David Kessler, directeur général d’Orange Studio constate dans un premier temps, un univers audiovisuel totalement différent de celui que l’on a pu connaître par le passé, avec notamment l’arrivée des grandes plateformes mondiales comme Netflix ou Amazon. D’après lui, la défense des programmes français et de l’exception culturelle ne peut se faire qu’à travers une défense commune et conjointe avec tous les acteurs français. « On ne peut qu’être ouvert à la discussion dès lors qu’il y a des intérêts communs en jeu ». Le directeur général d’Orange envisage l’idée de nouvelles discussions sur l’ouverture d’une plateforme commune de SVOD en capacité de proposer une rémunération légitime à l’ensemble du secteur malgré l’infortune de la première initiative instituée par Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions.
Concernant la polémique des opérateurs[1], il estime que les chaînes hertziennes possèdent des fréquences gratuites tandis que d’autres acteurs payent ces fréquences très chères. La télévision transportée représentant plus de la moitié des ressources publicitaires, Orange s’aligne sur la position des autres opérateurs et montre une ferme opposition à ne pas rémunérer à la hausse les chaînes de télévision comme TF1 « Ce n’est pas une demande légitime selon nous ». L’opérateur espère toutefois trouver un accord avec TF1 « la préférence du groupe est de trouver un accord plutôt que de rentrer dans des contentieux qui sont toujours longs ».
« Il y a un lien fort entre Orange et le cinéma »
David Kessler rappelle qu’Orange Studio fête ses dix ans d’existence et déroule un bilan dans l’ensemble positif, avec notamment sa participation à plus d’une centaine de films dont Timbuktu[2]. Orange à travers à la fois Orange Studio et OCS ainsi que sa future plateforme SVOD, se positionne en acteur essentiel du secteur. De plus, l’opérateur est un partenaire historique et important du festival de Cannes dont la partie production en est l’expression. Cette position se conforte par un accord de distribution signé entre Orange Studio et UGC, faute de structure, les films seront distribués par UGC sous les couleurs d’Orange studio distribution. Le directeur général insiste sur une association la plus fructueuse possible avec des possibilités de participation à la production en commun ou d’acquisition commune avec UGC. Cette année, six films appartenant à OCS et Orange Studio seront au festival de Cannes, dont le film Napalm de Claude Lanzmann, documentaire en Corée du Nord présenté hors sélection officielle au festival.
La conquête et le contrôle des droits face à des concurrents comme Netflix ou Amazon ou une crispation du marché français.
« De façon générale sur le marché des droits, il y a aujourd’hui des tensions qui se traduisent par une surenchère des prix » commente David Kessler. Alors qu’OCS et HBO ont renouvelé leur partenariat, permettant l’ouverture de l’ensemble de la bibliothèque HBO disponible sur la future plateforme SVOD d’Orange, David Kessler tient à parler de prolongation d’une histoire entre OCS et HBO et non d’une crispation du marché entre les acteurs français et les studios américains. Il s’agit d’un renforcement des liens qui unissaient OCS et HBO avec la totalité du catalogue HBO et de la bibliothèque des programmes ainsi que les deux fenêtres de diffusion, « OCS, c’est une alternative plus modeste à Canal+ en matière de télévision payante ». Il est question d’affirmer l’identité d’OCS auprès des téléspectateurs dans un univers où les séries sont extrêmement nombreuses et sont souvent identifiées par des marques telles que Netflix, OCS, HBO. « OCS s’affirme comme un partenaire indispensable parce que HBO est un producteur de séries marquant dans l’univers mondial ».
David Kessler précise que la création d’Orange Content, est un projet toujours en construction et encore en concertation. C’est un projet qui a pour vocation de se mettre en place à la rentrée de septembre puis de commencer rapidement. « L’objet essentiel du projet est de donner plus de visibilité et de force à l’action d’Orange dans les contenus, c’est une action qui est très importante ». Cela se traduit par la détermination d’Orange à devenir un pôle d’expertise et d’expérience et de centraliser l’ensemble de ses actions. D’ores et déjà, le DG d’Orange Studio insiste sur la position d’Orange à l’international : « nous sommes un groupe international, c’est vrai que nous devons aussi mieux utiliser notre capacité de négociation à l’échelle internationale dans les pays où nous sommes présents ».
[1] TF1 souhaite faire facturer aux opérateurs (cables-opérateurs Orange, SFR et Canal+) son signal.
[2] Film récompensé par 7 Césars en 2015, dont celui du meilleur film et du meilleur réalisateur.