La croissance exponentielle des paris en ligne va-t-elle pousser journaux, radios et télévisions à faire un retour en force vers le secteur ? On se souvient qu’en 2008/2010, la plupart des groupes de médias avaient cherché à se positionner dans la perspective de l’ouverture du secteur à la concurrence, finalement organisée par la loi Woerth du 12 mai 2010. Las ! les débuts furent poussifs et le repli promptement organisé ! Mais le secteur a repris des couleurs, et même des couleurs vives : à partir des données de l’Arjel, SPORT INDEX indique que les mises ont plus que doublé entre 2015 et 2018, pour tangenter les 5 Mds€ (4,92 vs 2,4 en 2015) sur le périmètre suivi par l’étude (courses hippiques et 40 disciplines sportives).
Un gâteau toujours plus gros… mais de plus en plus concentré
Au cours des quatre dernières années, la croissance s’est accélérée pour culminer à… +41% en 2018. Effet Mondial de foot ? Pas seulement. Elle aurait quand même été de… 30% en neutralisant les 380 M€ misés sur la compétition.
Mais toutes les disciplines ne sont pas logées à la même enseigne : de l’aviron à la voile, 16 des 40 sports de l’univers Sport Index ont vu leur compteur de mises rester à zéro. Parce qu’absentes des plateformes (boxe française ou canoë kayak par exemple) ou parce que jugées manifestement insuffisament attractives (telles la voile, pourtant proposée au pari par Betclic, la FDJ, et le PMU). Quant à l’escrime, au hockey sur gazon, et au judo, elles ont été testées en 2015/2016, et finalement abandonnées par les plateformes.
Et la croissance est loin aussi d’être uniforme entre celles qui « participent au banquet ». Qu’il s’agisse du rythme de progression (+1314% en 4 ans pour le ski et les disciplines affiliées, notamment le biathlon, et seulement +3% pour les courses hippiques) ou de montants supplémentaires d’enjeux (90 K€ de plus en 2018 par rapport à 2015 pour l’athlétisme ou la pétanque, contre 1,51 Md€ de mises additionnelles pour le football).
Au final, et si l’on s’en tient à l’évolution des parts de marché des uns et des autres, le football est plus que jamais dominant (47,7% des paris de l’univers SPORT INDEX en 2018, +13,6 points par rapport à 2015) ; tennis (16%, +4,3 points) et basket (7,8%, +1,4 point) sont plus que jamais ses dauphins. Et, à l’inverse, les courses ne récoltent plus que 21,3% des mises, soit 20,3 points perdus en quatre ans.
La NBA de plus en plus recherchée par les parieurs.
Même grand écart au niveau des épreuves supports de paris. Hors Mondial de football, la Ligue 1 (296 M€ d’enjeux en 2018, 146 M€ de plus qu’en 2015), la Ligue des Champions (221 M€, +137 M€) et, plus inattendu, la NBA (219 M€, +152 M€) occupent le haut du classement, et 7 compétitions ont généré plus de 100 M€ de mises, contre… une seule (la Ligue 1) en 2015. A l’autre extrémité, Tour de France cycliste, Coupe Davis, Open Sud et Open 13 de tennis ou encore Starligue de handball ont récolté moins de 5 M€ l’an dernier.
Mais alors que la fiscalité est plutôt fondée à l’étranger sur le Produit Brut des Jeux (PBJ, l’équivalent du chiffre d’affaires des plateformes), grosses compétitions comme épreuves moins courues partagent en France le même prélèvement de 7,5% des enjeux, au bénéfice de l’Etat et de la Sécurité Sociale. Et l’engouement croissant pour le pari en ligne s’avère comme une véritable aubaine pour les comptes publics : près de 200 M€ supplémentaires entre 2015 (183 M€) et 2018 (370 M€) pour le seul périmètre SPORT INDEX.
De quoi donner le sourire au ministère des Finances… et cultiver la grogne des propriétaires de plateformes face à des prélèvements jugés confiscatoires.