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De nombreux annonceurs publicitaires ont récemment gelé leurs dépenses sur les services de Google, après avoir constaté que leurs publicités pouvaient être associées à des contenus extrémistes.
En réponse à cette réaction, Google leur assure de renforcer son mécanisme de filtrage automatisé des contenus sur ses plateformes, ainsi que la réactivité de son système de « notice and take down ».
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Suite à la publication d’un article du Times le 17 mars dernier, de nombreux annonceurs ont réalisé qu’ils finançaient des publicités qui se retrouvaient associées, sur YouTube, à des contenus d’incitation à la haine et au terrorisme. Certains, tels que le Gouvernement britannique, la BBC, AT&T, Verizon, l’Oréal ou la branche britannique de Havas, par exemple, ont alors décidé de retirer leurs publicités de YouTube et de Google Display. Paul Frampton, dirigeant d’Havas Media à Londres, a résumé la position des annonceurs insatisfaits : « nous maintiendrons cette position jusqu’à ce que YouTube et la plateforme Google Display prouvent leur capacité à assurer les standards attendus par nos clients ».
Pour remédier à ces troubles, Google a annoncé les mesures correctrices qu’il comptait prendre pour mettre fin à ce boycott. Philip Schindler, responsable business au sein de l’entreprise, a ainsi divulgué son projet de modifier la politique de publicité du groupe, qui offrirait aux annonceurs de nouveaux outils pour maîtriser la diffusion de leurs publicités. Il a notamment annoncé le lancement d’un programme de recrutement pour augmenter la capacité de Google à réagir rapidement à des signalements de contenus haineux. Matt Brettin, Président de Google pour l’Europe, a par ailleurs indiqué que l’entreprise s’engageait à « faire mieux dans trois domaines : élever ses critères pour sa politique publicitaire, simplifier les contrôles et ajouter des filets de sécurité automatique, et investir davantage pour agir plus vite lorsqu’un contenu extrémiste controversé est signalé par des utilisateurs ».
La pression du marché a donc suscité une réaction diligente de la part de Google qui ne souhaite pas perdre ses annonceurs, prenant le pas sur les mesures d’autorégulation proposées par la Commission européenne dans le cadre de la révision de la directive « services de médias audiovisuels » concernant la lutte contre la diffusion de contenus haineux sur internet. En effet, l’article 28 bis de la proposition de directive prévoit d’obliger les Etats membres à veiller à ce que « les fournisseurs de plateformes de partage de vidéos prennent, de préférence au moyen de la co-régulation, les mesures appropriées pour protéger l’ensemble des citoyens des contenus comportant une incitation à la violence ou à la haine visant un groupe de personnes ou un membre d’un tel groupe, défini par référence à la race, la couleur, la religion, l’ascendance, l’origine nationale ou ethnique ». Cet article ne prévoit pas les modalités que ces mesures devraient suivre.
La réactivité de Google face aux annonceurs pose la question de savoir si les ayants-droit seraient en mesure d’exercer une telle influence sur les plateformes pour renforcer la protection de leurs œuvres sur internet. Les débats au Parlement européen sur l’article 13 de la proposition de directive « droit d’auteur » relatif aux mesures à mettre en place par les plateformes pour s’assurer du bon fonctionnement des accords avec les titulaires de droits suggèrent, pour l’heure, l’inverse. Cette disposition est contestée notamment dans les projets de rapport et d’avis des commissions des affaires juridiques et du marché intérieur, toutes deux saisies au fond sur l’article 13. Les rapporteurs estiment qu’elle pourrait entrainer de potentielles censures abusives et empêcher l’application d’exceptions au droit d’auteur.