Les années se suivent, et hélas, se ressemblent : entre 2014 et 2018, les sept principaux groupes audiovisuels européens (hors pay TV, donc ITV, ProSienbenSat1, Mediaset, RTL Group…) ont enregistré un chiffre d’affaires en croissance de 17,5% par rapport à ce qu’il était cinq ans plus tôt. Dans la même période, leur résultat net à bondi de 50% ; s’agissant de de TF1, M6 et NRJ, ces deux indicateurs ont progressé, en moyenne, de 10,2% et de 16,6%. Soit, à l’arrivée un taux de rentabilité qui a gagné 2,5 point pour les groupes européens (de 9% à 11,5%), et cinq fois moins, 0,5 point, pour leurs homologues français (de 7,6% à 8,1%).
A défaut de trouver leur explication dans un retard significatif de croissance (entre 2007 et 2017, l’économie française a gagné 0,8% par an, moins que la Grande Bretagne – 1,1% – et l’Allemagne – 1,2% – mais autant que la moyenne des pays de l’UE, et beaucoup plus que l’Espagne – 0,3% – ou l’Italie – 0,2%), ces résultats confirment l’analyse qu’avait dressé NPA Conseil dans son étude parue en octobre 2018 sur le nécessaire « choc de compétitivité » à appliquer aux groupes audiovisuels français.
D’autres chiffres en attestent : entre 2012 et 2017, l’écart s’est encore creusé en termes de ratio Pub/PIB, entre la France et l’ensemble des Etats Membres de l’Union Européenne.
La France est en retard aussi, pour la part du PIB affecté à la publicité TV :
Et les écarts se font vertigineux si l’on prend comme base de comparaison les Etats-Unis (1,22% pour le ratio Pub/PIB, 0,36% si on lui rapporte la publicité TV).
L’étude réalisée en 2018 avait pointé les écarts de réglementation qui pénalisent les groupes français dans le développement de leurs recettes de publicité, dans l’accroissement des revenus tirés de la production et de la distribution, ou encore dans la montée en puissance de leurs activités de diversification (e-commerce, investissements en media for equity…).
Aux mêmes causes correspondent donc les mêmes effets. Annoncée dès l’été 2017 par le Premier Ministre Edouard Philippe dans sa « feuille de route » à l’alors ministre de la Culture Françoise Nyssen, la réforme audiovisuelle reste à ce stade à l’état de projet, dans ses aspects réglementaires (sur la publicité notamment) autant que dans son volet législatif.
Franck Riester assure que son projet de loi sera déposé en Conseil des Ministres à l’été, pour une première lecture possible au Parlement avant la fin de l’année ; certaines rumeurs évoquent le printemps 2020, au plus tôt. Souhaitons que l’histoire donne raison au ministre de la Culture.