Les exportations françaises de programmes ont augmenté de 15,2% en 2016 en grande partie grâce à la progression des ventes à des services de VoD et SVoD. La SVoD devient de plus en plus un relais de croissance indispensable aux vendeurs de programmes français et des services internationaux comme Netflix proposent d’ores et déjà un nombre important de titres français à leurs abonnés.
La SVoD, un nouveau moteur pour les exportations de programmes
Le CNC vient de publier son étude annuelle L’exportation des programmes audiovisuels français[1]. Une des principales évolutions de l’année 2016 aura été l’envolée des ventes auprès des services de vidéo à la demande. En effet, selon le CNC, les ventes de programmes à des services de VàD et VàDA ont doublé en 2016 pour atteindre 20,4% du total des revenus des ventes à l’étranger (+9,6 points)[2]. Le montant de ces ventes à des services de VàD et VàDA a donc atteint 38,6 millions d’euros[3] contre 17,7 millions d’euros en 2015.
Cette forte croissance ouvre de nouveaux débouchés pour les programmes français. Selon le CNC : « Les plateformes de vidéo à la demande s’affirment de plus en plus comme une alternatives aux chaînes payantes, en particuliers en matière de fiction et d’animation ». Certains acteurs français ont su saisir cette opportunité de façon précoce, notamment dans le domaine de l’animation, et les plateformes de VoD représentent déjà pour certains acteurs entre « 1/3 et 2/3 » de leur chiffre d’affaires à l’export. Cependant, le CNC précise que les plateformes transnationales comme Netflix ou Amazon ne sont pas les seuls acheteurs mais qu’au contraire les plateformes locales représentent une part importante du chiffre d’affaires. Les grands acteurs mondialisés proposent des tarifs très attractifs mais imposent des négociations complexes pour chaque vente, ce qui limite leur nombre. Néanmoins les services transnationaux présentent un avantage indéniable en permettant à leurs partenaires français d’atteindre des territoires jusqu’alors inaccessibles à des programmes non-anglophones.
Croissance aux Etats-Unis, en Chine et sur les droits Monde
La croissance des ventes aux services de la Vidéo à la demande a été particulièrement forte en Amérique du Nord et en Asie. Sur le marché nord-américain, les ventes de programmes ont augmenté de 37% grâce en grande partie aux grands services de SVoD Netflix, Hulu et Amazon Prime. Sur ce marché, l’animation et la fiction constitue les genres privilégiés. Netflix a ainsi acheté par exemple les droits américains de la série Versailles tandis qu’AMC a acheté les droits d’Au-delà des murs pour son service de SVoD Shudder. En animation, Hulu a acheté les droits américains des Chroniques de Zorro à Cyber Group. Le CNC note également une appétence pour le documentaire de qualité avec des ventes à Amazon Prime, Hulu ou encore au service spécialisé Curiosity Stream. Le CNC distingue également le marché chinois comme un marché en croissance pour les exportations françaises grâce au développement des plateformes de vidéo à la demande par abonnement. Ainsi le groupe UYong Media a racheté les droits TV et VoD de trois séries d’animation françaises : Paprika et Oggy et les cafards à Xilam et Grabouillon à Newen.
Exemples de plateformes VoD/SVoD étrangères ayant acheté des programmes français en 2016
Source : CNC
Cependant, en dehors de ces zones géographiques, le rôle moteur des plateformes de VoD/SVoD a été particulièrement fort pour la croissance des ventes multi-territoriales. De fait, les services de VoD/SVoD représentent 31% des achats des droits monde pour les programmes français. Pour l’instant, selon le CNC seuls deux acteurs de poids, Netflix et Amazon ont une stratégie mondiale d’achat de droits. L’animation représente 58,3% des achats de droits de mondiaux par des services de vidéo en ligne. Cependant, les services de VoD/SVoD sont les premiers acheteurs de droits mondiaux de fiction devant les télévisions avec 71% des achats[4]. Parmi les achats monde significatifs, Netflix a acheté en fiction les droits monde des séries Au Service de la France (12*26) et Immersion (3*52) et en animation de Zig & Sharko. Au total, 24% des achats de droits par des services VoD/SVoD étaient des droits monde, ce qui représente environ 9,3 millions d’euros de recette.
