En bientôt douze mois, les Français ont largement eu le temps de méditer sur le passage au « monde d’après » et les lignes de force qui le caractériseront. S’’agissant de la verticale TMT (Technologie, Média Télécom), les basculements symboliques que NPA Conseil relève dans son dossier Equipements et usages, enjeux 2021, témoignent en tout cas de l’accélération qui a caractérisé 2020 et de l’amplification qui devrait en résulter au cours de l’année qui démarre. Quatre variables clés ont en effet franchi le cap symbolique des 50 % : la proportion de Français bénéficiant d’une connexion très haut débit[1], et celle des abonnés à au moins un service de SVoD (52,7 %)[2] ; le taux d’équipement en terminaux nativement OTT (Smart TV, clés HDMI et box OTT ; 52,2 %[3]), ou encore la préférence donnée au site Web de l’éditeur pour s’abonner à une chaîne ou à un service (56,6 %[4]).
Pour 2021, on peut déjà prévoir que :
- la dynamique du très haut débit se poursuivra. L’an dernier, les opérateurs ont prouvé leur capacité à maintenir le rythme de déploiement au pic de la crise sanitaire et l’Etat a débloqué une enveloppe complémentaire d’environ 500 M€ pour poursuivre les raccordements.
- le téléviseur conservera – voire amplifiera – sa place centrale dans l’expérience audiovisuelle. Les devices dont les Français sont de plus en plus équipés (Smart TV, clés HDMI, box OTT…) contribuent à la conforter ; le Baromètre OTT NPA Conseil / Harris Interactive ne constate pas de substitution par le smartphone, la tablette ou l’ordinateur. Et les nouveautés annoncées lors du CES 2021 – même réduit à une version virtuelle – confirment la détermination des industriels – LG et Samsung en tête – à continuer à magnifier l’écran TV.
- les acteurs traditionnels de la pay TV et les opérateurs seront les plus exposés à la disruption. S’agissant des premiers, le passage au-delà de la barre des 50 % de la proportion des Français abonnés à un service de SVoD, au moins, s’accompagne de la montée en puissance des multi-abonnements : 1,8 service par abonné, en moyenne, en décembre 2020, contre 1,4 douze mois plus tôt. La place des chaînes de pay TV premium – dans les usages autant que sur le plan financier – n’en est que plus délicate à préserver ; concernant les seconds, plusieurs clignotants sont – au moins – à l’orange. D’une part, pour s’abonner aux offres premium, une proportion croissante de Français utilise les services de l’éditeur (site Web, appli…) plutôt que le canal de l’opérateur; d’autre part, il n’est plus que deux Français sur cinq pour privilégier au quotidien la box comme mode d’accès privilégié aux programmes.
Du rythme et des conditions de sortie de la crise sanitaire aux performances des derniers entrants (Salto, encore limité en nombre d’abonnés mais déjà puissant en notoriété, ou Disney+, qui a connu une forte accélération fin 2020), en passant par les lancements attendus (Pluto TV, côté AVoD, notamment) ou potentiels (HBO Max, Paramount+, Discovery+…), plusieurs game changers peuvent infléchir les anticipations les plus rationnelles. Sans oublier le feuilleton des droits sportifs, la conclusion attendue côté Ligue 1, et le drive attendu par ceux qui en seront les nouveaux diffuseurs.
A défaut d’éliminer l’incertitude, ce dossier vous fournira, nous l’espérons, un socle pour envisager 2021.
Nous vous en souhaitons une bonne lecture.
[1] Au moins 30 Mbps ; Source ARCEP, septembre 2020
[2] Source : Baromètre OTT NPA Conseil / Harris Interactive, décembre 2020
[3] Source : Baromètre OTT NPA Conseil / Harris Interactive, décembre 2020
[4] Source : Baromètre OTT NPA Conseil / Harris Interactive, décembre 2020