L'édito de Philippe Bailly

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Daniel Harroch (Zylo) : « Le boum du FAST confirme le regain d’intérêt pour le linéaire »

 

Spécialisée à son lancement en 2000 dans l’édition de DVD, l’activité de Zylo s’est progressivement enrichie au gré des développements de la vidéo digitale : VoD transactionnelle, SVoD, pay TV, streaming gratuit… Forte d’un catalogue de plus de 2000 titres, elle compte notamment aujourd’hui 16 chaînes et 2 millions d’abonnés sur YouTube, et apparait comme l’un des principaux éditeurs indépendants de chaînes FAST français. A l’international, Zylo lancera début octobre sa troisième chaîne espagnole et elle prévoit de prendre pied au Mexique en 2024. Cultivant l’art du contre-pied – sur le type de droits que la société agrège, le positionnement des services qu’elle lance, ou la volonté affichée d’éviter dans son développement international la concurrence frontale avec les acteurs anglo-saxons – la stratégie affichée par la société n’est pas sans évoquer celle de l’Américain Filmrise. Référence assumée par son fondateur et CEO Daniel Harroch !

Quatre mois après avoir lancé Cine Western en France, vous lancez début octobre son pendant sur le marché espagnol ?

Daniel Harroch : ce sera notre 8e chaîne FAST. Nous en avions déjà lancé cinq avec succès en France (Emotion L, Cine Nanar, Scream In, Fréquence Novela et Ciné Western), et Ciné Western s’ajoutera en Espagne à Todo Novelas et Cine Friki.

Nous nous sommes positionnés sur des thématiques encore inexploitées en France, comme le Western, ou sur des genres majeurs comme les Télénovelas, mais avec un éditorial différenciant, qui nous permets avec Fréquence Novela de devancer les concurrentes positionnées dans la même thématique chez Samsung TV+. Mais nous avons aussi validé que toutes nos chaînes sont capables de rencontrer le public en les testant d’abord sur YouTube.

« Zylo, c’est aujourd’hui 16 chaînes YouTube et 8 chaînes FAST, en France et en Espagne »

Penser notre développement dans le streaming comme la construction d’un véritable écosystème, c’est, au-delà, un point majeur dans notre stratégie et, certainement, une clé de notre réussite : côté streaming gratuit, nous avons démarré sur YouTube il y a plus de cinq ans, avec aujourd’hui 16 chaînes, plus de 2 millions d’abonnés et pas loin de 200 millions de vidéos vues au cours des douze derniers mois, nous sommes sur Facebook, nous avons lancé notre première chaîne FAST dès l’automne 2021, avec des distributeurs majeurs comme Samsung TV Plus, Rakuten TV ou LG Channels.

Mais nous n’avons pas pour autant délaissé le marché du payant. Nous avons arrêté bien sur l’édition de DVD, qui a été l’une des premières activités de Zylo, il y a plus de 20 ans, mais nous restons présents en VoD transactionnelle, et nous sommes présents en SVoD, et en pay TV.

A partir du moment où nous maitrisons complètement les droits de notre catalogue, multiplier les déclinaisons nous permet de capitaliser sur les segments les plus murs, de surfer sur la croissance des nouveaux services, et de maximiser les économies d’échelle de l’ensemble.

Et au-delà du catalogue lui-même, nous sommes très attentifs à créer des marques fortes, bien identifiées, capables de fédérer un public fidèle, et faciles à décliner à l’international. C’est ce que nous avons commencé à faire en Espagne il y a un an.

Pourquoi avoir choisir l’Espagne ?

Daniel Harroch : C’était presqu’une évidence si l’on combine deux paramètres : la taille du marché, et son rythme de croissance. D’après l’étude AVod Market Report, le marché publicitaire des FAST y est presque deux fois plus important qu’en France, et les opérateurs, notamment la filiale espagnole d’Orange, ont déjà commencé à les intégrer à leurs bouquets, ce qui va accélérer la montée de l’usage, donc des recettes de publicité.

Mais nous ne nous arrêtons pas à l’Espagne. Pour 2024, nous avons déjà en ligne de mire le Mexique où le niveau d’adoption de la CTV a rejoint celui des Etats-Unis. Et pour la suite, nous avons bien en tête que le marché hispanophone, représente 500 millions de personnes dans le monde…

« Nous nous concentrons sur les marchés francophones, hispanophones et, bientôt, lusophones »

Pas de projets aux Etats-Unis ?

Daniel Harroch : Pas pour l’instant. Et ce n’est vraiment pas notre priorité à court ou moyen terme. J’ai parlé du marché hispanique, mais nous nous développons aussi dans les pays francophones, notamment en Afrique de l’Ouest et, dans la foulée du Mexique, nous nous déploierons surement au Brésil et dans les autres pays lusophones. Au global, il y a près d’un milliard de personnes dans le monde dont la langue natale est le Français, l’Espagnol ou le Portugais. Ça ouvre de belles perspectives, et il n’y a pas de raison, à l’inverse de nous précipiter dans le chaudron hyperconcurrentiel que représente le marché américain.

Sur ce terrain aussi nous préférons le décalage, et aller là où les autres ne sont pas !

Vous avez aussi des projets dans la pay TV ? Vous pensez qu’il y a encore des opportunités dans ce domaine ?

Daniel Harroch : Méfions-nous d’abord des jugements trop radicaux ! Dans le payant, la tendance ces dernières années a évidemment été plutôt du côté de la SVoD. Mais il y a toujours un public pour le linéaire. Le boum des FAST le montre bien, y compris aux Etats-Unis, le pays qui a inventé la SVoD ! C’est encore plus vrai dans les pays où le très haut débit pour tous est loin d’être une réalité établie.

Nous nous en accommodons très bien puisque notre cœur de métier, au départ, est la capacité à créer et à exploiter des services payants autant que gratuits, et linéaires autant qu’à la demande.

S’agissant des chaînes payantes, nous en avons déjà créé quatre en 2022 (Ciné Nanar- Emotion’L – Scream’In- Cine Western), qui capitalisent sur les marques de nos chaînes gratuites mais qui s’en différencient par des fenêtres de contenus premiums, inédits et exclusifs sur le marché. Elles sont pour l’instant distribuées en Afrique de l’Ouest.

« L’intégration est un élément clé de notre rentabilité »

Notre organisation nous le permet en nous garantissant d’être rentable grâce à la maîtrise complète de notre catalogue, et à une intégration poussée à son maximum. Avec une dizaine de personnes dans l’équipe, nous réunissons l’ensemble des savoir-faire nécessaire pour imaginer, lancer et faire vivre un service.

On est très loin de la World Company des Guignols

Daniel Harroch : Oui et nous le revendiquons !

A défaut de dépenser des centaines de millions dans des productions originales, ça ne nous empêche pas d’ailleurs d’être présents sur le terrain des titres inédits et exclusifs, avec des films jamais exploités dans les marchés où nous nous développons, en finançant leur doublage et/ou sous-titrage en français ou en espagnol, et en prenant les droits exclusifs pour les territoires correspondant. Les exclusivités représentent près de la moitié des 2000 titres de notre catalogue.

Mais au-delà, c’est vrai que notre modèle, s’il en faut un, est plus du côté de Filmrise que des studios d’Hollywood.

Quand je vois qu’en partant du rachat de droits que le marché délaissait, Filmrise a aujourd’hui plus de 50 000 programmes en catalogue, qu’elle exploite près de 400 chaînes dans le monde, et que ses revenus ont plus que doublé en cinq ans, je me sens validé dans la stratégie que nous mettons en oeuvre chez Zylo !

 

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