A eux seuls, les tout premiers jours de 2024 pourraient résumer la tonalité de l’année toute proche. Si elle ne l’a pas fait avant le 31 décembre, l’Arcom publiera alors l’étude d’impact qu’elle a réalisée en vue des appels à candidatures qu’elle conduira jusqu’à l’automne pour la réattribution de quinze autorisations de la TNT nationale et le 8 janvier, le lancement de TF1+ illustrera l’obligation pour les groupes historiques de s’engager pleinement sur l’autre front : celui du streaming et de l’accès aux programmes en OTT. Plus que jamais, la recherche de garanties de visibilité devrait être au cœur des enjeux de 2024.
La procédure de renouvellement des autorisations, dont la parution de l’étude d’impact de l’Arcom marquera le lancement, mettra en jeu deux fréquences de la TNT sur trois.
A court terme, c’est l’accès au public des « exclusifs TNT » qui est en jeu pour les éditeurs des chaînes concernées. En soi, l’enjeu n’est pas négligeable, puisque celui-ci représente près d’un Français sur cinq, selon les données convergentes de l’Arcom et du Baromètre des Usages Audiovisuels NPA Conseil/Harris Interactive, et que ce pourcentage semble stabilisé depuis plusieurs trimestres déjà.
A plus longue échéance, les garanties indirectes de visibilité qu’une présence dans l’offre de la TNT doivent apporter dans les environnements connectés (box des FAI, smart TV et autres plateformes OTT) sont tout aussi déterminantes.
Le principe d’une mise en avant des « services d’intérêt général » a été acté il y a cinq ans par la directive SMA. Il a été confirmé par la loi Bachelot de 2021 et précisé par le décret du 7 décembre 2022. L’année 2023 s’achève sans que l’Arcom ait pu, finalement, arrêter la liste de ces SIG et de déterminer les modalités de cette proéminence ; la position prise par l’Union européenne sur le dispositif prévu par le gouvernement italien (lire La Commission européenne refuse à l’Italie le « bouton SIG » sur les télécommandes) et l’arrêt pris par la Cour de Justice de l’Union Européenne à l’encontre du gouvernement autrichien (lire Les conséquences de l’arrêt de la CJUE Google Ireland Ltd contre Komm Austria) font douter des marges de manœuvres de l’Autorité s’agissant des acteurs qui ne sont pas établis en France… c’est-à-dire Apple, Google, LG, Samsung, et plus généralement l’ensemble des des acteurs de l’univers OTT.
Avec TF1+, le groupe TF1 s’est donné ses propres garanties. Parce que le groupe revendique la présence de son application dans 95% du parc installé de téléviseurs connectés. Parce qu’il en a négocié la présence dès la page d’accueil, et lui a donc assuré une visibilité optimale. Parce que les accords d’intéressement à la publicité – donc à l’audience – générée qu’il a négocié avec les industriels constitueront pour ces derniers une motivation supplémentaire à mettre le service en avant.
Le 11 janvier, France Télévisions tiendra une conférence de presse destinée à la présentation de son « ambition numérique ». Le 15 décembre, RTL Group a annoncé un « plan d’investissement ambitieux » pour accélérer le développement de 6Play.
Dans un cas comme dans l’autre, les garanties que le groupe public ou M6 pourront obtenir des industriels en termes de présence à l’esprit de leurs plateformes seront presque aussi importantes à observer que la qualité des programmes dont ils se seront assurés la disponibilité ou les fonctionnalités embarquées par leurs applications.
Toute l’équipe NPA vous souhaite de joyeuses Fêtes et une très heureuse année 2024