Lors de leur audition, les dirigeants du Média TV se sont présentés en « alternative aux chaînes d’info actuellement présentes », affirmant « partir de la gauche pour parler à la France entière, permettre à toutes les catégories et les sensibilités d’avoir la parole ». « Charte des débatteurs, formations internes », action de son « comité d’éthique » etcréation d’un « référent déontologique issu de nos équipes » doivent y assurer le respect du pluralisme et la maîtrise des antennes. Indiquant que les comptes de la société coopérative d’intérêt collectif qui porte le projet sont à l’équilibre, et que son bénéfice a doublé en 2023, ils tablent sur une levée de fonds de 15 M€ pour financer le passage à la TNT, via une émission de titres participatifs.
Candidate à l’attribution d’une fréquence de la TNT nationale, le Média TV est porté par la société coopérative d’intérêt collectif Le Média, qui compte 4 000 sociétaires, a indiqué sa présidente du directoire Khadija Jebrani. C’est une « entreprise de l’ESS, de l’économie sociale au solidaire ».
« Le Média sur la TNT, ce ne sera pas le Média aujourd’hui. C’est-à-dire qu’il y aura une évolution du modèle.Nous partons de la gauche et nous voulons parler à la France entière, permettre à toutes les catégories et les sensibilités d’avoir la parole. Le Conseil d’État souhaite que toutes les opinions et tous les courants de la société française soient non seulement représentés, mais respectés par ces chaînes d’information. Et c’est ce que nous engageons à faire. ».
Interrogés sur les dispositifs permettant le respect du pluralisme sur son antenne, les dirigeants du Média évoquent une « charte des débatteurs, des formations internes », l’action de son « comité d’éthique » etla création d’un « référent déontologique issu de nos équipes ».
« Nous sommes convaincus que le Média TV, par sa forme juridique, coopérative, audiovisuelle, indépendante de tout grand groupe médiatique ou industriel, par la qualité et la diversité, non seulement de son offre éditoriale, mais aussi de son équipe, apporte des réponses satisfaisantes à l’ensemble des questions soulevées à l’occasion de ce renouvellement de fréquence». Elle représente une « alternative aux chaînes d’info actuellement présentes ».
Dans le cadre du passage à la TNT, « la levée de fonds nécessaire sera réalisée via une émission de titres participatifs qui n’octroient ni droit de vote, ni de part dans le capital et garantissent la continuité de l’indépendance de nos journalistes », pour un montant qu’on comprend être de 15 M€. « Le Fonds de dotation pour une société solidaire nous a adressé une lettre d’intention de souscription de 500 000 euros de titre participatif ».
L’organisation de la structure compte quatre niveaux, a-t-elle par la suite précisé :
- Abonnés
- Abonnés sociétaires (personnes physiques)
- Conseil de surveillance, élu par l’Assemblée générale des sociétaires
- Directoire, composé de trois salariés nommés par le Conseil de surveillance.
Parmi ses soutiens, l’équipe du Media TV mentionne un certain nombre de médias partenaires : Mediapart, Street Presse, Politis, L’Humanité, Frustration Magazine, Regards, Reporterre…
A retenir
Positionnement :
Le Média TV se revendique « chaîne d’information politique et générale, diffusant 24 heures sur 24 via son site, les réseaux sociaux, YouTube avec plus de près d’un million et demi d’abonnés et une moyenne de 100 000 vues par émission ».
« Chaîne innovante, pluraliste, inclusive, solidaire, citoyenne, éthique, diversifiée, progressiste, née d’un manifeste citoyen, indépendant de tout parti politique et de toute puissance financière, son offre éditoriale originale se résume dans le mot diversité ».
« Notre unique ambition est de contribuer au renforcement du pluralisme et de la diversité dans le domaine public ».
Elle a été conventionnée à l’été 2023, est présente dans le Bouquet TV de l’opérateur Free (chaîne 350) et annonce qu’elle sera « prochainement » distribuée via Molotov TV, mais reste « confrontée à un véritable problème d’accessibilité ».
Programmation :
« Il ne s’agit pas en tant que tel d’une chaîne d’information en continu, plutôt d’une chaîne qui va alterner les programmes en direct, qui ont pour objet le traitement de l’actualité la plus immédiate, notamment à travers nos deux rendez-vous en direct quotidien, et des programmes qui peuvent être en direct ou préenregistrés, destinés à prendre du recul sur cette actualité ».
« Deux créneaux de diffusion en direct quotidien, en semaine, à 13h et à 18h30, et d’un créneau de direct le week-end, le samedi et le dimanche, et une libre antenne le soir en deuxième partie de soirée en semaine ».
« Notre grille est structurée autour de cinq piliers : l’actualité, les magazines, l’enquête, les documentaires et les partenariats » de visibilité ou de coproduction.
Audience :
« une moyenne de 100 000 vues par émission » via ses réseaux digitaux.
Modèle économique :
Les recettes proviennent aujourd’hui :
- Pour 50 % des abonnements,
- 40 % de dons et de crowdfunding,
- 10 % de monétisation via YouTube.
« Les contenus du Média sont déjà gratuits sur le site, donc on est un peu sur le modèle du Guardian, c’est-à-dire que les gens s’abonnent pour qu’on puisse exister ».
« En six saisons, elle est devenue une chaîne autofinancée et rentable, qui emploie une trentaine de salariés, dont une douzaine de cartes de presse ».
« La structure est à l’équilibre, notre modèle est pérenne, avec un chiffre d’affaires progression sur les trois derniers exercices, en 2023, nos bénéfices ont quasiment doublé par rapport à l’année précédente ».
« Faire face aux coûts techniques de diffusion en TNT, c’est 3 M€ par an supplémentaires.
Nous pensons que nous arriverons à l’équilibre au bout de 4 ans ou 5 ans, je ne sais plus, à partir de 2029 ».
« Les abonnements et les dons vont augmenter du fait de l’augmentation de la notoriété du Média.
On a pu le vérifier lors de notre arrivée sur Free. Dans les 6 premiers mois, donc le premier semestre de 2024, on a vu une nette augmentation de l’ordre de presque 80 % ».
« Nous avons intégré des recettes publicitaires TV et sommes en discussion avec une grande régie nationale », ainsi que des « produits dérivés ».
Digital :
« Sur les 15 chaînes qui qui demandent un renouvellement, on les a classés sur leur audience YouTube. Le résultat, c’est que le Média est en sixième position. Ça veut donc dire qu’il y a neuf candidats qui sont moins bons que nous dans un avenir qui leur est obligatoire ».
« Pour nous en sortir, eh bien on est obligé d’être bon en digital, ça tombe bien, on est bon en digital ».