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Média locaux et régionaux : quelle offre à l’ère numérique ?

Olivier Montels – Deputy director, Regional Network France 3

En introduction, Olivier Montels rappelle quelques chiffres-clés du réseau France 3 Régions :

  • 3 400 collaborateurs en charge de la préparation de l’information de proximité
  • 116 implantations dans la France entière
  • La diffusion des contenus régionaux, majoritairement de l’information, sur l’antenne France 3 correspond à trois chaînes en pleines exercices. 24 000 heures de contenus sont diffusés chaque année.
  • 24 journaux lancés simultanément.

Oliver Montels rappelle l’image ancienne et conservatrice que l’on pouvait avoir de la chaîne France 3 ainsi que du tournant numérique que la chaîne a dû prendre grâce, notamment, à la réforme territoriale. En effet, le passage fut délicat d’une organisation autour de 4 pôles à 13 rédactions calquées sur la réforme du découpage territorial. De plus 13 postes de délégué numérique ont été créés, poste qui n’existait pas jusqu’à présent dans les rédactions de France 3.

Pour Olivier Montels, l’information locale a un succès considérable sur les réseaux sociaux et le numérique. Il donne en exemple les 88 millions de vidéos visionnées en septembre sur l’ensemble des plateformes de la chaîne ainsi que sur les déclinaisons régionales. Il ne s’agit pas uniquement de modules préalablement diffusés en linéaire sur les écrans de télévision mais aussi de modules hybrides. En effet, les programmes et le montage sont adaptés au format numérique avec des contenus qui peuvent être consommés en « snacking » ou des vidéos entièrement sous-titrées sans aucun son. Les programmes courts fonctionnent également très bien sur les réseaux sociaux avec l’exemple du programme On a la solution qui a pour but de rassembler toutes les bonnes initiatives mises en place dans les régions de France.

Il s’agit également d’un changement des usages : le public fait maintenant la démarche d’aller chercher son information de proximité sur les réseaux sociaux, notamment Facebook. Olivier Montels insiste sur la formation apportée aux équipes pour inculquer la notion du « web first » à l’ensemble des équipes ainsi qu’au public pour que le web soit le premier rendez-vous de l’information, tout autant que le journal télévisé de midi.

Pour optimiser l’audience des pastilles et des programmes sur les réseaux sociaux, Olivier Montels aborde la stratégie du « cross postage » : un sujet posté sur France 3 Aquitaine est « cross posté » sur les 23 antennes de France 3 régions, ce qui augmente de 30 % à 40% le nombre de vues.

L’objectif est aujourd’hui d’être en capacité de continuer à faire de la télévision tout en utilisant les codes du web. Il aborde l’exemple du dispositif multi-caméras mis en place durant le marathon de Nice destiné uniquement à un live Facebook. Facebook est considéré comme un partenaire pour Olivier Montels, en reprenant l’exemple des 88 millions de vues en septembre, il explique que 83 millions sont issus de Facebook. Il s’agit d’un outil marketing très puissant pour France 3. Néanmoins, Twitter n’est pas dans le même cas de figure ainsi qu’Instagram, le développement est moins important. Pour Olivier Montels Facebook est plus pertinent car cela permet de toucher un téléspectateur dont l’âge moyen va se situer entre 25-40 ans tandis que le téléspectateur moyen de la chaîne France 3 a en moyenne 61 ans.  L’objectif est de toucher le plus d’utilisateurs et de valoriser les contenus et non pour l’instant de monétiser les contenus.

Concernant la collaboration avec France Bleu, Olivier Montels insiste sur l’importance de travailler ensemble, avec l’idée de mutualisation. « Il y a l’envie de travailler sur des programmes hybrides radio-télévision qui pourraient profiter aux deux entreprises ».

Olivier Gerolami, CEO Sud Ouest

Interrogé sur la transformation de la presse face aux évolutions numériques, Olivier Gerolami précise que celle-ci doit être radicale et rapide tout en conservant la qualité et le professionnalisme des médias locaux et régionaux. Depuis quelques années, le groupe Sud Ouest s’est ainsi lancé dans un plan de transformation globale sur plusieurs étapes du fait de la digitalisation :

  • La transformation dans la production de contenus : la rédaction est passée de 95% de journalistes travaillant exclusivement pour le papier et 5% pour le web il y a quelques années, à aujourd’hui l’ensemble de la rédaction produisant des contenus pour le papier, le site web et l’application mobile. La priorité est ainsi donnée au digital, selon la stratégie du web first, pour produire des contenus d’information en continu sur l’ensemble des écrans.
  • La transformation dans la monétisation de ces contenus : Olivier Gerolami part d’abord du constat que les revenus issus de la presse papier classique, les revenus diminuent progressivement avec un rythme d’érosion de l’ordre de 2% à 3%. Il est donc impératif d’avoir des relais de croissance sur la monétisation des contenus à travers le site Internet et l’application freemium. Ainsi un certain nombre de contenus ne sont accessibles qu’aux abonnés au nombre de 20 000 aujourd’hui pour Sud Ouest payant 10 euros par mois, l’objectif étant de 50 000 en 2020. Pour rappel, la diffusion totale de l’ensemble des titres du groupe s’élève à 250 000 exemplaires. L’objectif global du groupe est donc de transformer à terme les utilisateurs gratuits en abonnés payants. De plus la monétisation des contenus passe également par la publicité. Ainsi le groupe Sud Ouest est en passe de dépasser les 8M d’euros de chiffre d’affaires digital net cette année, ce qui représente plus de 15% de l’ensemble des revenus publicitaires du groupe.
  • La transformation dans la diversification : le dernier chantier réside dans la diversification des sources de revenus autres que le cœur business traditionnel du groupe. Ainsi Sud Ouest s’est lancé dans une activité d’évènementielle en rachetant il y a un an l’agence évènementielle leader à Bordeaux. Quant à sa régie publicitaire, qui ne vend plus uniquement ses propres espaces, se transforme également pour devenir une agence de communication et plus généralement une agence média à 360 degrés dans la région en proposant des espaces papiers et displays sur les titres du groupe mais propose aussi des campagnes Google Adwords, de l’évènementiel, du marketing, de la génération guide, des campagnes de publicité diversifiées avec notamment paiement sur rentabilité, etc.

