Auditionné par l’Arcom avec l’équipe de direction le 9 juillet pour défendre la candidature de la chaîne LCI au renouvellement de son autorisation TNT, Rodolphe Belmer, PDG du Groupe TF1 a expliqué que la chaîne « souffre de deux handicaps majeurs par rapport aux chaînes concurrentes ». D’abord de très nombreuses obligations de programmations, issues de son héritage payant, que n’ont pas les autres chaînes d’information en continu. « Cela cadenasse LCI et l’empêche d’être en concurrence de manière équitable avec les autres chaînes ». Ensuite, « LCI est placée au fond du plan de service de la TNT, très loin des chaînes concurrentes privées. LCI ne peut donc être vue que par ceux qui font la démarche spécifique d’aller pianoter sur le numéro 26 ». Rodolphe Belmer souhaite donc « un équilibrage que nous jugeons comme essentiel et juste, que nous appelons de nos vœux dans le cadre de cet appel à candidature ». Le Groupe TF1 demande notamment « la création d’un bloc infos, par exemple, des numéros 15 à 18, qui regrouperait l’ensemble des chaînes d’information en continu ».
LCI appartient avant tout à un groupe, TF1, qui fait le choix de la responsabilité et souhaite être à la hauteur de ses responsabilités sociétales :
- L’éducation aux médias, pour aider le jeune public à développer son esprit critique,
- Les enjeux de protection de l’environnement et de lutte contre le réchauffement climatique,
- La représentation paritaire des femmes et des hommes dans ses émissions d’information.
Plus de 1 700 heures d’information sont diffusées chaque année sur la seule chaîne TF1. « Et pour servir l’ambition du groupe, il y a sa chaîne info, LCI, indispensable à la qualité, et à la diversité de l’information du groupe, projet que nous bâtissons sans relâche depuis 2016 dans le respect de l’identité de LCI et dans son autonomie de pilotage au sein de la direction de l’information ».
Au sein du groupe, « l’ambition pour l’information passe par le développement de LCI, en lui permettant d’être mieux exposée grâce à la création d’un bloc de chaînes d’info. Par son rythme différent, sa ligne éditoriale ouverte sur le monde (…) son développement renforcera le pluralisme de l’information dans notre démocratie et la qualité de son traitement ».
Selon Rodolphe Belmer, « la capacité que l’Arcom peut offrir à LCI d’être plus accessible pour les français [grâce à une numérotation plus proche des chaînes concurrentes dans le plan de service de la TNT], (…) on estime que ce n’est pas de nature à tirer vers le bas mais à tirer le public vers le haut, c’est pour cela qu’on l’appelle très fortement de nos vœux. On a bénéficié d’un changement de convention en cours de convention, on a été héritiers d’une convention précédente, qui a été juste transcrite en gratuit. Aujourd’hui, c’est une nouvelle convention pour laquelle on candidate, c’est vrai pour tout le monde. Il n’y a pas de raison qu’on soit embarrassés d’une convention défavorable, les compteurs sont remis à zéro. Dans ce cadre, qui va vous amener à repenser une très large partie du spectre audiovisuel, nous pensons que vous pouvez recréer une offre d’information qui soit plus plurielle ».
Positionnement :
L’ambition de LCI est « de produire une information de qualité, des débats pluriels, pour donner aux citoyens à voir, réfléchir, comprendre la complexité de notre monde ».
LCI « se distingue par sa garantie de sources fiables, sa lutte sans faille contre la désinformation, par son strict respect du pluralisme, de l’honnêteté, de la déontologie et de l’indépendance de l’information ».
La première ambition de LCI « est de s’adresser à tous les Français, quels que soient leur âge, leur condition, qu’ils soient citadins ou ruraux ».
« Un projet qui rassemble plutôt qu’il divise, un projet qui s’adresse à des citoyens, plutôt qu’à des militants d’une cause. Nous préférons la raison et la nuance plutôt que les querelles stériles et le buzz ».
