Fullscreen, l’un des réseaux multi-chaînes les plus importants de YouTube (70 000 créateurs, 600 millions d’abonnés, 5 milliards de vues par mois), a confirmé la création prochaine de son propre service de vidéo par abonnement. Si date et prix de lancement n’ont pas filtré à ce jour, l’offre de contenus se dévoile quant à elle peu à peu. Les productions originales ayant fait le succès de Fullscreen seront évidemment reprises et développées sur la plate-forme propriétaire du MCN. De nouveaux formats feront leur apparition (podcasts, spectacles vivants, documentaires…) et mettront en avant les nouveaux talents et créateurs confirmés du réseau.
La confirmation de ce futur service SVoD met fin à plusieurs mois d’interrogations quant aux stratégies à adopter par les MCN pour se diversifier et s’affranchir, peu ou prou, de la plate-forme vidéo de Google. Les conditions de partage des revenus imposées par YouTube (commission de 45% sur les revenus tirés d’une vidéo) et le faible niveau de profitabilité induit par son écosystème incitent en effet les MCN à réduire leur dépendance vis-à-vis de ce dernier. Fullscreen est donc le premier MCN à sauter le pas et à tenter de se développer à l’extérieur. En se lançant en OTT, le réseau espère orienter une partie de la large audience captée sur YouTube (vitrine à très grande échelle pour le réseau et ses programmes) pour pouvoir s’adresser directement à son public. En supprimant un intermédiaire (gourmand qui plus est), Fullscreen entend augmenter ses revenus et s’assurer une totale maîtrise de son nouveau modèle économique : mode de rémunération (abonnement, publicité ou non), contrôle de l’écosystème, modalités de partage avec les créateurs, collecte et analyse des données utilisateurs… Si Fullscreen n’ambitionne pas de concurrencer directement les géants de la SVoD outre-Atlantique tels Netflix, Amazon ou Hulu, il pourrait bien mettre à mal une partie de l’audience de son diffuseur historique.
Bien que les perspectives d’un tel mouvement demeurent encore incertaines, il pourrait s’agir là d’une tendance lourde de ces prochaines années. Fort d’un succès colossal, les réseaux multi-chaînes sont de plus en plus sûrs de leurs forces et sont confortés dans leurs velléités d’indépendance et de monétisation de leur audience. Reste à savoir si la SVoD pourra être l’élément accélérateur de cette diversification tant attendue.