L’offre de programmes liés au cinéma dans le paysage audiovisuel français souligne l’importance accordée à la promotion d’un genre préservé et faisant partie intégrante de l’exception culturelle.
La télévision française propose ainsi, en comparaison avec les autres pays européens et les Etats-Unis, un large éventail de programmes dédiés au septième art. Cependant, ces programmes sont principalement diffusés sur les chaînes payantes et les chaînes historiques. Le genre n’a pas été réellement investi par les chaînes de la TNT malgré un énorme volume de diffusion de films. Seules HD1 (Clap), Gulli (G ciné) et NRJ12/Chérie25 (Le ticket de la semaine) proposent des formats courts multi rediffusés.
En termes de programmation sur la TNT gratuite, la quasi-totalité des émissions de cinéma se concentrent le week-end, en journée (CinéSix, Clap), en pré-prime time (Le Pitch, Avis de sorties, G Ciné, Le ticket de la semaine) ou la nuit (L’actualité du cinéma, Plein2ciné, Court-circuit le magazine, Plan séance).
Peu présents à l’étranger, les magazines de cinéma se concentrent sur les chaînes publiques européennes
- Etats-Unis
Le paysage audiovisuel américain accorde peu de place aux émissions de cinéma. L’actualité cinématographique est principalement vue par le prisme promotionnel et marketing, au sein des daily-shows et des late-shows qui accueillent acteurs et réalisateurs mais laissent peu ou pas de place à la critique cinéphile. Ainsi, les magazines de cinéma sont exclusivement présents sur les chaînes thématiques (et multidiffusés sur plusieurs cases pendant la semaine). Sur les chaînes spécialisées, le cinéma est abordé au travers de sous-thématiques, au sein de magazines donnant davantage la parole aux experts et aux professionnels du cinéma (aux « insiders ») qu’aux acteurs en promotion : Making a scene et Casting session sur Fox par exemple. Il n’existe pas de magazine au positionnement critique.
- Europe
Au Royaume-Uni et en Espagne, les magazines de cinéma sont principalement présents sur les chaînes publiques généralistes. L’axe éditorial de ces émissions est d’abord critique. Ainsi, BBC 1 (UK) et TVE 2 (Esp.) profitent d’émissions installées depuis plusieurs décennies : Film 2016 with Claudia Winkleman, aussi appelé The Film Programme lancé en 1971 et Dìas de Ciné, lancé en 1992. L’étude de ces deux formats a permis d’établir les clefs de leur longévité :
– Une incarnation au centre du programme pour Film 2016 sur BBC 1: l’émission est portée par une animatrice à forte notoriété et disposant d’une grande crédibilité puisqu’elle a démarré sa carrière comme critique de cinéma. Le titre de l’émission change chaque année et intègre le nom de l’animateur (3 animateurs en plus de 40 ans) et l’année. Une initiative qui renforce l’influence de l’animateur sur la ligne éditoriale.
– Un ciblage grand public (choix des films traités et diffusion de nombreux extraits pour illustrer les critiques) et une ligne éditoriale culturelle (discours cinéphile et documenté).
– Un traitement thématique des films à l’affiche pour Dias de Ciné sur TVE 2 (remise en contexte des films au travers de leur sujet, de la filmographie de leur réalisateur, etc.) ; ce qui permet de contourner une approche exclusivement critique.
Un format propice à une diffusion sur Internet
En comparaison avec la diffusion télé linéaire, Internet regorge d’émissions dédiées au cinéma. En effet, les contenus comme le format correspondent parfaitement à la consommation délinéarisée : formats courts, diffusions de bonus, d’interviews, critiques de films, parodies, etc.
Les chaînes de la TNT n’ont pas encore franchi le pas pour proposer des magazines cinéma uniquement sur Internet. Seule Arte, avec Blow Up, offre un webmagazine ludique consacré au genre. Mais la critique de films de cinéma sur internet est finalement devenue l’apanage des internautes eux-mêmes. En effet, en octobre 2015, Karim Debbache, un internaute fan de cinéma, lance un appel sur le site de financement participatif Ulule pour son nouveau projet : Chroma, une web-série de 10 épisodes de 15/20 minutes sur le cinéma. Il demandait 20 000 € aux internautes. Il en a finalement récolté 120 000, un record pour la plateforme.