Audience :
« LCI est devenue un modèle en matière d’information, c’est une référence pour les Françaises et les Français, la chaîne bénéficie d’une notoriété très élevée, et enregistre des scores d’audience qui la placent dans le trio de tête des chaînes d’information du pays, faisant rimer performance et exigence ».
L’audience est passé de 0,6 % en 2017 à 2 % en 2023.
La part de l’audience des 25-49 ans a doublé sur LCI en deux ans.
Le lancement de Bonjour ! sur TF1 n’a pas eu d’impact significatif sur les audiences de la matinale sur LCI. Parce que le positionnement est très différent et complémentaire.
Bien que cela ne fasse pas partie des obligations dans sa convention, LCI et plus globalement TF1 souhaitent toucher le public le plus jeune. La création de la marque TF1 Info va dans ce sens avec une présence forte sur les réseaux sociaux, notamment YouTube. Les deux chaînes du groupe, TF1 et LCI sont leaders sur YouTube. TikTok, Instagram sont également investis.
Modèle économique :
Depuis 2016, LCI est présente gratuitement sur la TNT, pour l’ensemble des foyers français, « c’est une chaîne qui est viable économiquement, dont le chiffre d’affaires a crû très significativement depuis 2017, première année d’exploitation en clair. Elle atteindra l’équilibre enfin, oserais-je dire, en 2025 » selon Rodolphe Belmer. C’est la progression des audiences linéaires qui lui a permis d’augmenter son chiffre d’affaires au sein d’un marché publicitaire globalement stable par ailleurs.
Rodolphe Belmer annonce que LCI va s’attaquer à la problématique des droits voisins. « Les informations que nous produisons, que nos équipes fabriquent, sont exploitées très largement en dehors de nos propres médias, par d’autres. Et tout le sujet de la juste rémunération de nos groupes pour le travail de nos journalistes à travers les droits voisins, doit être traité de façon beaucoup plus ferme qu’il ne l’a été par le passé ». Cela fait partie des priorités en termes de relations institutionnelles. Un accord de droits voisins a été signé avec Google et va être renouvelé mais « les montants sont minimalistes au regard des investissements dans l’information ». TikTok ne rémunère pas du tout les contenus.
Plus de 450 journalistes professionnels travaillent pour les antennes de TF1, LCI et pour le digital à travers TF1 infos et TF1+. « Cela représente 150 millions d’euros investis chaque année ».
Le PDG assure par ailleurs que « le groupe TF1 continuera à soutenir aussi fermement et constamment que par le passé, le développement futur de LCI ».
Programmation :
L’offre éditoriale de LCI « repose à la fois sur son ADN, décryptage, ouverture sur le monde, approfondissement, et une réflexion de ce qu’est le paysage de l’information ».
« Le temps long, l’approfondissement, c’est une clé de notre offre. On ne peut pas tout traiter, nous n’avons jamais eu la prétention de l’exhaustivité, nous assumons de traiter moins d’actualité, mais mieux, accorder une heure à une information, ou plus, là où d’autres chaînes se contentent de quelques minutes ».
« Cela veut dire privilégier l’essentiel, les grands bouleversements mondiaux, les mouvements géopolitiques, les conséquences économiques sur les États et les individus ».
Ce qui singularise LCI aujourd’hui c’est également le reportage. « Notamment le grand reportage à l’international ». « Aucune autre chaîne d’informations ne se projette autant sur le terrain, c’est un choix particulièrement différenciant ».
LCI s’engage à diffuser chaque semaine :
- une interview autour d’un expert, entrepreneur, citoyen, consacré à la diversité française, « pour donner à voir des parcours inspirants et œuvrer à une meilleure cohésion sociale »,
- une interview consacrée à la protection de l’environnement et à la lutte contre le changement climatique,
- une rubrique sur la manipulation de l’information.
Obligations et engagements :
LCI prend de nouveaux engagements renforcés : sous-titrer les programmes entre 18h et 20h, du lundi au vendredi ; proposer deux journaux quotidiens traduits en langue des signes, entre 14h et 16h ; diffuser chaque semaine un programme d’actualité audiodécrit ou adapté aux personnes malvoyantes ou aveugles, entre 7h et minuit.
