La relation n’est pas immédiate a priori entre Jean-Louis Aubert, la NFL et les animateurs Lyndsey Rodrigues, Rachel Smith, et Frankie Grande. Mais chacun à leur manière, ils illustrent la course aux programmes Live que se livrent depuis l’automne 2015 les géants du numériques : le 25 octobre, d’abord, c’est Yahoo ! qui diffusait en exclusivité le match d’ouverture de la saison NFL 2015-16 entre les Jaguars de Jacksonville et les Buffalo Bills ; le 28 janvier, l’ancien Téléphone créait l’évènement sur Facebook en proposant une grande demi-heure de showcase minimaliste (son smartphone comme seul outil de captation). En six semaines à peine, la vidéo a été vue plus de 2,9 millions de fois, elle a engrangée plus de 73 000 likes et a été partagée près de 55 000 fois ; ce mardi enfin, les trois derniers étaient aux commandes de Style Code Live, magazine de 30 minutes consacré à la mode et diffusé quotidiennement par Amazon.
Le live sur Internet ne constitue pas une nouveauté. Youtube l’a expérimenté dès l’automne 2010, en a généralisé la possibilité au printemps 2011, et propose aujourd’hui une section dédiée qui donne accès en permanence à plusieurs dizaines d’évènements (concerts, e-gaming, débats…) ; même type d’offre coté DailyMotion, qui a même ouvert dès février 2011 un corner dans lequel il diffusait en direct 26 chaînes internationales (Al-Jazira English, BBC World News, CNN, France24, Euronews, Bloomberg…).
Mais la récente montée en puissance apparaît significative à un triple point de vue.
Du point de vues des usages, d’abord. Augmentation des tailles d’écrans de smartphones et amélioration des débits aidant, la vidéo est de plus en plus consommée sur des mobiles, pour des formats de plus en plus long… et plus seulement en mode « à la demande » : en 2015, le live représentait quelques 400 millions de sessions dans le Baromètre de la TVR NPA / GFK (6,8% du total), soit trois fois plus qu’en 2011 (et 5,8% de la consommation à l’époque). La génération ATAWAD n’est apparemment pas insensible au pouvoir fédérateur des évènements majeurs, ce qui relativise d’autant les prophéties alarmistes sur la disparition de la télévision traditionnelle.
Du point de vue de la collecte de publicité, ensuite. Le Video Monetization Report 2015 publié ce mercredi 9 mars par le leader américain de la monétisation publicitaire de la vidéo premium FreeWheel relève la « progression substantielle du nombre de publicités vidéo vues sur des contenus longs (+56%, autour des émissions de divertissement et programme pour enfants particulièrement) et surtout le live (+129%, avec le sport comme terrain de prédilection) », alors que le marché dans son ensemble progresse de 30%.
Du point de vue enfin des nouvelles formes de monétisation de l’audience. Comme le relève Satellifax de ce mercredi « la plupart des produits présentés dans Style Code Live seront disponibles à la vente sur le site d’Amazon ». Au-delà de l’exposition aux messages d’annonceurs, c’est par la génération directe de transactions que le groupe entend donc rentabiliser le programme. Son double statut de diffuseur vidéo et de plateforme e-commerce lui offre bien sur des facilités pour ce faire. Amazon n’en montre pas moins un chemin dans lequel les diffuseurs traditionnels devront certainement s’engager eux-aussi. Et l’accord passé par l’Equipe 21 avec une Marketplace spécialisée dans les articles sportifs ou, plus encore la réunion des activités de régie et de diversification du groupe TF1 dans les mains de Régis Ravanas semble s’en inspirer. Restera pour obtenir des résultats significatifs à obtenir un allègement de la réglementation, par un assouplissement de la stricte séparation qui existe aujourd’hui entre publicité et télé-achat dans le décret de mars 1992.