Télé-Loisirs et Allociné viennent chacun de lancer un service personnalisé de guide des programmes qui inclut les offres délinéarisées, télévision de rattrapage, VoD et/ou SVoD. Ces lancements concomitants illustrent la volonté des spécialistes de la recommandation TV de s’adapter aux nouveaux modes de consommation des contenus pour conserver leur rôle de prescripteur face à la recommandation algorithmique des nouveaux services.
My TéléLoisirs, un programme TV délinéarisé et personnalisable
Dans le cadre de la présentation de la nouvelle formule du magazine le 2 septembre dernier, Télé-Loisirs (Prisma Media) a dévoilé My TéléLoisirs , un nouveau guide en ligne des programmes linéaires et délinéarisés. Ce guide est personnalisable et propose une sélection de programme adaptée à la fois aux goûts de l’utilisateur mais également à ses abonnements. Concrètement, lors de la première connexion sur le service l’utilisateur indique ses abonnements à des offres audiovisuelles et ses types de programmes favoris, ce qui permet au service d’émettre en fonction de ces choix des recommandations algorithmiques générales ou par grandes thématiques. Dans ses recommandations, le guide intègre le programme des chaînes linéaires (gratuites et payantes) mais désormais également des contenus à la demande (TVR et SVoD)[1]. Au-delà des recommandations algorithmiques, le guide propose également une sélection opérée par les équipes du magazine et une sélection de programmes les populaires parmi les utilisateurs. Le guide est également enrichi avec les données de Télé Loisirs puisque chaque fiche programme affiche une micro-critique et une note donnée par la rédaction du magazine. Enfin, le guide permet à l’utilisateur de composer sa programmation vidéo en « bookmarquant» les programmes qui l’intéressent pour les inscrire dans sa « watchlist » personnelle[2].
Exemple de sélection personnalisée sur MyTéléLoisirs entremêlant programmation linéaire, TVR et SVoD
Allociné Home, un guide de la VoD
Une semaine seulement après le lancement du service de Télé Loisirs, Allociné (groupe Webedia) a annoncé à son tour un guide des programmes délinéarisés sous forme d’application (iOS et Android) baptisé Allociné Home. Le service a cependant un périmètre plus restreint que Télé Loisirs puisqu’il se concentre sur les séries et le cinéma (cœur de métier d’Allociné) et qu’il n’intègre ni les programmes linéaires ni la TVR. En revanche, le service se révèle un guide de l’offre VoD bien plus complet en indexant les catalogues de 20 services de vidéo à la demande[3] contre seulement un, Netflix sur Télé Loisirs. L’application permet d’une part d’explorer les catalogues de chaque service mais également d’accéder à un système de recommandation relativement complet. Le service offre ainsi des sélections thématiques de programmes éditées directement par Allociné mais également la possibilité de découvrir des titres similaires à un titre apprécié par l’utilisateur. Chaque sélection peut être triée en fonction des différents systèmes de notation du site Allociné (critiques presse, notes des utilisateurs et système de popularité sur le site). Enfin, un système de « watchlist » est également disponible. Allociné est censé adapter ses recommandations aux abonnements déclarés par l’utilisateur au moment de l’inscription, néanmoins pour l’instant cette fonctionnalité ne semble pas fonctionner[4]. Le service devrait s’élargir dans les prochaines semaines à la télévision linéaire et à la TVR sous la forme d’une catégorie « à la télévision ce soir » avec la possibilité de recommandations personnalisées en fonction des abonnements de l’utilisateur.
Reprendre la main sur la prescription audiovisuelle
Le lancement à une semaine d’intervalle de deux services relativement similaire dans leur philosophie n’est pas anodin, et illustre la nécessité pour les acteurs de la prescription de moderniser le programme TV traditionnel. Face aux évolutions des usages et à la place croissante prise par les contenus en délinéarisés, l’ensemble des acteurs de la recommandation a pris conscience de la nécessité d’inclure ces offres dans leur périmètre. Mais au-delà de la seule question du délinéarisé, le programme TV, battu en brèche par de nouveaux outils de recommandation, doit évoluer en un nouveau type de service exhaustif et personnalisable.
L’agrégation de l’ensemble des contenus est justement un des atouts des services d’Allociné et Télé Loisirs qui permettent à l’utilisateur d’avoir une vue d’ensemble de l’offre audiovisuelle. La fonction de guide transversal pour les offres VoD peut permettre au public de s’extirper de la recommandation en silos imposée par les différents services. L’objectif prometteur de ces nouveaux outils est donc à terme de permettre à l’utilisateur de concevoir son programme vidéo de la semaine à la fois en télévision et à la demande, comme le permettent les programmes tv classique pour la seule TV. La prise en compte de l’intégralité de l’offre peut permettre à ces acteurs de se positionner en nouvel intermédiaire entre les services et le public. Cependant, ces deux services sont loin d’être les seuls à proposer des outils de recommandation ou de recherche transverses. Certaines set-top box (Roku TV) ou plates-formes (Molotov pour la TV et TVR) proposent des services transverses avec en outre un accès direct aux contenus.
