Amazon et Netflix, les deux principaux acteurs de la vidéo à la demande par abonnement américains se sont positionnés très tôt sur l’adoption des nouveaux standards technologiques qui permettent une amélioration de la qualité de l’image et du son proposée à leurs abonnés. Le CES de Las Vegas 2014 a été marqué par une avalanche d’annonce qui ont permis de positionner les OTT comme les nouveaux champions de la définition 4K. Les services de streaming ont été les premiers à proposer des contenus, prenant ainsi de vitesse l’ensemble des autres acteurs de l’audiovisuel, dépendants de contraintes technologiques liés aux réseaux de distribution. Depuis, Amazon Instant Video et Netflix proposent un nombre croissant de programmes en 4K, un format désormais devenu un véritable standard pour l’ensemble de leurs productions originales (Marco Polo, Sense8, House of Cards, Daredevil, Bloodline, Better Call Saul, What Happened, Miss Simone? chez Netflix). Netflix annonce ainsi que plus de la moitié de ses nouveaux contenus seront tournés en 4K alors qu’Amazon Studios tournent déjà toutes ses séries (Amazon Originals) dans ce format.
Dans cette course de vitesse engagée vers l’Ultra Haute Définition, la résolution n’est pas un élément suffisant. Elle doit être complétée par une dynamique étendue (HDR), une cadence d’images plus élevée (HFR) ainsi qu’une colorimétrie plus importante.
Netflix et Amazon ont donc franchi un pas supplémentaire cet été en annonçant à quelques semaines d’intervales qu’ils souhaitaient désormais généraliser le HDR. Cette nouvelle technologie, popularisée par les contructeurs de téléviseurs et de caméras lors du CES 2015, permet d’augmenter la plage dynamique d’une image afin d’obtenir des contratses beaucoup plus importants. La qualité de l’image est ainsi améliorée en apportant plus de détails et de profondeur dans les zones sombres et les zones claires. Le HDR apporte du réalisme et les images sont plus naturelles. La standardisation du HDR cette année (adoption de la courbe de gamma PQ) a permis le lancement des premiers téléviseurs compatibles dans le haut de gamme chez Samsung (gamme 2015 SUHD) et LG ou Sony après la mise à jour d’un firmware (Sony KD-55X9305C et LG 55EG960V).
Comme dans le cas de la 4K, ce sont donc des contenus en streaming qui vont permettre d’alimenter les premières dalles. Plus précisément deux contenus Amazon, la première saison de la série originale «Mozart in the Jungle » réalisée par Roman Coppola ainsi que l’épisode pilote de « Red Oaks ». Les deux sont dores et déjà disponibles en HDR aux abonnés américains depuis la fin du mois de juin et aux abonnés britanniques depuis la semaine dernière. Néanmoins, pour en profiter, il est nécessaire de passer par l’application Amazon Video sur un téléviseur Samsung de la gamme SUHD. Amazon a apporté deux précisions importantes. D’abord le format HDR n’est pas obligatoirement associé au format UHD 4K. Il est disponible sur les deux programmes quel que soit la résolution choisie, HD ou UHD 4K. Ensuite, Amazon assure que, dans le cas d’un format HDR associé à une résolution UHD 4K, aucun débit supplémentaire n’est requis. Une connexion d’un minimum de 20Mbps est donc satisfaisante. L’annonce a de quoi surprendre puisqu’un encodage à la fois en UHD 4K et HDR est censé entraîné une besoin en bande passante supérieure. Certains spécialistes estiment qu’Amazon (à l’instar d’autres services de streaming) pourrait avoir choisi un encodage 2K HDR et non 4K HDR, en misant sur les capacités d’upscalling des téléviseurs UHD 4K.
Si Amazon a devancé Netflix, ce dernier, qui avait fait part de son intérêt pour le format lors du dernier CES n’a pas été long à réagir. De fait, le service a confirmé à la fin du mois de juillet qu’il allait introduire le HDR dès cette année. “Where it makes sense from a production perspective we will produce in Ultra HD 4K or HDR.” [1] Notons également, qu’à côté des deux acteurs de la vidéo à la demande par abonnement, le service transactionnel (location et achat définitif) M-GO, joint-venture entre Technicolor et Dreamworks propose désormais lui aussi des contenus UHD – HDR même si l’offre est encore modeste avec moins d’une dizaine de films de cinéma.
Au final, la nouvelle course au HDR pousse à une double conclusion.
- Après l’UHD 4K, les nouvelles technologies du son Dolby et même le HFR[2], la dynamique étendue est une nouvelle preuve du positionnement offensif des acteurs OTT qui utilisent les technologies de diffusion sur internet pour jouer la carte de l’exclusivité des formats en plus de l’exclusivité des contenus.
- Si tous les spécialistes des technologies de l’image s’accordent à dire que la résolution doit être complétée par d’autres paramètres pour apporter une expérience résolument différente aux spectateurs, le HDR associé à la 4K et encore plus s’il ne l’est pas, doit encore faire les preuves de son intérêt auprès du public. D’autant que l’engouement des professionnels, pourrait également s’expliquer par l’existence de nombreux brevets autour du HDR (Technicolor, Dolby, Philips, Google…) qui sont autant de promesses de revenus alors que la 4K en tant que telle n’est pas brevetée même si elle nécessite l’utilisation de codecs de compression au centre d’intenses batailles commerciales (consortium HEVC Advance contre le VP9 open source de Google notamment)/
La Consumer Electronics Association (CEA) américaine, regroupant les industriels de l’électronique grand public, a annoncé en fin de semaine dernière la définition officielle donnée par l’industrie pour les matériels compatibles avec la technologie High Dynamic Range. L’objectif est d’aider les vendeurs et les consommateurs à identifier facilement les téléviseurs, moniteurs ou projecteurs même si aucun label ou logo n’a encore été décidé. Des spécifications minimales sont désormais requises, ouvrant la voie à une meilleure structuration de l’écosystème HDR.
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[1] http://www.techradar.com/news/television/what-s-next-for-netflix-s-streaming-tech–1300135
[2] Microsoft a conclu en 2014 un accord avec le spécialiste du streaming NeuLion pour la diffusion de contenus sportifs sur la console Xbox One avec une cadence de défilement à 60 images par seconde.