Bonjour David,
On me dit que tu n’es plus avec nous.
Et pourtant… Je te vois grignoter ta cravate pendant les rendez-vous, à l’époque où tu en portais encore. C’était à Matignon, avant 2002.
Et pourtant… Je te vois avancer quand on se retrouvait, avec un large sourire et, comme Twitter me l’a rappelé, un pan de ta chemise qui sortait de ton pantalon.
Et pourtant… J’ai tellement mesuré ta maîtrise dans les prises de parole publiques. Langue irréprochable et propos qu’on aurait voulu parfois plus tranchés – sans doute la vision d’ensemble des enjeux pousse-t-elle à la mesure.
Ton départ est un peu celui d’un grand frère ou celui d’un grand sage.
De celui qui a tout vécu, et dans toutes les fonctions, ou presque. Public / Privé, TV / Radio, Distributeur / Editeur… et plus essentiel comme régulateur et acteur.
A l’époque de ces cravates, la TNT n’était qu’à l’état de rapport (Eymery/Cottet, dont le premier aussi nous a quitté), le haut débit était encore dans les limbes. On ne parlait pas de VoD et encore moins de SVoD, le mot podcast était circonscrit à la possibilité naissante de réécouter l’offre des réseaux FM…
Tu as parcouru trois décennies de bouleversement, sans perdre ta capacité de sang-froid, ta force d’analyse et ton sourire, serein et bienveillant.
Des contributeurs anonymes aux sommets de la République, ton départ a été déploré autant que ta personnalité aura été célébrée.
Tu ne seras pas là pour suivre la création de France Médias et de celui ou celle qui en prendra la tête.
Tu ne seras pas là pour décrypter les prochains mouvements des leaders mondiaux.
Tu n’assisteras pas à la nième saison de la série « Chronologie des Médias »…
Tu ne seras pas là pour boire un café et jouer au gymkhana verbal, sur tous les rebonds encore à attendre de ce monde bouillonnant, sur la meilleure manière de les gérer d’un point de vue politique, ou juste pour se réjouir d’un film qui vient de sortir.
Aux « temps numériques », tu es parti sur un dernier accomplissement : être sur Twitter un vrai sujet de #goodbuzz
Tu nous manqueras David.
Aux tiens, d’abord, évidemment.
A nous aussi, la multitude de ceux qui nous sommes nourris de ton érudition, de ta finesse d’analyse… et tout simplement de ton rire, de ton empathie et, j’espère, de ton amitié.
Repose en paix.