L'édito de Philippe Bailly

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CineEurope : un nouveau syndicat pour les exploitants de salles

L’UNIC, l’association européenne des exploitants de salles, la NATO, son homologue nord-américain, et une dizaine de réseaux de cinémas de premier plan s’associent pour créer la Global Cinema Federation, une nouvelle organisation représentant les intérêts des exploitants dans plus de 90 pays. Un rapprochement international qui se fait dans un contexte délicat, marqué par la menace toujours présente du piratage et les discussions des studios autour de la Premium VOD.

Création d’une fédération mondiale des exploitants

Conjointement à deux des syndicats les plus influents, l’UNIC (Union Internationale des Cinémas) et la NATO (National Association of Theatre Owners), onze des principaux opérateurs mondiaux de salles de cinéma[1] se sont associés pour donner naissance à la Global Cinema Federation. La première réunion regroupant l’ensemble des membres s’est tenue à Barcelone à l’occasion de l’édition 2017 de la convention CineEurope.

Fraîchement créé, ce syndicat à vocation internationale (plus de 90 territoires couverts à travers ses membres) aura la charge de défendre les intérêts des exploitants de salles. Pour ce faire, ses membres partageront leur expertise et leur expérience sur des problématiques diverses : le piratage et les défis réglementaires que représentent ce phénomène mondial, la défense de l’exclusivité de la fenêtre cinéma, l’harmonisation des standards technologiques, la relation avec les studios et la communauté créative en général, les procédures de sortie de film, le commerce international et les investissements étrangers ou encore le paiement de droits sur la musique.

La Global Cinema Federation se réunira lors d’évènements internationaux similaires à celui de CineEurope (CineAsia, CinemaCon…). Les onze membres fondateurs formeront l’organe décisionnaire du nouveau syndicat. L’adhésion ultérieure d’opérateurs supplémentaires est attendue. Pour cela, il sera nécessaire d’exploiter au moins 250 écrans à l’instar des Cinémas Gaumont Pathé, unique représentant français parmi les membres actuels. Les réseaux disposant de moins de 250 écrans seront autorisés à se joindre à l’initiative pour rester informés et soutenir les actions de prévention du syndicat sur les sujets clés. La Global Cinema Federation ne prévoie pas de faire payer de cotisations à ses membres. En contrepartie, les membres agiront bénévolement pour aider à la gestion quotidienne du syndicat.

La Global Cinema Federation au défi de la Premium VOD

Ce rapprochement mondial doit permettre de resserrer les liens entre les professionnels du monde entier comme cela a été rappelé au moment de l’annonce de la création du syndicat : « Cinema going today is a global and dynamic phenomenon, with growing annual box-office returns of $38.6 billion increasingly evenly spread across the world. With the rapid development of the industry in Latin America, Africa and the Asia-Pacific region, the operators involved recognize the extent to which the business opportunities and policy challenges they face are shared by counterparts across territories ». Il doit surtout permettre de renforcer la puissance et l’influence de l’industrie cinématographique dans un environnement particulièrement évolutif où les challenges à relever ne manquent pas. Des défis nouveaux au premier rang desquels la Premium VOD, nouvelle fenêtre d’exploitation discutée par les principaux studios hollywoodiens, dont la mise en place impliquerait un raccourcissement de la période d’exclusivité de la salle[2].

Poussé par cinq majors[3], le projet de Premium VOD consistant à avancer la fenêtre VOD quelques semaines seulement après la sortie salles ne cesse en effet de prendre de l’épaisseur outre-Atlantique. Une nouvelle fenêtre premium dont l’instauration pourrait permettre aux studios de redynamiser un secteur Home Entertainment particulièrement sinistré ces dernières années, passé de 24,9 Mds $ en 2004 à 12,5 Mds $ en 2016. Elle permettrait également de répondre à l’évolution des usages numériques et au besoin d’immédiateté des consommateurs. Les studios prennent au sérieux la menace Netflix, sa montée en puissance dans la production de longs-métrages et sa capacité à diffuser ses œuvres originales auprès d’un public de 100 millions d’abonnés à travers le monde.

La NATO a récemment confirmé que les studios concernés discutaient séparément avec les représentants des principaux opérateurs de salles des États-Unis, conformément aux lois antitrust en vigueur. A ce jour, seul le réseau AMC Theatres, premier exploitant de salles du pays, s’est positionné publiquement en faveur du projet de Premium VOD. De nombreuses incertitudes continuent néanmoins de peser sur le projet. La date d’ouverture de la fenêtre de Premium VOD, le prix de la location à l’acte, la typologie des films exploités ou encore la part reversée aux exploitants de salles constituent autant d’inconnues qui vont alimenter les négociations entre studios et exploitants pendant de longs mois. Les observateurs les plus optimistes font état de la possible mise en place d’un standard commun au début de l’année 2018.

[1] Liste des membres fondateurs : AMC Theatres, Cinemark, Cineplex Entertainment, Cinépolis, Cineworld, CJ-CGV, Event Cinemas, Les Cinémas Gaumont Pathé, Regal Entertainment Group, Vue International, Wanda Cinemas.

[2] Cf. Flash #832 « CinemaCon : la Premium VOD agite les coulisses de l’édition 2017 » et Flash #828 « Day & Date : un accord entre studios et exploitants de salles se précise aux États-Unis ».

[3] 20th Century Fox, Paramount, Sony, Universal et Warner Bros.

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