La part consacrée sur l’antenne à des JT, rappels de titre est plafonnée à 23 % de son temps total de diffusion, plafonnement qui doit être respecté également entre 6h et minuit, avec un maximum de deux JT par heure.
Or, dans son dossier de candidature LCI n’est qu’à 465 heures de journaux télévisés par an, ce qui est très en deçà des 23 %. Fabien Namias, directeur général adjoint de LCI explique que les plateaux de LCI, consacrés aux débats et aux analyses, sont nourris par des reportages supplémentaires qui ne sont pas diffusés dans les JT. C’est une particularité éditoriale, « la façon d’écrire l’information de la chaîne (…) le reportage vient irriguer toute l’antenne de LCI ».
Concernant le pluralisme et l’avis du Conseil d’Etat du 13 février, dernier, LCI comme TF1 respecteront comme ils le font systématiquement les règles dès lors qu’elles seront établies. Au-delà, le pluralisme est consubstantiel à la vision de l’information que porte LCI. « Nous croyons au journalisme et donc à la capacité de poser des questions contradictoires (…) ce n’est pas toujours très à la mode aujourd’hui, on aime caricaturer, on aime être binaire dans l’approche, nou,s nous ne sommes pas binaires, on essaye d’apporter de la nuance ». (Thierry Thuillier, directeur délégué de LCI et Directeur Général Adjoint du pôle Information du Groupe TF1).
LCI s’engage dans son dossier à respecter l’indépendance éditoriale de la rédaction à l’égard des intérêts des annonceurs et des intérêts économiques des actionnaires du groupe TF1. Une administratrice indépendante a été nommée au sein du Conseil d’administration de l’entreprise en avril 2024. Elle peut être saisie ou s’auto-saisir. Il existe également une charte des journalistes ainsi qu’un Comité d’éthique et une médiatrice de l’information, Christelle Chiroux. Le Groupe TF1 a obtenu en 2023 le label « Journalism trust initiative », pour garantir la transparence des médias d’information et le respect de l’éthique journalistique. C’est le seul groupe privé à l’avoir obtenu en Europe.
LCI vise l’objectif de consacrer une quarantaine d’heures par an (une par semaine en pleine saison) à des grands rendez-vous, du documentaire ou du grand reportage inédit. « On l’a fait de manière un petit peu empirique depuis quelques années (…) On a accentué cette production (…). Ça a donné lieu, par exemple à un doc de 52 minutes, diffusé il y a quelques semaines, sur Donald Trump, que nous avons préparé et fabriqué, et diffusé au moment du débat entre Biden et Trump. C’est un documentaire inédit. Ce sera, vraisemblablement le cas le week-end prochain, avec la construction d’un 52 minutes sur l’armée française, programmé au moment du 14 juillet ».
Pour devenir leader des chaînes d’information, Rodolphe Belmer demande la même « plasticité » que ses concurrents. La convention actuelle date de la période où LCI était une chaîne payante, aujourd’hui « à l’aune de l’expérience » la chaîne propose une mise à jour de sa convention en supprimant « certains engagements qui n’ont plus lieu d’être » et en souhaitant la création d’un nouveau bloc pour les chaînes d’information dans le plan de service de la TNT « par exemple, des numéros 15 à 18, qui regrouperait l’ensemble des chaînes d’information en continu ».
Digital :
« Nous montons en puissance sur le digital, avec la création récente de TF1 Info, avec de nombreux reportages et émissions de TF1 et LCI (…) Top info, dont le principe est de décrypter chaque jour un fait d’actualité, est mis en ligne sur TF1+ depuis janvier ».
En plus des chaînes YouTube et de la présence de TF1 Info sur les réseaux sociaux (cf. Audiences), le groupe a créé avec le journaliste Paul Larrouturou, une marque baptisée « Paul » pour devenir une référence en termes de prise de parole politique sur les réseaux sociaux. Lors de la campagne des élections législatives, plusieurs politiques ont fait des déclarations importantes devant les caméras de Paul, qui ont ensuite été reprises sur les antennes linéaires.