Lors de l’audition consacrée ce lundi 15 juillet à la candidature de CNews au renouvellement de sa fréquence, la volonté des dirigeants de Canal+ de mettre en avant les performances d’audience de la chaîne, l’amélioration de ses résultats économiques, ou encore son importance dans le pôle de télévision gratuite du groupe, se sont heurtées aux questions répétées des membres de l’Arcom sur les sujets de pluralisme et de maîtrise de l’antenne.
Intervenant en introduction de l’audition consacrée ce lundi 15 juillet à la candidature de CNews à son renouvellement en TNT, le président du directoire de Canal+ Maxime Saada s’est principalement posé sur le terrain de la performance de la chaîne, en audience et sur le terrain économique, face à une concurrence pléthorique avec « pas moins de 15 chaînes et services associés qui sont disponibles dans nos offres, telles que les chaînes d’information française de la TNT, que vous connaissez bien, mais également LCP, France 24, BFM Business, Bloomberg, CNN, CNBC, I24, Al Jazeera, Euronews, BBC News et beaucoup d’autres » :
- « la plus forte progression sur la saison de l’ensemble des chaînes hertziennes » avec « 8,4 millions de téléspectateurs chaque jour, 35,3 millions de français par mois », et « 9,2 millions de téléspectateurs Parmi les foyers français recevant la TV exclusivement par la TNT ».
- un « chiffre d’affaires progresse de près de 30% sur le premier semestre 2024 par rapport à l’année précédente, et qui est rentable depuis le mois de mars et qui devrait nous permettre d’être profitables sur une base annuelle l’an prochain ».
- Une large contribution à l’ensemble qui « nous permet d’avoir la troisième régie publicitaire en France et ainsi de proposer une alternative au duopole des groupes TF1 et M6 ». « Nos chaînes gratuites sont déterminantes pour favoriser le développement de notre régie dont le travail est largement reconnu par des tiers qui lui confèrent la commercialisation de leur espace publicitaire comme UGC, le Grand Rex, le groupe Warner avec Eurosport et sa plateforme Max, la chaîne RTL9 ou encore le groupe Iliad avec son offre OQee ».
- « L’intérêt du téléspectateur s’exprime notamment dans les audiences croisées des chaînes d’information. 49% de l’audience cumulée de BFM TV, 57% de l’audience cumulée de LCI et 55% de l’audience cumulée de France Info » viennent également regarder chaque jour CNews.
Finalement, le dirigeant en appelait l’Arcom à privilégier « l’enjeu national qui devrait être prioritairement celui de savoir comment l’on permet à des acteurs nationaux de rivaliser avec des acteurs qui échappent aux régulations locales» et pour cela à « maintenir un maximum de stabilité pour le secteur en conservant l’équilibre actuel entre l’autorisation de la TNT payante et de la TNT gratuite ».
« En devenant la première chaîne d’information de France, plus que jamais, CNews se tiendra à la hauteur de ses responsabilités, continuer à informer avec rigueur, à débattre avec passion, beaucoup de passion, et à refléter toute la diversité des opinions qui font la richesse de la France et de sa démocratie », prolongeait Gérald-Brice Viret, Directeur Général des Antennes et des programmes du groupe Canal+.
Une procédure de validation à cinq niveaux
« Le fait est que ces dernières années, l’ARCOM est intervenue à de nombreuses reprises, comme vous le savez, pour des encouragements au comportement discriminatoire, pour le manque d’expression des différents points de vue, incitation à des comportements dangereux, délinquant, un civique, maîtrise de l’antenne et surtout honnêteté et rigueur de l’information neuf fois en trois ans pour une chaîne d’information », rebondissait le conseiller Hervé Godechot, en ouverture du temps de questions – réponses.
« La chaîne existe depuis 2017. En 2017, il n’y a eu aucune sanction, 2018, 0, 2019, 0, 2020, 0, 2021, 0, 2021, 1, 2023, 0 et 4 en 2024 ». Les manquements reprochés à la chaîne « représentent 0,012% de notre temps d’antenne », contestait le directeur de CNews Serge Nedjar, avant d’indiquer « l’organisation destinée à bétonner nos informations » : « cinq systèmes de vérification qui va du rédacteur en chef de la tranche, du rédacteur en chef bocal, du chef d’édition, le rédacteur en chef jour, le directeur de la rédaction et le directeur de l’information ».