Les programmes français sur Netflix en Europe
Ces bonnes performances des programmes français à l’exportation en SVoD peuvent être constatées directement sur les catalogues de Netflix dans d’autres pays européen. Ainsi, 61 programmes français[5][6] sont disponibles actuellement sur le catalogue de Netflix au Royaume-Uni soit environ 3% du catalogue du service hors cinéma. Le périmètre de l’étude du CNC excluant les films de cinéma, seuls les programmes « TV » ont été pris en compte ici, soit les séries TV, les programmes jeunesse, les documentaires et quelques très rares spectacles vivants. Le catalogue de Netflix au Royaume-Uni propose néanmoins également 114 films français. Sur cette soixantaine de titres « TV », 26 sont des programmes jeunesse, 15 sont des séries TV et 20 sont des programmes « Autres » (très majoritairement des documentaires).
Ces exportations concernent un nombre élevé de sociétés françaises même si certaines ont réussi à vendre plusieurs titres à Netflix en Grande-Bretagne. Ainsi, à titre d’exemple, 4 programmes Studiocanal sont disponibles outre-manche sur Netflix : les séries Borgia, Braquo et Les Revenants ainsi que le documentaire Global Gachis. Arte de son côté a exporté deux de ses séries outre-manche sur Netflix Cannabis et Ainsi Soient-ils. En animation, les studios Xilam, Zagtoon et Studio 100 ont tous au moins deux programmes présents dans le catalogue britannique de Netflix.
Néanmoins, une part minoritaire seulement de ses droits est spécifiques au territoire britannique et une majorité des programmes français disponibles sur Netflix outre-manche le sont également dans d’autres pays européen. Ainsi, 36 programmes français sur 61 sont également disponibles dans un autre territoire européen étudié par le Baromètre SVoD européen NPA Conseil : 6 disponibles également en Allemagne, 7 également en Italie et 23 disponibles à la fois en Allemagne, en Italie et au Royaume-Uni. Parmi ces titres français disponibles en même temps sur 3 grands marchés on trouve 10 documentaires (Les Bleues une autre histoire de France, Daft Punk Unchained ou encore Terra), 9 séries d’animation (Oggy et les Cafards, Wakfu, Mouk ou Oscar and Co[7]), 3 séries TV (Marseille, En immersion et Au service de la France[8]) et enfin un spectacle (Gad Elmaleh part en live création originale Netflix pour laquelle le service dispose des droits monde).
[1] Réalisée en partenariat avec TV France International et publié le 7 septembre
[2] Les chaines de télévision traditionnelles représentent toujours 73% des recettes des ventes de programmes à l’étranger tandis que la vidéo physique représente 4,5% et les nouveaux médias hors VàD 1,6%.
[3] Le CNC ne précise pas la répartition entre services de Vidéo à la demande à l’acte et services par abonnement mais néanmoins le ton général de l’étude laisse supposer que la part occupée par la SVoD est bien supérieure à celle de la VoD à l’acte.
[4] L’achat de droit monde TV concerne des programmes d’animation dans 80% des cas, ce qui explique que les services de VoD/SVoD soient les premiers acheteurs de fiction alors qu’il ne s’agit pas du genre le plus acheté par ces mêmes services.
[5] Ce relevé a été effectué le 30 août 2017 par NPA Conseil dans le cadre du Baromètre européen de l’offre SVoD.
[6] A titre de comparaison, on constate la présence de 80 programmes français sur un relevé partiel (86%) du catalogue allemand de Netflix à la même date et de 34 programmes français sur un relevé partiel (79%) du catalogue italien de Netflix.
[7] Sans oublier Zig & Sharko dont Netflix dispose des droits monde et mentionné précédemment
[8] 3 titres dont Netflix a acheté les droits monde