L'édito de Philippe Bailly

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Ce qu’Yves Calvi, Yann Barthes et Grégoire Margotton disent de TF1

L’information a d’abord été analysée du point de vue de Canal+ : le départ de Yann Barthes et ses conséquences éventuelles sur le devenir des plages en clair de la chaîne. De fait, un scénario d’évolution vers le 100% crypté n’aurait rien d’illogique si l’on en croit la stratégie de priorité aux abonnés arrêtée par Vincent Bolloré, de la difficulté croissante du « clair » à remplir efficacement le rôle de vitrine qui lui avait été dévolu, et d’un équilibre coût de la tranche / recettes de publicité (durablement sans doute) compromis. On imagine mal par ailleurs les groupes concurrents de Canal+ protester contre une telle hypothèse : elle aboutirait à « rendre » aux chaînes gratuites 4 à 5 points de pat d’audience entre 19 et 21 heures (près du double sur les CSP+)… et plus de 130 M€ de publicité à se partager.

barthes

Mais les annonces de ce début de semaine sont tout aussi intéressantes à observer pour ce qu’elles suggèrent, coté TF1, sur les directions imprimées par son nouveau Pdg Gilles Pélisson.

S’agissant de Yann Barthes, d’abord, son arrivée en quotidienne sur TMC apportera l’élément d’aspérité qui lui a fait défaut ces dernières années pour contrer la montée en puissance de D8. Et ce en respectant parfaitement le ciblage sur les 25-49 ans défini pour la chaîne : l’âge moyen du public du Petit Journal était cette saison de 46,9 ans (46,1 ans en 2014-2015), et c’est sur la population 35-49 ans que l’émission a le mieux résisté à l’érosion subie depuis septembre dernier. A titre de comparaison, les téléspectateurs de Touche pas à mon poste ont en moyenne 36,1 ans.

Le recrutement d’Yves Calvi est porteur pour LCI d’un triple espoir : accélérer sa montée en notoriété grâce à une personnalité forte, et présente chaque matin à l’antenne de RTL ; élargir sa montée en puissance en allant puiser chez les fidèles de C dans l’air (1,5 millions de téléspectateurs environ en moyenne, et un pic à 2,5 millions fin 2015 au moment des élections régionales). Un public relativement âgé (67,5 ans en moyenne), donc disponible et susceptible, après avoir été attiré par Yves Calvi, de nourrir également l’audience de LCI pendant le reste de la journée ; le tout avec un anchorman emblématique de l’esprit de découverte, de curiosité et de décryptage, parfaitement représentatif donc de la promesse défendue par LCI devant le CSA pour obtenir son passage en clair.

Mettre en perspective enfin l’arrivée de Grégoire Margotton pousse davantage à la spéculation. Reconnu en tant que commentateur de match de football, celui-ci aura dans moins d’un mois l’occasion de mettre son talent au service de TF1 pour l’Euro. Mais au-delà ? Les droits de la Ligue 1 et de la Ligue des Champions, dont le groupe n’est pas ou plus diffuseur, ne seront pas remis en jeu avant plusieurs saisons. Reste ceux de l’Equipe de France, mis en vente fin avril par l’UEFA pour la période 2018-2022 et sur lesquels les enchères sont à déposer au plus tard… le 30 mai à midi. Tentant, dans ces conditions, de voir dans ce recrutement récent une confirmation de la détermination de TF1 à demeurer le diffuseur principal des Bleus…

Le 31 mai, Gilles Pélisson sera l’un des intervenants de la 23e Journée NPA / Le Figaro, de même que le Président de SFR Michel Combes, le Président du Directoire de Vivendi Arnaud de Puyfontaine, le directeur général de Bpifrance Nicolas Dufourcq, la Directrice exécutive Innovation, Marketing et Technologies du groupe Orange Mari-Noëlle Jégo-Laveissière, le Président France et EMEA du groupe Dentsu Aegis Network ou encore le Président de l’INA Laurent Vallet. L’occasion pour le Pdg de TF1 de mettre en perspective ces trois arrivées.