Nous avons intégré « un léger délai entre ce qui est sur le plateau, et la diffusion sur les antennes et nous nous pouvons donner des instructions ou des ordres afin d’éviter les différents problèmes que vous avez évoquez », précisait le directeur de l’information Thomas Bauder.
Après qu’Hervé Godechot ait relevé que « le dossier de candidature faisait apparaître que vous proposez 2365 heures d’informations par an contre 4652 heures de débat », demandé à la chaîne si elle était prête à relever la part de « l’information factuelle », et qu’un long débat ait opposé dirigeants de CNews et conseillers sur la dimension – informationnelle ou pas – des émissions de débats, Maxime Saada indiquait « entendre la demande, et s’engageait à y réfléchir quelques jours », sans toutefois « être aujourd’hui en mesure de prendre cet engagement ».
En réponse à d’autres questions, CNews+ s’est engagé en revanche à « muscler son service juridique » afin de mieux prévenir « certaines petites erreurs qui pourraient faire l’objet de rappels à l’ordre, de signalements etc Nous allons renforcer les équipes en charge pour s’assurer de la pluralité des intervenants » (Cinq recrutements sont évoqués lors de l’audition, ainsi que l’appui du service juridique de Canal+) et Thomas Bauder annonce avoir mis en place un « comité de programmation qui toutes les semaines fait le point sur (…) le vivier des intervenants CNews », ainsi qu’« un comité de rédaction hebdomadaire avec les rédacteurs en chef » et « nous avons une boucle éditoriale pour l’ensemble des collaborateurs dans laquelle je fais passer un certain nombre de messages, parfois des suggestions et puis souvent aussi des ordres d’arrêter sur tel sujet, de réorienter le débat de telle ou telle sorte, ou de faire attention à tel dérapage potentiel, etc. Donc il y a une maîtrise, en tout cas, il y a une vigilance permanente et qui se renforce ».
Finalement, sur la mise en application de la décision RSF du Conseil d’Etat, en matière de respect du pluralisme à l’antenne, plusieurs conseillers exprimaient leur attente que CNews annonce des engagements concrets, tandis que ces derniers se disaient en attente de la délibération de l’Arcom, en s’engageant à « la respecter à la lettre ».
A retenir
Positionnement :
CNews emploie près de 300 collaborateurs, dont 200 journalistes.
« Le direct est un élément constitutif, pour ne pas dire consubstantiel, d’une chaîne d’information consacrée à l’actualité. Le volume de direct de Cnews représente une moyenne de 15h30 par jour, plus de 120 heures de directs par semaine et près de 6400 heures par an ».
40 journaux et rappels des titres quotidiens.
« Nos rendez-vous quotidiens et hebdomadaires ».
« Nous proposons aux Français des analyses qui s’inscrivent dans le temps long, qui relèvent du décryptage, du débat et de la contextualisation. Nous traitons l’actualité dans sa profondeur en allant au-delà des gros titres pour offrir des points de vue uniques, éclairés à l’aune de l’expertise de nos intervenants tout au long de la journée ».
Audience :
« Le volume de directs et la force de ces rendez-vous ont contribué à faire de CNews une référence sur la TNT et à signer la plus forte progression sur la saison de l’ensemble des chaînes hertziennes ».
Modèle économique :
« 550 annonceurs choisissent CNews via des écrans publicitaires quotidiens d’une durée moyenne de 3h04 »
Contribution à la création :
« CNews, vous le savez, s’est déjà engagé en mai dernier à sous-titrer 100% de ses programmes pour les personnes sourdes ou malentendantes ».
Le développement de « l’accessibilité des écrans publicitaires » avec, par exemple « un écran avec des spots 100% audio décrits et de deux écrans avec des spots 100% sous-titrés pour sourds et malentendants » lors de la journée mondiale de la télévision le 21 novembre 2023.
Digital :
« Nous avons investi dans le digital avec près de 50 collaborateurs. La rédaction digitale enregistre ce mois-ci près de 100 millions de pages vues sur notre site. Et nous comptons 5 millions d’abonnés sur les réseaux sociaux ».