La FIFA a vendu les droits de diffusion de l’ensemble des compétitions dont elle est l’organisatrice entre 2017 et 2022 à TF1 et BeIn Sports. Cette opération fait émerger deux diffuseurs majeurs du sport en France.
TF1, le groupe des grands évènements
TF1 a annoncé avoir acquis les droits de diffusion de l’ensemble des compétitions organisées par la FIFA entre 2017 et 2022. En plus de ces deux grands rendez-vous, TF1 a aussi acheté les droits de retransmission de la Coupe du monde féminine de 2019 et des Coupes de la Confédération 2017 et 2021. En s’emparant des compétitions du sport le plus fédérateur, TF1 entend consolider sa place de premier groupe de télévision de France. Les matchs de Coupe du monde masculine continuent de réaliser des audiences très élevées (en 2014, le match France – Suisse avait ainsi été suivi par plus de 16 millions de Français, tandis que la demi-finale France-Portugal en 2006 a signé le record historique d’audience à la TV avec 21 millions de tsp). Comme lors de la Coupe du Monde 2014, TF1 sera le seul diffuseur gratuit de l’événement. En 2006, M6 avait acquis une partie des droits et en 2010 c’est avec France TV que TF1 avait dû partager les droits. 
Si, comme le rappelait Nonce Paolini à l’occasion de la Coupe du Monde 2014, ces droits coûtent plus qu’ils ne rapportent[1], c’est un moyen pour TF1 de s’affirmer comme la chaîne capable de rassembler tous les Français devant la télévision. Mais l’ambition du groupe ne se limite pas à TF1, elle concerne aussi ses chaînes de la TNT.
Pour la première fois, TF1 a acheté les droits de la Coupe du monde féminine, une compétition qui rencontre de plus en plus succès Le groupe M6 avait diffusé sur W9 l’édition 2015 avec un quart de finale France-Allemagne qui lui a permis d’établir un nouveau record historique de la TNT avec près de 4 millions de tsp. Direct 8, en 2011, avait déjà réalisé le record historique de la TNT avec la demi-finale France-USA et 2,4 millions de tsp. Il y a fort à parier que l’édition 2019 qui aura lieu en France sera encore très suivie. Ce sera aussi un moyen pour TF1 de renforcer ses chaînes TNT et de faire fonctionner à plein les complémentarités entre les chaînes du groupe. Une partie de la compétition pourrait ainsi être diffusée sur TMC avant que TF1 ne récupère la demi-finale ou finale si les Bleues sont toujours en course pour le titre. TF1 avait d’ailleurs eu recours à cette programmation l’année passée avec la demi-finale de la Coupe du monde de Handball sur TMC et la finale sur TF1.
BeIn Sports, le leader des droits payants
Si TF1 a acquis les droits de diffusion sur le marché du gratuit, BeIn Sports s’est adjugée l’ensemble des 64 matchs des Coupes du monde 2018 et 2022. Entrée sur le marché des droits sportifs en 2012 à l’occasion de l’Euro, le groupe Qatari a depuis raflé l’exclusivité des droits payants de toutes les compétitions internationales majeures de football (Euro 2012 et 2016, Coupe du Monde 2014, 2018 et 2022 et Copa America 2015). L’offensive menée sur le marché des droits du football par BeIN Sports a eu pour conséquence d’affaiblir le leader historique du sport à la télévision, le groupe Canal+. Depuis la Coupe du monde 2010, les chaînes du groupe Canal n’ont diffusé aucune compétition internationale majeure de football et ont perdu la majeure partie des championnats étrangers qui sont désormais diffusés sur BeIn Sports (la Liga espagnole, Le Serie A italienne et la Bundesliga allemande). Cette saignée ne se limite pas au football car BeIN s’est adjugé les droits de diffusion du tournoi de de tennis de Wimbledon en 2013 pour cinq ans et des Jeux Olympiques qui sont entièrement diffusés sur BeIn Sports depuis les Jeux de Londres en 2012.
Cependant depuis la fin de l’année 2014, « une paix des braves » semblait s’être instaurée entre les deux champions du sport payant. En 2014, Canal+ et le groupe BeIn n’avaient ainsi pas renchéri sur les droits du championnat de France pour la période 2016-2020 et s’étaient accordés sur les droits de retransmission de la Champion’s league de 2015 à 2020[2]. Mais un troisième acteur est venu relancer cette guerre des droits sportifs. Altice, maison mère de Numericable, a ainsi frappé un grand coup en s’adjugeant les droits de la Barclay’s Premier League (le championnat anglais) pour plus de 120 millions d’euros pour 2016-2020 alors que BeIn Sports n’avait semble-t-il pas voulu débourser autant que Canal+ (près de 60 millions par saison). La perte de ce championnat attractif et vecteur d’abonnements risque de déstabiliser le groupe Canal+ puisque, selon une étude, près de 50% des abonnés de Canal+ le sont grâce à l’offre sportive[3].
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[1] http://www.lefigaro.fr/medias/2014/07/25/20004-20140725ARTFIG00057-la-coupe-du-monde-a-finalement-coute-environ-30-millions-a-tf1.php
[2] http://www.leparisien.fr/sports/football/droits-tv-ligue-des-champions-vers-un-match-nul-entre-bein-sports-et-canal-11-04-2014-3760543.php
[3] http://abonnes.lemonde.fr/actualite-medias/article/2015/11/27/droits-sportifs-canal-en-danger_4818788_3236.html
