupe à court terme. Celle-ci dans les standards d’autres câblo-opérateurs internationaux et d’autres entreprises de télécommunications ».