Pourtant ces nouveaux services disposent d’un atout supplémentaire de par leur capacité d’enrichissement des catalogues via les métadonnées. Les deux services ajoutent ainsi une importante surcouche d’informations : date de production, acteurs, invités d’une émission, synopsis ou encore thématiques. Mais c’est surtout le système de notation inclut dans ces deux services qui apporte une plus-value importante dans le domaine de la recommandation. Si Télé Loisirs propose les notes de ses équipes de rédaction, Allociné offre lui son système très complet avec des notes de presse agrégées et les notes des utilisateurs. Les deux nouveaux services mélangent donc des éléments de recommandation humaine et algorithmique capables de convaincre les utilisateurs réticents à ne dépendre que de la plateforme de diffusion pour s’informer sur leurs programmes.
La prise en compte progressive de la vidéo à la demande et de la télévision de rattrapage dans les magazines papier
Depuis longtemps, la presse spécialisée présente les sorties en salles et DVD des films en France dans des rubriques spécifiques. Il faudra attendre 2014 pour que ceux-ci prennent véritablement en compte la vidéo à la demande, que ce soient les services de télévision de rattrapage, la VoD en paiement à l’acte ainsi que la SVoD.
Certains ont pris le pari d’y consacrer une rubrique à part entière comme Téléstar. En effet, l’hebdomadaire dédie une page entière à la télévision à la demande depuis mars 2016. Celle-ci présente les différentes arrivées de titres au sein des catalogues de SVoD, la possibilité de consommation de séries en US+24 en VoD, ainsi que la disponibilité de certains programmes et fictions sur les différents services de catch-up des chaînes. En conséquence, la rubrique dédiée aux dernières sorties de films au cinéma a été intégrée dans une page dédiée à la culture, à côté des critiques de musique, théâtre, littératures et DVD. Quant à Télé Z, l’hebdomadaire dédie une page spécifique aux programmes disponibles en SVoD selon l’actualité des sorties.
D’autres préfèrent évoquer les titres présents en vidéo à la demande au sein de leurs chroniques habituelles. Par exemple, Télérama n’y consacre aucune rubrique spécifique, mais publie régulièrement les critiques de séries présentes en SVoD et en replay, rédigées par Pierre Langlais, journaliste reconnu en la matière.
En parallèle du lancement de MyTéléLoisirs, sa version papier a été refondue cette semaine. Les différents formats de programmes sont chacun présentés dans une rubrique dédiée : films, documentaires, divertissements, sports et télévision à la demande. Une page entière est ainsi consacrée aux films et séries disponibles en SVoD sur Netflix et CanalPlay, mais également sur la plateforme de rattrapage OCS Go. Dans ses autres rubriques, TéléLoisirs présente pour chaque programme la possibilité ou non de sa disponibilité en replay. De même, dans sa rubrique consacrée aux séries actuellement diffusées à la télévision, l’hebdomadaire précise la possibilité de visionnage du titre en replay ainsi que son prix sur les différentes plateformes de VoD en paiement à l’acte.
Télé-Câble-Sat propose également un encart dédié à la vidéo à la demande et à la TV de rattrapage pour chaque rubrique consacrée à un type de programme.
[1] Le service intègre les programmes des chaînes TNT et les chaînes de 10 bouquets et opérateurs (BBox, beIN, Canal+, CanalSat, Darty Box, Free, Orange, OCS, Numéricable et SFR). Il intègre également les contenus en TVR des plates-formes MyTF1, FranceTV Pluzz, 6Play, Canal+ à la demande et CanalSat à la demande. Enfin, en SVoD, il inclut seulement pour l’instant les catalogues de Netflix.
[2] A noter néanmoins que les programmes à la demande ne peuvent pas être regardés sur le service.
[3] Le service inclut les catalogues de 15 services VoD uniquement locative (Arte VoD, CanalPlay VoD, FnacPlay, FranceTV Pluzz, GooglePlay, Imineo, La Cinetek, Lovemyvod, Montparnasse VoD, MYTF1 VoD, Nolim, Orange, SFR, UniversCiné et Wuaki), 2 services VoD/SVoD (FilmoTV, La Box Vidéofutur), 2 services SVoD (CanalPlay et Netflix) et OCS Go. On peut noter néanmoins l’absence de Zive.
[4] Lors du test de l’application réalisé sur Android le 13 septembre, les différentes sélections ne s’adaptaient pas aux choix de services de l’utilisateur et proposait des titres issus de l’ensemble des catalogues intégrés par le Allociné Home.