L’Union européenne a prononcé l’interdiction des médias russes soutenus par la Russie, Russia Today et Sputnik, à travers l’Europe et publié sa décision au Journal Officiel de l’UE mercredi 2 mars. Elle est justifiée par le fait que ces médias, soutenus par l’Etat russe ont joué un rôle de propagande « essentiel et déterminant pour faire avancer et soutenir l’agression contre l’Ukraine et pour déstabiliser les pays voisins ».
En France, l’Arcom a dans la foulée immédiatement suspendu le conventionnement de la chaîne RT. YouTube, Facebook, Instagram et TikTok avaient déjà bloqué les vidéos des comptes de RT France et Sputnik. « Nous avons reçu des demandes de plusieurs gouvernements et de l’Union européenne pour prendre de nouvelles mesures envers des médias contrôlés par la Russie, avait indiqué Nick Clegg, le directeur de la communication de Meta sur Twitter le 28 février. Étant donnée la nature exceptionnelle de la situation actuelle, nous allons restreindre l’accès à RT et Sputnik dans l’Union européenne pour le moment. ».
Ainsi à situation exceptionnelle, mesures exceptionnelles et coupure de médias sans autre forme de procès, ni instruction approfondie des manquements de RT, Sputnik…
Censure arbitraire ou défense des valeurs des démocraties ?
On peut s’attendre à des mesures de rétorsion sur les médias étrangers de la part de la Russie, qui ne s’embarrasse pas de défense du pluralisme ou d’indépendance des médias. Elle s’est déjà dotée d’une législation envers les « agents étrangers » qui lui permet de faire taire les critiques des médias envers sa politique.
L’Europe prépare pour la fin de l’année un Freedom Media Act, destiné à « assurer l’intégrité, l’indépendance et la pluralité des médias d’informations au sein du marché unique » avaient expliqué, dans le cadre du European News Media Forum, les commissaires Thierry Breton (Marché intérieur) et Věra Jourová (Valeurs et transparence), à la fin 2021 . Dans la consultation mise en ligne sur ce sujet par la commission le 10 janvier, Thierry Breton explique : « Nous devons veiller à ce que les médias européens restent indépendants, innovants et durables, et ne soient pas soumis à des ingérences injustifiées dans le cadre de leurs activités, qu’elles soient privées ou publiques ».
Il est en effet temps d’établir un cadre juridique solide qui encadre le fragile équilibre entre liberté d’information et lutte contre la désinformation. Un équilibre rendu d’autant plus difficile à trouver à l’heure de la prolifération des canaux numériques. RT comme Sputnik ont déjà migré sur Telegram, une plateforme cryptée.
Ce numéro d’InsightNPA consacre son dossier à l’observation des stratégies des candidats français à la présidentielle sur les réseaux sociaux. Dans la bataille qui s’est engagée, elle montre des dispositifs encore un peu maladroits, insuffisamment ciblés vers les jeunes générations et des programmes peu approfondis sur ces questions au-delà des déclarations d’intention. Dans la bataille qui s’est engagée, il est temps que la classe politique prenne la pleine mesure des enjeux de l’information et avance des propositions construites dans ce débat européen .