Dans un environnement audiovisuel désormais complexe, comment et de quelle manière le distributeur est-il devenu un maillon essentiel de la chaîne de valeur des contenus TV ? L’atomisation du secteur de la production a eu un effet indéniable sur la distribution internationale et sur notre capacité à exporter les programmes. L’impact sur l’évolution du métier et sa nature, le partage des mandats avec les éditeurs, les nouveaux usages qui modifient les enjeux économiques, les évolutions réglementaires qui tentent d’encadrer le secteur, les nouveaux modes de commercialisation, etc. : le Flash NPA propose durant 4 semaines d’analyser les principaux facteurs et enjeux de la transformation dans la distribution audiovisuelle, en France et à l’étranger, tout en s’inspirant de la trentaine d’entretiens réalisés cet été auprès des professionnels du secteur.
Le dynamisme de l’exportation des programmes français
A l’heure où les chaînes diminuent leurs investissements, où les volumes de production baissent, le rôle du distributeur est devenu primoridal : faire éclore internationalement les œuvres audiovisuelles. La concurrence devenue plus rude et l’âge moyen des téléspectateurs poussent également le facteur exportation dans l’équation financière. Et la tendance le confirme : les programmes français se vendent de mieux en mieux à l’étranger. L’étude annuelle sur ce sujet de TVFI et du CNC révèle des chiffres au plus haut en 2016 (augmentation des exportations audiovisuelles de près d’un tiers), grâce aux chiffres d’exportation de l’animation (+48,1%) et de la fiction (+20,8%).
Source : TVFI – CNC
Malgré ces réjouissances, il reste que la concurrence du marché de la distribution audiovisuelle internationale est puissante et amène les différents acteurs à être toujours plus performants d’un point de vue éditorial, marketing et financier. En effet, les nouvelles plateformes de vidéo à la demande ont fait bondir l’export des programmes audiovisuels tout en transformant les modalités de distribution. Les distributeurs se retrouvent dans une période de disruption et de « re-création » des relations commerciales et contractuelles, parfois considérées comme trop rigides. Malgré tout, les chaînes de télévision traditionnelles demeurent aujourd’hui des acteurs privilégiés, plus pointus sur la qualité des programmes, et plus sensible aux relations commerciales et humaines qu’elles entretiennent avec les distributeurs. Côté producteurs, en France comme ailleurs, le 1er objectif recherché est la distribution internationale. Au distributeur de trouver la meilleure équation entre une vente multiterritoires et multisupports et un choix précis de chaînes de télévision linéaires, tout en gardant en tête le dénominateur commun aux productions à succès à l’international : le narratif, avec des angles locaux à voction internationale, des thématiques qui tournent autour du crime, des 52 minutes, du contenu feuilletonnant.
Les facteurs et enjeux de l’évolution de la distribution audiovisuelle en France : les 3 épisodes à venir dans le Flash NPA
L’analyse de NPA du secteur de la distribution se partage en 3 épisodes qui s’appuieront à la fois sur les connaissances du marché et sur les entretiens réalisés cet été avec des acteurs français et étrangers, historiques et nouveaux.
Flash du 20 septembre : Les facteurs économiques de transformation de la distribution
- La transformation du modèle économique des acteurs traditionnels. La redistribution des cartes dans les industries de la création est inéluctable. Entre l’impact de la consolidation des groupes audiovisuels, les économies des coûts de commercialisation, la baisse des ressources de manière générale, quel est le risque en matière de circulation des œuvres ? Les distributeurs ont une place aujourd’hui élargie dans la chaîne de valeur des médias : à la fois en aval et en amont des projets, ils ont en liens avec tous les acteurs. Au cœur de la création, ils défendent les talents nationaux et privilégient les contenus de qualité qui permettent de multiplier les débouchés.
- La montée en puissance des acteurs OTT influence les modes de distributionet la mise à disposition des contenus a de nouveaux intermédiaires. La hausse de la consommation délinéarisée des contenus et le développement des plateformes OTT ont de nombreux impacts sur le système de distribution actuel, que ce soit sur les montants d’acquisition des droits ou leur territorialité, la désintermédiation ne laisse pas le modèle économique des distributeurs indifférent.
Flash du 27 septembre : La transformation des métiers et usages chez les distributeurs audiovisuels
- La nouvelle orchestration de la distribution et l’impact du marketing. Acteur clé du financement de la production audiovisuelle, le distributeur offre de plus en plus de services aux producteurs. L’image du VRP ne correspond plus à celle du distributeur. L’agilité et la flexibilité quant à l’implication dans le développement éditorial des contenus, trouver les bons partenaires, rechercher à développer une contribution créative tout en faisant confiance aux auteurs. Comparé au Royaume-Uni, le distributeur voit son spectre d’influence et de compétence s’élargir. D’où une importance grandissante pour de nouveaux modes de commercialisation, une exploitation suivie en 360°, une présence continue sur les marchés
- La transformation des outils du distributeur et la tendance à la désintermédiation. L’évolution du back et du front office suivent l’évolution économique du métier de distributeur : simplification des logiciels de de suivi des droits, système de publication vidéo, database, ciblage, etc. La multiplication des outils numériques peut parfois aller, notamment au Royaume-Uni, jusqu’à la suppression d’intermédiaires commerciaux.
Flash du 4 octobre : L’impact des évolutions législatives et réglementaires en France
- L’encadrement des conditions d’attribution et d’exercice des mandats de commercialisation des œuvres. Le décret du 27 avril 2015 prévoit que l’éditeur ne peut détenir, directement ou indirectement, des mandats de commercialisation que lorsque le producteur ne dispose pour l’œuvre en cause ni d’une capacité de distribution, ni d’un accord-cadre conclu avec une entreprise de distribution. Ces nouvelles règles de partage des mandats auront-t-elles un impact sur l’évolution des métiers ?
- Les accords sur la transparence des comptes d’exploitation. La loi du 7 juillet 2016 relative à la liberté de création, à l’architecture et au patrimoine a défini le cadre de la transparence des comptes d’exploitation des œuvres audiovisuelles. La forme du compte d’exploitation, la définition des « encaissements bruts » et des coûts d’exploitation ainsi que les conditions dans lesquelles est négociée la commission (du distributeur) opposable (au producteur) ont été déterminées par l’accord signé le 6 juillet 2017 entre les syndicats de représentants des producteurs, le SEDPA et les représentants de plusieurs chaînes. Celui-ci s’applique aux œuvres audiovisuelles appartenant aux genres de la fiction, de l’animation, du documentaire de création et de l’adaptation audiovisuelle de spectacle vivant admises au bénéfice des aides financières à la production du CNC. Quel est l’impact de ces accords sur l’organisation des distributeurs ?