Sud Ouest est également partenaire du projet Gravity permettant entre différents acteurs médias la mise en commun des données et de la R&D afin de créer un écosystème puissant en concurrence avec les GAFA.

Interrogé enfin sur une possible dépendance des médias locaux et régionaux aux GAFA, Olivier Gerolami nie toute dépendance de Sud Ouest vis-à-vis de Facebook puisque le groupe n’en trouve aucun intérêt économique malgré une tentative sur Instant Articles. En revanche, le groupe travaille régulièrement avec Google, via notamment Google Analytics, mais aussi la consultation des articles du groupe via le système AMP grâce auquel la monétisation publicitaire serait plus intéressante selon Olivier Gerolami.

Christophe Musset, CEO Réseau Vià

Christophe Musset débute son intervention en insistant sur la stratégie de Vià en tant que réseau indépendant de télévision locale. Cette indépendance ne peut se renforcer qu’en créant une marque ombrelle avec une déclinaison locale permettant un réseau étendu et un marketing fort. De plus, cette indépendance ne peut être garantie que par un système de diffusion mutualisé permettant l’accès à la mesure d’audience par Médiamétrie ce qui manquait cruellement aux chaînes de télévision locales. A terme, l’objectif de Vià est d’arriver à monétiser les audiences des chaînes locales sur le marché publicitaire national, ce qui renforcera leur offre de programmes locaux. Cette stratégie s’est déjà enclenchée il y a quelques semaines avec l’arrivée de Vià Grand Paris et Vià Occitanie en septembre. D’autres chaînes locales viendront s’ajouter à ce projet, le groupe ayant une fonction de support tout en laissant aux chaînes leur indépendance éditoriale. Ce seront ainsi 15 chaînes qui feront partie du groupe d’ici février 2018 et 20 à 25 dans un an.

Interrogé sur MyVideoPlace, plateforme digitale B to B créée par Christophe Musset, destinée à héberger, partager et monétiser les vidéos premiums, celui-ci précise la nécessité de maîtriser la chaîne de valeur dans le domaine de la vidéo, de la production jusqu’à la diffusion. MyVideoPlace permet aujourd’hui aux chaînes du réseau Vià l’échange de vidéos ce qui constitue une force majeure pour le groupe. De plus, grâce à cette plateforme digitale, un contenu peut être simultanément mis à l’antenne, sur les réseaux sociaux et sur le site web de la chaîne. Enfin, via la géolocalisation, le contenu créé localement permet de vendre de la publicité ciblée avec des prix de vente supérieurs à ceux sur le marché publicitaire national.

Christophe Musset rappelle enfin que les chaînes doivent produire 1 heure de programme frais par jour et diffuser jusqu’à 50% de programmes syndiqués selon des conventions signées entre les chaînes locales et le CSA. Ainsi Vià Paris va créer des programmes syndiqués diffusés sur les chaînes du réseau tout en donnant de la visibilité aux programmes créés localement au niveau national. Cependant, le CEO du réseau Vià rappelle que les chaînes locales resteront malgré tout indépendantes malgré la mutualisation du système de diffusion et des audiences agrégées.

Jérôme Poulain – CEO Réseau France Live et Mstream

Natif de la production audiovisuelle, Jérôme Poulain décide de créer une agence de production audiovisuelle, Mstream. L’agence est notamment en charge de la production exécutive du programme 9h50 le matin sur France 3 Pays de la Loire. En 2011, il crée un réseau d’application mobile dédié aux villes, aujourd’hui composé de 24 villes avec plus de deux millions de téléchargements et 500 000 utilisateurs réguliers. C’est un réseau laboratoire pour l’entreprise, permettant de tester les usages vidéo. Le modèle économique s’appuie sur la publicité, au départ en régie, pour basculer peu à peu sur un modèle avec des contenus de type ligatus (lien sponsorisé avec une monétisation plus conséquente).

« Au cœur de ces applications mobiles, on trouve l’opportunité d’avoir une revue de presse média locale en plus d’autres informations de proximité telles que le temps et le trafic routier ». Jérôme Poulain insiste sur l’aspect d’un réseau d’initiative locale permettant de relier une information nationale avec un angle local.

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