L'édito de Philippe Bailly

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Canal+ : la présence sur la TNT indissociable de son niveau de contribution à la création

Si la place du clair a été l’objet de longs échanges lors de l’audition devant l’Arcom consacrée ce 11 juillet à la candidature de Canal+ à son renouvellement en TNT, c’est surtout l’importance de cette dernière pour le maintien du format généraliste de Canal+ qui en a constitué l’élément clé. Avec, sous-jacente, l’amputation de l’assiette la contribution à la création au cas où les thématiques sport et cinéma viendraient à être séparées.

« Tous nos écrans sont au vert » ! Intervenant en introduction à l’audition des dirigeants de Canal+, ce 11 juillet, Maxime Saada a rappelé « un parc d’abonnés en France en croissance pour la huitième année consécutive », un « churn en baisse », « une hausse du revenu moyen par abonné », un « niveau de satisfaction de nos abonnés qui est supérieur à 80%, qui a gagné 15 points en 5 ans » et finalement l’amélioration de la situation économique du groupe, en France, encore déficitaire mais « désormais très proche de l’équilibre ».

Ces résultats sont le fruit d’un investissement massif dans les contenus, évalué à « 3,5 milliards d’euros, dont 2,5 milliards pour sa grille de programme en France» et, par exemple 1,2 Md€ dans le sport et 200 M€ dans le cinéma, dans l’hexagone.

« Le groupe Canal+ s’est historiquement bâti autour de sa chaîne amirale Canal+, né sur le numéro 4 d’un réseau Hertzien analogique, très limité en fréquence, qui l’a amené à s’adapter à la contrainte, en construisant une chaîne généraliste, rappelle le dirigeant. Ce numéro 4 est venu asseoir le modèle généraliste. Il s’applique à toutes les télécommandes, celles des téléviseurs, comme celles des box opérateurs. Il explique la présence de Canal Plus dans les grilles de programmes télé de tous les quotidiens et de tous les magazines de télévision en France, et permet d’être la plus belle vitrine pour les piliers thématiques du groupe. La puissance amplificatrice du numéro 4 et l’universalité de son accessibilité lui a permis de déployer son modèle »…

Mais la remise en cause de la présence de la chaîne en TNT – la perte de sa fréquence – pourrait conduire à reconsidérer ce modèle et, par voie de conséquence, le niveau de contribution de Canal+ à la création : « elle propose ainsi des contenus en première exclusivité dans le domaine du cinéma, bien entendu, conformément à sa convention de chaîne de cinéma de première exclusivité, mais également des programmes de sport, de série, de documentaire et d’animation. Et le chiffre d’affaires généré par nos abonnés motivés par le sport, contribue directement au financement du cinéma. Sans le chiffre d’affaires généré par le sport sur Canal+, les obligations de Canal Plus seraient divisées par deux, pointe Maxime Saada. Canal Plus est seul dans ce cas, puisque lorsqu’Amazon Prime a lancé le Pass Ligue 1, pas un euro des revenus qu’il a généré n’est venu contribuer au financement de la création française ou européenne ».

« Dans un environnement caractérisé par une compétition mondialisée, qui attaque Canal+, tantôt sur le flanc du cinéma et des séries, avec Netflix et Disney+, tantôt sur celui des sports, avec beIN Sports ou DAZN, la TNT reste donc absolument nécessaire pour Canal+ et la question du maintien de son modèle généraliste se poseraitsi Canal Plus venait à perdre sa fréquence ».

Et le dirigeant d’étendre la mise en garde aux chaînes gratuites du groupe : « Il y a une nécessité absolue pour Canal+, de pouvoir bénéficier de l’exposition offerte par la TNT, à la fois sur la TNT payante et la TNT gratuite. Nos chaînes gratuites CStar, C8 et CNews ne pourraient pas subsister en l’état sans l’exposition et la puissance offertes par la TNT ».

Conclusion du dirigeant : « il apparaît nécessaire de maintenir un maximum de stabilité pour le secteur, et en particulier pour le groupe Canal+, en conservant l’équilibre actuel entre autorisations de TNT payante et de la TNT gratuite».

A retenir

Sur la programmation de Canal+ :

  • « On a constaté au fil des années que les programmes d’information ne motivaient pas suffisamment l’abonnement par rapport aux programmes de cinéma, de sport, de série, de documentaire et d’animation. Face à l’offre de plus en plus pléthorique d’informations, y compris gratuites, nous avons fait le choix de nous en écarter pour marquer davantage le territoire du payant ».
  • « 10 000 heures de sport avec une vingtaine d’émissions qui visent à décrypter les 45 championnats que nous diffusons, encore plus de cinéma, 100% des films du box-office, tous les films primés en France et dans le encore plus de créations originales ».
  • 20 documentaires inédits par an
  • « Sur myCanal, on a aujourd’hui 160 000 contenus disponibles à un instant T ».

Sur l’absence d’accord avec les producteurs audiovisuels :

  • « Je me permets de le rappeler, que Canal+ était systématiquement au-dessus de ses obligations en matière audiovisuelle » (Laëtitia Menasé, secrétaire général de Canal+)
  • « Le sujet qui nous divise, c’est le sujet des droits, que ce soit dans leur durée, ou dans la capacité à les exploiter à l’international. C’est un sujet qui est de plus en plus important pour nous, puisqu’on couvre de plus en plus de territoires ».
  • « Sur la négociation en l’état, on a voulu une durée d’exploitation de 60 mois et, a minima, celle qui valait dans les décrets précédents alors que les nouveaux décrets l’ont réduite à 36 mois » ; « le sujet des mandats c’est important, notamment dans notre stratégie avec Studio Canal d’exploiter ces droits sur d’autres modalités de diffusion » ; « et le troisième point qui est majeur pour nous, c’est évidemment la question des droits SVOD ».

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