Tout le sport ! Les dirigeants du groupe SFR ne semblent pas loin de faire leur le titre du magazine quotidien que diffuse France 3 depuis 1993. « SFR lorgne sur les droits de la Formule 1 détenus par Canal+ », titrait le 10 janvier le site Pure Medias ; « il est évident que nous allons continuer à étudier tous les droits sportifs disponibles. Nous sommes dans le sport pour construire, pas pour faire un aller-retour », confirmait le 10 février Michel Combes, pdg de SFR et directeur général d’Altice, lors d’un déjeuner avec l’Association des journalistes médias.
Et de fait, les occasions ne lui manqueront pas de faire preuve de sa détermination.
Outre la Formule 1, dont la saison à débuter le 26 mars est la dernière pour laquelle Canal+ détient à ce jour les droits, et rien que pour le football, l’année 2017 verra se succéder les appels d’offres portant sur la diffusion de La Ligue des Champions (actuellement partagée entre beIN Sports et Canal+), de l’Europa League (M6 et beIN Sports), ou encore sur la retransmission en France de la Bundesliga allemande (beIN Sports) et de la Liga espagnole (beIN Sports). En attendant la Ligue 1, dont le contrat actuel (partagé entre beIN Sports et Canal+) viendra à son terme à la fin de la saison 2019/2020 et qui devrait donc être remise aux enchères au plus tard au printemps 2019.
Dans cette offensive, SFR pourra notamment compter sur un triple atout :
- La surface financière et la détermination de son actionnaire, d’abord, qui lui ont permis ces derniers mois d’arracher à Canal+ la Premier League, mais aussi la distribution exclusive des chaînes du groupe Discovery et de celles du groupe NBC Universal. Sur la base des valorisations proposées lors des derniers appels d’offres, l’ensemble Formule 1, Ligue des Champions, Europa League, Liga, Bundesliga représente un investissement proche de 200 M€ par an, relativement comparable avec ce qu’il dépense déjà.
- La possibilité de faire jouer des synergies entre payant (SFR Sport) et gratuit (Numéro 23 principalement), qui permet un meilleur amortissement des droits en même temps qu’elle augmente leur exposition, et peut être apprécié des ligues et de leurs sponsors. Le groupe en a déjà fait l’expérience fin 2016 en pour des matches de la Premier League et la All Star Game LNB. Et sur ce critère, qui représente par ailleurs une tendance croissante (lire par ailleurs dans ce Flash), l’avantage est clairement à SFR par rapport à Canal+, puisque les injonctions en cours de réexamen interdisent à ce dernier une action coordonnée de ses antennes gratuites et payantes.
- Et finalement sa stature internationale, qui pourrait l’aider à faire levier dans certaines procédures d’attribution. « Nous avons vocation à répéter ailleurs ce que nous faisons en France », insistait Michel Combes devant l’Association des journalistes médias. Outre la France, Altice est notamment présent en Israël (Hot), au Portugal (Portugal Télécom), en République Dominicaine (Orange Dominica et Tricom), en Suisse (Green.ch) et surtout aux Etats-Unis (Cablevision et Suddenlink).
Peut-on en déduire que SFR a partie gagnée ?
Dans un univers des droits sportifs plus concurrentiel que jamais, l’année 2017 aura en tout cas valeur de test :
- Pour beIN Sports, qui figure au premier rang des acteurs concernés par les prochains appels d’offre. Si la difficulté de la chaîne à amortir son plantureux portefeuille est régulièrement soulignée, cette dernière se trouve aujourd’hui dans la position du joueur de casino qui a beaucoup misé sans avoir encore touché le jackpot. Manquer de punch dans les prochaines enchères l’exposerait à voir fondre la valeur de l’investissement réalisé depuis 2012.
- Pour Eurosport, qui tarde à confirmer son ambition après l’opération spectaculaire qu’il a réalisée (avec son nouvel actionnaire Discovery) sur les droits de J.O. 2018/2024.
- Pour Canal+, sur sa capacité à rebondir après la razzia effectuée ces dernières années par beIN Sports dans son portefeuille.
- Mais également sur la volonté des pure players numériques à entrer dans la partie, de façon complémentaire à défaut d’être aujourd’hui principaux enchérisseurs. L’accord conclu entre France Télévisions et Twitter pour la co-diffusion de 4 matches du Tournoi des 6 Nations suggère que ceux-ci ne sont pas encore allés au bout de leurs ambitions.
Les spécialistes de l’information sportive ont tendance à considérer avec un peu de tristesse les années impaires : pas de J.O., d’Euro ni de Mondiaux de football, et même pas en 2017 de Coupe du Monde de Rugby.
Mais à défaut de voir les athlètes s’employer sur le gazon, l’année en cours ne manquera pas d’activité sur le tapis vert !
Avec, comme appetizer l’attribution des droits de la Coupe de France, pour laquelle les offres devaient être remises ce vendredi 10 février et dont on ne devrait pas tarder à connaître les lauréats.