Selon la présidente de France Télévisions, le rachat de Newen par le groupe TF1 soulève trois questions :
Faut-il une guerre des contenus sur le marché domestique ?
Il est nécessaire, pour la présidente, que les différents groupes audiovisuels s’allient pour peser sur la scène internationale des contenus. Selon elle, l’opposition entre diffuseur, éditeur et producteur est aujourd’hui obsolète. « Il faut évoluer dans cette relation et garantir un partage de la propriété intellectuelle qui sécurise le diffuseur que nous sommes, parce que nous sommes aussi le principal financeur. »
La concentration du monde de la production n’est-elle pas un risque d’étouffement de la création ?
Certains plaident pour un modèle d’intégration verticale qui permettrait une meilleure maîtrise des coûts et la garantie de posséder son investissement. Mais, selon la présidente, on ne peut réduire l’industrie de l’audiovisuel à une industrie comme les autres. C’est un métier qui repose sur une diversité et un foisonnement de talents, qu’il convient de préserver. Pour autant, Delphine Ernotte, « ne tient pas à revenir à l’ancien système de la SFP, avec l’intégration totale, du concept à la production. C’est dans notre intérêt d’avoir des producteurs indépendants qui continuent à faire vivre le secteur et enrichir la création ». Delphine Ernotte plaide pour une évolution de la réglementation : « je demande à ce que les investissements du service public soient autant garantis que ceux réalisés par les chaînes privées ». L’enjeu est d’avoir un catalogue d’œuvres coproduites, mieux exposé, et qui puisse se vendre à des pays étrangers.
Qu’est-ce qu’on veut faire de France Télévisions ?
Le groupe doit servir de fer de lance à l’exception culturelle française. « Nous jouons notre rôle quand nous soutenons le cinéma et appuyons fort la fiction française. C’est également notre rôle de défendre l’animation et le documentaire ». Elle ajoute qu’à l’heure où l’on parle du financement de l’audiovisuel public, il est difficile de voir « cet héritage commun bradé pour beaucoup de millions en quelques heures ». Elle refuse un modèle qui « capte l’argent public », car la redevance perdrait alors tout son sens. « C’est une occasion d’ouvrir une nouvelle ère pour qu’il y ait d’autres Plus belle la vie, pour ouvrir notre secteur ».