L’expression « fake news » désigne des informations mensongères délibérément inventées, se posant comme du journalisme dans le but d’influencer et de manipuler les lecteurs. Si la diffusion de fausses informations n’est pas nouvelle, les « fake news » se retrouvent de plus en plus au cœur du débat public dans un contexte où près de la moitié des citoyens européens disent s’informer via les réseaux sociaux.
Les fausses nouvelles se répandent grâce à la capacité pour chacun de contribuer à leur diffusion en temps réel, sur des plateformes qui n’ont, aujourd’hui, aucune obligation de contrôle ex-ante sur les contenus qu’elles hébergent. Pour y faire face, les pouvoirs publics ont exprimé leur volonté de lutter contre ces « fake news », tant au niveau national qu’européen.
En France, Nathalie Goulet, sénatrice UDI de l’Orne, a déposé une proposition de loi visant à sanctionner la diffusion de fausses informations dans les médias. Elle préconise l’instauration d’une peine d’un an de prison et 15 000 euros d’amende pour sanctionner la diffusion de ces fausses informations.
Au niveau européen, le Parlement européen ainsi que son président de l’époque, Martin Schulz, ont souligné, en décembre 2016, la nécessité de trouver une solution pour endiguer ce phénomène. Andrus Ansip, Vice-Président en charge du Marché Unique numérique, a de son côté, exhorté[1] les réseaux sociaux à renforcer leurs efforts pour contrer la prolifération de fausses nouvelles, et annoncé que les mesures d’autorégulation déjà prises pourraient être complétées par une « clarification » au niveau de l’Union européenne.
Au cours d’un débat en session plénière au sujet des discours de haine et des fausses informations sur les réseaux sociaux, le 5 avril dernier, certains députés européens ont plaidé pour l’autorégulation des plateformes, alors que d’autres ont appelé à l’introduction d’un cadre légal européen. « La censure n’est pas la solution lorsque l’on tente de faire respecter l’état de droit en ligne », a expliqué la députée libérale néerlandaise Marietje Schaake. « Je ne suis pas rassurée de savoir la Silicon Valley ou Mark Zuckerberg devenir de facto les maîtres de nos réalités ou de nos vérités », a-t-elle ajouté. Représentant la Commission, Andrus Ansip a affirmé vouloir combattre la propagation des « fake news » en améliorant l’éducation aux médias et la pensée critique des citoyens. Selon lui, il faut « croire au bon sens de notre peuple. Si les fausses nouvelles sont néfastes, créer un ministère de la Vérité est bien pire ».
Dans l’attente d’une possible « clarification » sur la réponse de l’Union européenne, des initiatives d’auto-régulation émanant de plusieurs médias sociaux se multiplient afin de contrer ce phénomène. En particulier, Facebook a annoncé en décembre 2016 la mise en place d’un outil qui permettrait aux utilisateurs de « signaler les fausses nouvelles » pour examen par des vérificateurs de faits externes du Réseau international de vérification des faits (IFCN).
Cap sur 2022 : vers la « certification » des informations sur les plateformes ?
Un tel procédé a déjà été mis en place par Facebook en Allemagne, permettant à n’importe quel utilisateur de faire remonter une information dont il questionne la véracité. Les liens signalés sont transmis et rassemblés au sein d’un portail dédié, accessible aux organismes partenaires en charge de la vérification. Si l’information est considérée comme fausse, son caractère contesté apparaîtra de manière visible sur la nouvelle. Si un utilisateur souhaite la partager, une fenêtre s’ouvrira préalablement pour informer l’utilisateur du caractère faux de cette nouvelle.
Le 31 mars dernier, Facebook a lancé son outil de Fact-checking en France, offrant la possibilité pour les utilisateurs de signaler les fausses nouvelles. Une fois signalées, les partenaires sélectionnés par le réseau social (l’AFP, BFMTV, L’Express, France Médias Monde, France Télévisions, Libération, Le Monde et 20 Minutes) pourront vérifier les informations litigieuses et les contester.
L’autorégulation pourrait donc permettre à chaque utilisateur d’avoir un rôle décisif dans la détection et le signalement des « fake news ». Les informations considérées comme mensongères ne devraient pas, pour autant, être supprimées, au risque de porter atteinte à la liberté d’expression – un label devrait permettre d’identifier le caractère contesté d’une information.