L’originalité de l’information s’appauvrit
Le PDG de l’AFP a tout d’abord dressé un état des lieux du marché mondial de l’information. A travers 150 pays, l’Agence France Presse est dans une position d’acteur et observateur privilégié de la façon dont s’organise le marché. Emmanuel Hoog constate que « les rédactions n’ont plus le monopole de l’information, la valeur s’est déplacée et la majorité des journalistes ont été reportés sur l’information en direct ».
De plus, d’autres producteurs d’information sont désormais sur le terrain : les citoyens. Ces derniers sont devenus « des éléments de production de l’information », tout comme les « les lanceurs d’alerte » et même « les robots ». Il note ainsi une « paupérisation des acteurs historiques ».
Tout cela a pour effet, selon Emmanuel Hoog, de générer « une volumétrie exceptionnelle » d’informations qui s’est « multipliée à l’infini » ces dernières années. Par conséquent, il constate aussi un véritable appauvrissement de l’information, dont seule 40 % est originale aujourd’hui, contre 60 % d’information redondante. « Lorsqu’on est dans un flux continu d’informations toute la journée, on s’en rend compte », ajoute M. Hoog.
Le développement d’une géopolitique de l’information nouvelle
Avec le développement du phénomène des « fake news », des rumeurs et autres, Emmanuel Hoog souligne que « le paysage mondial retrouve une géopolitique de l’information nouvelle qui n’est pas simplement appuyée sur des agences d’information mais aussi sur un ensemble d’écosystèmes ou internet joue à plein ». « Entre médias traditionnels, nouveaux et médias sociaux, des blocs se construisent », constate-t-il.
L’AFP voit ainsi se développer une stratégie dans le domaine de l’information qui « pose des questions en termes d’influence ». A l’inverse de la stratégie européenne, qui se développe sur une « chronologie court termiste » et « sur des marchés très émiettés », nos voisins ont des « stratégies qui se développent sur 20-30 ans, et des acteurs portés par exemple par des alliances » entre les pouvoirs publics et de grandes entreprises.
Face à cela, l’Europe est devenue un « supermarché global », selon Emmanuel Hoog, où la régulation est sans cesse remise en question. « Les enjeux de service public et d’intérêt général sont passés de mode, ce que nos compétiteurs ont parfaitement intégré », ajoute-t-il.
Répondre à la question de la fiscalité et construire des acteurs européens de taille mondiale
Emmanuel Hoog pointe la nécessité de répondre à ces enjeux par une meilleure régulation fiscale, pour protéger la production sur le sol européen. Il faut arriver à faire monter des acteurs européens de taille mondiale : « il n’y pas de raison qu’il y ait les GAFA d’un côté et les chinois de l’autre », sans que l’Europe construise ses propres géants.
Il regrette enfin que la France prenne du retard en termes de réflexion sur ces sujets : là où il y a ailleurs des « think tank », la France a « des trous noirs. On a une culture, une capacité à faire du story telling, mais pour l’instant on n’a pas de stratégie très forte et très pensée en ce domaine ».
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