Diffusé le jeudi 29 septembre, le premier numéro d’Envoyé spécial de la saison fait couler beaucoup d’encre. Fraîchement nommée rédactrice en chef du magazine, Élise Lucet proposait aux téléspectateurs un reportage présentant le témoignage de Franck Attal, un des fondateurs de l’agence de communication soupçonnée d’avoir financé illégalement la campagne de Nicolas Sarkozy en 2012. En réunissant en moyenne 3,2 millions de téléspectateurs pour 15,8% de PdA[1], le magazine a signé un démarrage très au-dessus de sa moyenne la saison passée (2,5 millions de tvsp pour 10,7% de PdA).
NPA Conseil analyse la nouvelle formule d’Envoyé Spécial qui s’est installée sur la case historique de France 2, plus de deux mois après son lancement.
Une ligne éditoriale recentrée sur l’investigation
Au micro de FranceInfo le 1er décembre, la nouvelle rédactrice en chef et présentatrice de d’Envoyé Spécial confirme sa volonté de replacer le magazine dans « l’actualité chaude », soulignant que le numéro diffusé le soir-même sur la ville dévastée d’Alep n’avait été validé que la veille et ficelé quelques heures seulement avant sa diffusion. Alors que Guilaine Chenu et Françoise Joly, à la présentation du magazine pendant 16 années, axaient selon Élise Lucet de plus en plus leurs sujets sur la consommation, elle privilégie l’enquête et l’investigation, sans pour autant reproduire le format de Cash Investigation[2]. Elle affirme qu’on ne retrouve que sur le service public cette large palette d’exercices journalistiques : « [L’investigation, les témoignages exclusifs et les grands portraits] donnent aux téléspectateurs une richesse journalistique folle. » souligne-t-elle.
En termes de sommaire, la mécanique du magazine reste inchangée. Ce sont encore généralement trois voire quatre sujets qui sont proposés aux téléspectateurs, sans nécessairement qu’il y ait de logique dans leur enchaînement.
Des rendez-vous plus ponctuels dans un décor nouveau
Au-delà des changements opérés sur la ligne éditoriale, c’est un tout nouveau look qu’a adopté le magazine. Dans la continuité de l’investigation, Élise Lucet fait sa présentation sur le terrain. En guise de plateau, un grand conteneur rouge sur lequel le signe « @ » est inscrit avec au centre une table en forme de hashtag, marqueurs de modernité. Par ailleurs, la fréquence de diffusion d’Envoyé spécial est désormais moins régulière. Si elle était la saison dernière quasi-hebdomadaire, elle est désormais mensuelle avec en revanche une durée bien plus longue, quasiment doublée. Les quatre premiers numéros de la saison ont une durée moyenne de près de 3h00 contre 1h45 la saison dernière. En effet, un dernier reportage réalisé par les équipes de Complément d’enquête y est incorporé, dressant les portraits de personnalités telles que Zinedine Zidane ou encore la famille Rotschild.
Des audiences encourageantes bien qu’affaiblies par la Primaire de la Droite et du Centre
Si le lancement de la nouvelle formule du magazine a réalisé une très belle performance (3,2 millions de téléspectateurs pour 15,8% de PdA), les numéros qui ont suivi ont légèrement subi le contexte des élections. En effet, les deuxième et troisième numéros d’Envoyé spécial ont été diffusés en face des débats de la Primaire de la Droite et du Centre sur TF1 pour la première soirée et en simultané sur BFMTV et I-Télé pour la deuxième. Malgré cela, le magazine a réuni en moyenne depuis le début de la saison 2,2 millions de téléspectateurs pour 10,7% de PdA, un score qui se place dans la moyenne de la saison passée. Si sur les femmes de moins de 50 ans responsables des achats, le niveau affiche une légère hausse à 8,8% de PdA (vs 8,5% en 2015/16), on observe une progression plus importante sur les CSP+, la PdA s’élevant sur la cible à 13% (+1,7 pt).
Source : NPA Conseil sur données Médiamétrie / Audience veille / Individus de 4 ans et plus
Un succès sur les réseaux sociaux
Envoyé spécial est l’émission d’investigation la plus fédératrice sur les réseaux sociaux. Elle est largement en tête du classement des émissions du genre sur les chaînes historiques les plus suivies notamment sur Facebook avec 813 969 fans (devant Zone interdite à 459 077). La nouvelle formule du magazine a en outre permis à la page de l’émission sur Facebook de rassembler 23 207 supplémentaires comparé à juin 2016.
Source : NPA Conseil / Relevé effectué le mercredi 7 décembre 2016
Par ailleurs, si le nombre de vidéos postées depuis la rentrée est inférieur à celui de la même période la saison précédente, en raison notamment de la fréquence de diffusions à l’antenne qui a été réduit, ces-dernières génèrent bien plus d’interactions. À titre d’exemple sur Facebook, ce sont 20 vidéos qui ont été publiées depuis la rentrée contre 72 l’année dernière sur la même période. Néanmoins, chaque vidéo génère en moyenne 2900 interactions, soit 1621 de plus que sur le premier trimestre de la saison précédente. À noter que la vidéo qui a généré le plus d’interactions a été postée trois semaines avant la première diffusion du magazine. Il s’agit d’un extrait de l’interview de Franck Attal issu de l’enquête menée sur Bygmalion et diffusée le 8 septembre au 20 heures de France 2. Elle a généré au total 7421 interactions soit près de 8% du nombre total d’interactions de la page depuis septembre, lequel s’élève à 57 990.
[1] NPA Conseil sur données Médiamétrie / Audience veille
[2] Deux heures d’investigation sur un seul sujet, place accordée à l’humour