La saison estivale vient de s’achever outre-Atlantique. Comme chaque année, elle a été marquée par la présence de très nombreux blockbusters sur grand écran. Au global, les entrées salles ont rapporté près de 4,5 milliards de dollars de recettes[1]. Une performance quasi record (3e meilleur total de l’histoire) qui masque néanmoins une réalité plus complexe qu’il n’y parait pour les majors d’Hollywood.
A la clôture de la saison estivale (du 1er vendredi de mai au 1er lundi de septembre), le Box-Office américain enregistrait 4,483 milliards de dollars de recettes. Un total stable par rapport à 2015 (4,484 Mrds $) et proche du record établi en 2013 (4,75 Mrds $). Si la performance a de quoi ravir les studios américains, dans le détail, elle interroge sur la limite des stratégies entreprises par l’industrie hollywoodienne depuis plusieurs années. Dans les faits, seule une poignée de productions ont réellement rencontré le succès. Des méga-blockbusters qui tirent à eux seuls le Box-Office américain (et mondial) et laissent derrière eux quantité d’échecs financiers. Tour d’horizon des enseignements du Box-Office de l’été 2016.
Disney règne en maître sur le Box-Office
Sur les cinq films en tête du classement de l’été 2016 (aux États-Unis comme à l’international), deux ont été produits par Disney. Captain America : Civil War, troisième opus de la franchise, a amassé près de 1,2 milliard de dollars depuis sa sortie début mai. Il s’agit du plus gros succès des huit premiers mois de l’année 2016. Sorties sur grand écran en juin, les suites des aventures de Nemo, Le Monde de Dory, ont quant à elles rapporté 950 millions de dollars à travers le monde et devraient franchir le milliard de recettes d’ici à la fin de l’exploitation du film en salles. Une performance déjà atteinte ou approchée cette année par deux autres productions du studio – Zootopie (sortie le 4 mars ; 1 023 M$ de recettes) et Le Livre de la Jungle dans sa version live-action (15 avril ; 964 M$) – qui permet à Disney de réaliser la prouesse de compter un film milliardaire (ou quasi milliardaire) par mois au Box-Office mondial quatre mois de suite (de mars à juin).

Parmi les six majors, Warner Bros. gagne une place par rapport à l’été 2015 en affichant 1,9 milliard de dollars de recettes (dont 867 M$ sur le marché domestique) contre 1,3 milliard un an plus tôt (606 M$ aux États-Unis). Une performance atteinte avec pas moins de huit sorties sur la période, soit le plus gros contingent de films produits parmi les principaux studios. La Fox présente quant à elle un ratio atypique entre recettes réalisées sur le marché domestique et à l’international. Alors que l’étranger compte en moyenne pour 53% du Box-Office pour les cinq studios concurrents, il représente 77% des revenus cinéma de la Fox. Une dépendance vis-à-vis de l’international de plus en plus indispensable pour le studio qui a vu ses dernières productions boudées par le public américain (exemple le plus marquant avec L’Âge de Glace : Les Lois de l’Univers qui a totalisé 63 M$ de recettes aux États-Unis pour 335 M$ à l’étranger). Enfin, la Paramount confirme une nouvelle fois qu’elle traverse une passe difficile avec seulement 611 millions de dollars collectés sur la période.
La mécanique de la copie finit par s’essouffler
Si une poignée de films ont décroché le jackpot cet été (entre 500 M$ et 1 Mrd $ voire plus de recettes), 2016 aura surtout été marquée par une série d’échecs retentissants sur des productions à très gros budget. Une situation qui met en lumière l’essoufflement de la stratégie hollywoodienne consistant à recycler, revisiter ou étendre les univers cinématographiques déjà établis. Ainsi, à l’exception de quelques méga-blockbusters plébiscités en masse par le public, les succès de l’été ne sont pas forcément à chercher du côté des franchises et autres productions dotées d’un budget énorme.
Il est de coutume de considérer que pour qu’un film soit rentable, ses recettes soient a minima deux à trois fois supérieures à son budget de production. Un écart qui, au-delà du budget de production, permet de couvrir les frais marketing (variables selon la taille du film et le nombre de territoires d’exploitation), les taxes et commissions exploitants. Sur la base de ce raisonnement, l’été 2016 s’avère particulièrement délicat pour nombre de blockbusters. Du 6 mai au 5 septembre 2016, près d’une vingtaine de productions relevaient de suites, remakes ou reboots. Exception faite des deux superproductions Disney citées plus haut, beaucoup n’ont pas rencontré le succès escompté, échouant à égaler ou dépasser les performances de leurs prédécesseurs. Les suites des Tortues Ninja, Alice au Pays des Merveilles, Star Trek ou Independence Day, les remakes/reboots de Ben-Hur, S.O.S. Fantômes ou Tarzan figurent ainsi parmi les plus grosses déceptions de l’été au Box-Office. Autre cas de figure, Le BGG – Le Bon Gros Géant, qui ne relève pas d’une franchise mais d’une adaptation, celle du livre de Roald Dahl. Le film a essuyé un échec retentissant en récoltant 55 M$ aux États-Unis (165 M$ au total) pour un budget de 140 M$. Il s’agit de la plus mauvaise performance enregistrée par Steven Spielberg, son réalisateur, depuis 11 ans (Munich en 2005).


[1] Source : ComScore
[2] Le tableau comparatif n’inclut pas trois œuvres reprises en 2016 par Hollywood (Peter et Elliott le Dragon, Ben-Hur et Tarzan), faute de périmètre comparable (absence de données mondiales du temps des œuvres originales)

