En 1999, naissait aux Pays-Bas avec Big Brother un nouveau genre télévisuel, la téléréalité. Déclinée mondialement sous multiples formes, elle s’est peu à peu essoufflée et cherche aujourd’hui dans les programmes d’aventures extrêmes une seconde jeunesse.
La téléréalité en baisse (Audience 4+)
Source NPA Conseil sur données Médiamétrie
En France la téléréalité ne séduit plus autant que dans les années 2000 et ne trouve plus sa place sur les chaînes historiques. Ainsi, Secret Story qui réunissait en moyenne 2,9 millions de téléspectateurs sur TF1 en deuxième partie de soirée en 2011 n’en a rassemblé qu’1,5 million en 2015. Mis à part quelques émissions phares comme The Voice et Koh-Lanta sur TF1 ou L’Amour est dans le pré sur M6, les émissions de téléréalités sont désormais diffusées sur la TNT, Les Anges sur NRJ12, Les Ch’tis sur W9 ou les quotidiennes de Secret Story qui ont cette année été reléguées sur NT1. Cependant, ce genre télévisuel qui peut séduire les cibles commerciales (femmes et jeunes) tout en ayant des coûts de productions inférieurs à de grands divertissements ou aux fictions a encore sa place à la télévision mais sous une forme renouvelée.
L’aventure, la nouvelle forme de la téléréalité
Si l’essoufflement du genre tourné dans des cadres idylliques et qui repose sur un système d’élimination et d’épreuves est indéniable, la téléréalité se renouvelle en misant sur des thématiques plus extrêmes. Le précurseur est l’aventurier américain Bear Grylls avec son émission Man vs Wild, Ultilmate Survival puis Running Wild. Dans ce programme, l’aventurier était plongé en pleine nature et devait retrouver la civilisation en moins de dix jours en utilisant des techniques de survie en milieu hostile. Devant le succès, Bear Grylls a fait évoluer son concept en invitant une célébrité à survivre avec lui pendant 48 heures et a même réussi à faire participer Barack Obama en septembre dernier lors d’un tournage en Alaska. Il s’agissait pour le président américain d’alerter son pays sur les effets du réchauffement climatique.
La thématique de la survie extrême s’est ensuite développée en Grande-Bretagne et, en 2014, Channel 4 a lancé The Island with Bear Grylls produite par Shine, qui a créé entre autres The Voice ou Masterchef. Le principe de ce programme est simple : 13 aventuriers doivent survivre pendant un mois sur une île déserte. Si la mécanique du jeu peut rappeler celle de Survivor, elle diffère dans son essence car dans cette téléréalité (où les participants se filment eux-mêmes avec des Go-pro) il n’y a pas d’épreuves à conclure, ni d’élimination, il suffit de survivre en milieu hostile.
Le programme a été adapté aux USA et diffusé sur CBS tandis que M6 a diffusé en mai dernier l’adaptation française du programme avec des résultats d’audience satisfaisants, puisque The Island, seuls au monde a surperformé de 13% la moyenne de la case. M6 a d’ores et déjà commandé une nouvelle saison. TF1 a aussi voulu lancer ce type de programmes avec Dropped où deux équipes de quatre sportifs sont lâchées en pleine nature et doivent retrouver la civilisation sans carte ni boussole. Le drame survenu lors du tournage a cependant mis fin au programme.
Devant le succès de The Island, Channel 4 et Shine ont proposé en septembre 2015 un programme aux téléspectateurs britanniques qui va encore plus loin dans l’expérience de survie et la confrontation à des situations extrêmes. Dans Hunted, 14 candidats sont lâchés dans la nature pendant 28 jours et sont traqués par des spécialistes du renseignement, profilers et experts en sécurité grâce à des caméras de sécurité, leurs appels ou à leur empreinte numérique. Le programme sera diffusé aux USA sur CBS tandis que Shine travaille sur une possible adaptation en France. Si rien ne dit que le programme verra le jour en France, il montre le tour nouveau que prend la téléréalité : placer les candidats dans une situation extrême et analyser leurs comportements face à la peur et à l’angoisse.