Alors que le paiement sans contact se développe grâce à l’essor des cartes bancaires sans contact et à la multiplication des systèmes de paiement NFC dans les points de vente , c’est au tour des solutions de paiement mobile de prendre leur envol et par le Royaume-Uni que Google et Apple, avec leurs solutions respectives, ont décidé de pénétrer le marché Européen.
Android Pay : une solution de paiement pour tous les smartphones Android 4.4 équipés NFC
La solution de paiement mobile d’Android fait partie des premières à avoir été lancées sur ce segment. En effet, l’application Android Pay est une évolution de Google Wallet et vient s’installer en complément de l’application Wallet (lancée en 2011) pour ne pas créer de doublon. L’expérience est plus intuitive (pas besoin d’ouvrir une application) et l’application Wallet se concentrera désormais sur sa fonction de paiement en peer-to-peer. La solution « Pay » est disponible aux Etats-Unis depuis septembre 2015 et ne s’est implantée nulle part ailleurs depuis. Mais la semaine dernière, le géant de Moutain View a annoncé son intention d’attaquer le marché Européen d’ici quelques mois, en commençant par le Royaume-Uni. Pour cela, la liste des premiers partenaires a déjà été annoncé. Il manque néanmoins à l’appel, la banque Barclays (numéro 2 derrière HSBC) qui mise sur sa propre solution (« Barclay Card app ») qui sera prochainement compatible avec Apple Pay (Apple n’ouvrant pas l’accès NFC à des développeurs tiers).
Android Pay fonctionnera avec tous les smartphones équipés de la technologie NFC et d’une version d’Android récente (4.4+). Il suffira d’ajouter la carte à l’application (possibilité de scanner la carte avec la caméra). Comme Apple Pay, la technologie est supportée par le standard « tokenisation » qui sécurise la transaction et évite toute divulgation des informations bancaires. Grâce à cette technologie, c’est un numéro virtuel qui est envoyé lors de la transaction et non le numéro de la carte. Alors qu’avec Apple Pay, ce numéro est produit par la puce Secure Element implémentée dans l’iPhone, avec Android Pay, il faut passer par le cloud (technologie HCE, pour « Host Card Emulation »). Android Pay utilise la solution NFC de Softcard, racheté il y a un an aux 3 opérateurs Verizon, AT&T et T-mobile. Google a également mis en place un système de sécurité (Android Device Manager) qui permet de bloquer instantanément le smartphone à distance, changer le mot de passe ou encore supprimer complétement les données personnelles.
Pour se différencier des cartes bancaires sans contact, le service a ajouté un système d’achat in-app pour plusieurs applications partenaires ainsi que l’intégration de cartes de fidélité. La solution devrait arriver en Australie d’ici la fin du premier semestre 2016, qui sera donc le 3ème marché. Le système de paiement a connu une croissance modérée aux Etats-Unis avec 1,5M de cartes ajoutées depuis son lancement. Comme chaque solution de paiement mobile, Android Pay est tributaire de l’accord des banques et à la différence d’Apple, Google ne réclame aucune commission sur les transactions. Pour aller plus loin, Google a présenté récemment sa solution Hands Free qui représenterait l’étape suivante du e-paiement puisqu’il n’y aurait même plus besoin de sortir le smartphone de sa poche, la connectivité Bluetooth ainsi que les différents capteurs permettant de détecter automatiquement la présence de l’utilisateur.
Le marché du paiement mobile de plus en plus encombré
Pas forcément un concurrent direct pour Android Pay, le service Apple Pay est déjà présent dans plusieurs pays et notamment en Europe. En effet, Apple a également choisi le Royaume-Uni comme point d’entrée, avec un lancement du service en juillet 2015 (un peu moins d’un an après son lancement aux Etats-Unis). Un choix assez logique dans la mesure où iOS a 38,6% de PdM sufr le marché des Smartphones selon les données de Kantar. Depuis, Apple s’est installé en Chine (3M de cartes enregistrées en 72 heures contre 1M aux Etats-Unis), à Hong Kong, à Singapoure et bientôt en Espagne. Les négociations seraient en cours avec les banques Françaises pour une éventuelle arrivée au Q2 2016 et ce malgré l’accord entre Apple et Orange. La solution de paiement mobile « Orange Cash » était jusqu’alors supportée par les smartphones Android mais pas par les iPhones, ce qui a amené Stéphane Richard a contacter directement Apple pour demander l’ouverture de l’accès de la puce NFC à d’autres fournisseurs de service de paiement. A l’issue du show hello, le PDG d’Orange a déclaré avoir trouvé un accord avec la firme de Cupertino. Le service devrait être disponible sur iPhone dans quelques semaines.
Dans l’univers Android, les initiatives se multiplient chez les constructeurs. Samsung Pay a annoncé le lancement de son service en Europe courant 2016 avec deux pays ciblés : l’Espagne et le Royaume-Uni. Le géant Coréen a plus communiqué sur sa solution qu’Android, et a de grandes ambitions sur ce marché. Samsung mise sur le fait que les « early adopters » du paiement mobile sont, en général, des personnes qui ont acheté des smartphones haut de gamme, comme le Samsung S6 ou S7. L’autre avantage de Samsung est sa technologie qui fonctionne aussi bien avec les anciens systèmes de paiement (non équipés de récepteur NFC) que les nouveaux systèmes, et ce grâce à l’acquisition de Loop Pay pour 250M de dollars. Samsung a d’abord déployé son service en Corée du sud (août 2015) puis aux Etats-Unis (septembre 2015) avant d’attaquer la Chine cette semaine où il n’est que le 6ème acteur du marché et surtout confronté à une concurrence extrêmement rude (Alibaba Pay, Wechat et Apple Pay installé depuis un mois). Tout comme Apple Pay, cette solution est sécurisée grâce au PIN ou la fonction de reconnaissance de l’empreinte digitale, en plus du système de « tokenisation ».
L’autre grand constructeur sud-Coréen, LG, a lui aussi dévoilé son service, LG Pay. Le service se veut un peu différent des autres puisqu’il pourrait proposer, en plus du système de paiement mobile, une “white card” qui prendra la forme d’une carte de crédit et qui servira à réaliser des paiements avec LG Pay. La carte disposera d’un écran et de boutons taciles pour que l’utilisateur puisse choisir le compte bancaire à utiliser. Le lancement du service a été repoussé pour laisser de la place à la sortie du nouveau smartphone « G5 ». Le service sera dans un premier temps réservé aux consommateurs Coréens. Du côté de la Chine, Huawei y va aussi de son propre service baptisé Huawei Pay qui a été annoncé début mars. Ce sont donc ces 3 acteurs (Samsung, LG et Huawei) qui se positionnent comme concurrent direct à Android Pay. Pour ces constructeurs, l’enjeu est également de décliner ces solutions aux wearables qui représente le prolongement naturel du smartphone.
Dans ce marché de plus en plus encombré, c’est encore Apple qui donne le ton. Même si la tendance est à l’usage du paiement sans contact et plus spécifiquement au paiement mobile (en tout cas aux Etats-Unis et en Chine), les géants de la tech devront aussi faire face aux solutions des banques et des opérateurs. Les banques comblent progressivement leur retard technologique en se rapprochant des start-ups de la fintech et ont l’avantage d’avoir puétablir une relation de confiance avec leurs clients. En France, quatre grandes banques (BNP Paribas, Groupe BPCE, la Banque Postale, Société Générale) expérimentent déjà le paiement mobile via le Cloud en partenariat avec Visa.