Le 15 avril 2021 marquait la 1000e parution de la note de veille INSIGHT NPA. Pour l’occasion 22 contributeurs exceptionnels partagent leur vision des enjeux clés de l’Horizon 2030.
Après la presse écrite, la télévision et le cinéma, c’est au tour du média radio d’être confronté à l’émergence des plateformes sur leur marché et à leur concurrence directe sur son secteur d’activité, notamment la radio en réécoute (podcast). Agrégateurs très attractifs, les géants du web ne cessent de renforcer leur position hégémonique, tout en se développant grâce à nos contenus. En très peu de temps, ils se sont interposés entre nous et les publics. Ils distribuent aujourd’hui les audiences et orientent notre compréhension du monde au travers de leurs algorithmes. Ce constat semble nous reléguer à n’être que des acteurs du passé.
Pourtant ce serait sans voir à quel point la radio a elle-même bénéficié des avancées du numérique. Les plateformes ont largement contribué à populariser un genre, celui des podcasts et permis de faire connaître nos contenus au-delà de la sphère des auditeurs fidèles de radios comme France Inter et France Culture. Même les réseaux vidéo, comme Youtube, sont devenus des relais clefs pour nos radios à l’image de la station Mouv’ qui va y parler aux publics jeunes n’écoutant pas (encore !) la radio.
Ces deux dernières années, force est de constater que nos radios ont largement profité de ce boom incroyable de l’écoute numérique, à la fois du direct radio et des podcasts. Nos succès d’audience numérique (2,5 milliards d’écoutes de nos programmes sur les 12 derniers mois) ne peuvent se comprendre sans cette anticipation sur la vague digitale, que nous avons prise à bras le corps.
Mais si nous sommes convaincus que l’écoute sur des plateformes tierces contribue à mettre en valeur et à mieux faire connaître nos contenus, nous sommes également pleinement conscients que la valeur de nos contenus et les droits de leurs auteurs et créateurs doivent être protégés par des règles du jeu clarifiées sur le numérique. La stratégie que j’ai mise en place dès le début de mon mandat à la Présidence de Radio France repose sur la préservation de cette valeur.
Cette stratégie s’appuie sur les partenariats que nous avons mis en place avec des acteurs comme Spotify et Deezer. Ils reposent non seulement sur le respect de l’intégrité de nos contenus et des droits d’auteur qui leur sont associés, mais aussi une chronologie des médias.
En parallèle, nous avons misé sur le développement de notre propre plateforme Radio France qui permet aujourd’hui non seulement une écoute en directe modernisée, qui représente encore 80 % de l’écoute, mais aussi sur des parcours qui mettent en valeur la diversité de nos contenus. Cette offre accessible à tous constitue une alternative de service public face aux propositions des plateformes, avec par exemple une offre musicale qui favorise une vraie diversité et prolonge sur le numérique la prescription de nouveaux talents qui est le savoir-faire de nos radios.
C’est un pari gagnant puisqu’en deux ans nous avons doublé l’écoute de podcasts sur nos propres sites et applications numériques pour atteindre une part de 32 % et nous rapprocher progressivement de l’objectif de 50 % d’écoute sur nos plateformes qui nous permettrait de garder la maîtrise de notre distribution.
Enfin notre stratégie repose également sur l’alliance avec les autres acteurs de notre média en France pour relever le défi de rester présents dans l’habitacle des voitures, qui représente plus de 30 % de l’écoute de la radio en France. Avec Radioplayer, qui s’appuie sur une technologie européenne, nous réinventons ensemble le « bouton radio » dans sa version numérique, notamment dans les voitures. Cela méritait bien de dépasser certains clivages traditionnels.
Cette capacité à évoluer fait plus que jamais de la radio un média d’avenir… et très certainement, avec le développement des assistants vocaux, le média prescripteur de la décennie qui commence.