Si l’attention des professionnels du streaming s’est naturellement portée ce mardi 11 juin sur le lancement de Max, et notamment sur son intégration aux offres des distributeurs (l’INSIGHT NPA en propose ce jeudi 13 juin une revue détaillée), ils devraient également s’intéresser de près aux performances du forfait en série limitée lancé le même jour par Canal+. Disponible jusqu’au 15 juillet, « Canal+ Ciné Séries Essentiel » rassemble Canal+ et sept de ses déclinaisons, Max, Paramount+, Apple TV+, Cine+, Insomnia et OCS pour un tarif de 19,99€ la première année, sous réserve d’un engagement de 24 mois (tarif de 29,99 €/mois la deuxième année).
Disney+ ne figure pas dans cette liste, pour des considérations tenant vraisemblablement à la renégociation de ses accords de distribution avec Canal+ (lire par ailleurs Disney+ pourrait quitter les offres de Canal+ en 2025). Mais, beaucoup plus surprenant alors que Canal+ et Netflix ont annoncé le 31 mai le renouvellement de leur accord de distribution, le champion mondial de la SVoD en est également absent.
S’exprimant début mai dans Le Figaro, le président du directoire de Canal+ Maxime Saada avait annoncé le lancement de nouvelles offres destinées à exploiter le « potentiel de croissance » que le groupe conserve dans l’hexagone. L’arrivée de TV+ est apparue comme une première contribution à cet objectif (lire sur la plateforme INSIGHT NPA Avec TV+, Canal+ se pose en point d’accès de référence à l’univers connecté) ; avec « Ciné Séries Essentiel », Canal+ pourra vérifier s’il existe une clientèle significative, prête à se passer de Netflix en contrepartie d’un mix d’autres marques référentes du streaming (Canal+, Max, Paramount+ et Apple TV+ au premier chef) et d’un tarif inférieur d’un tiers à celui du bouquet Ciné Séries complet (19,99€ – soit exactement le même prix que le forfait premium de Netflix – vs 29,99€ pour Ciné Séries, en période promotionnelle l’un comme l’autre).
La réponse n’est pas triviale, tant le champion mondial est parvenu depuis bientôt dix ans (on fêtera le 15 septembre le 10e anniversaire de son arrivée dans l’hexagone) à incarner la SVoD. D’après le Baromètre des Usages Audiovisuels NPA Conseil / Harris Interactive, plus de deux Français sur cinq (41% ; 53% chez les moins de 35 ans) déclaraient à la fin du premier trimestre en bénéficier. Pour plus d’un tiers (36% ; 39% chez les moins de 35 ans), Netflix représente la seule plateforme à laquelle ils sont abonnés. Et les études réalisées sur le « churn and return » décrivent, en Europe comme aux Etats-Unis, une situation identique dans laquelle Netflix représente le service de référence au sein des foyers – donc relativement abrité des mouvements de désabonnements – autour duquel « tournent » les autres plateformes, au gré des calendriers de sorties de leurs franchises phare notamment.
Mais que Canal+ réussisse à démontrer que le leader lui-même n’est pas incontournable, en puisant par exemple dans le vivier des plus de 40 % de Français (43%) qui n’ont pas encore franchi le pas de la SVoD, rouvrirait considérablement le jeu pour les distributeurs, dans la conception des bundles qu’ils proposent. Et les Français ne seront pas les seuls à s’y intéresser : The Walt Disney Company et Warner Bros Discovery y trouveraient sans nul doute une motivation supplémentaire au lancement de la combinaison Disney+ / Hulu / Max dont ils ont annoncé l’arrivée au cours de l’été, tout en restant flous à ce stade (pricing, distribution…) sur les modalités de cette arrivée.