Le marché de la robotique domestique est appelé à croître rapidement dans les 10 prochaines années[1] en raison notamment de la connectivité intégrée qui décuplera les scénarios d’usages. Alors que des premiers usages B2B sont apparus en 2015[2], les choses semblent se concrétiser également pour les usages grand public en 2016 et certains projets industriels comme celui d’Asus sont de bon augure pour le développement du marché. C’est aujourd’hui en Asie que la demande est la plus élevée.
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Asus Zenbo : un robot domestique convaincant et abordable
ABI Research distingue plusieurs types de robots dits « domestique » qui remplissent souvent une seule tache comme les aspirateurs connectés qui tiennent le haut du classement (cf. iRobot, leader du marché) ou encore les tondeuses. En revanche, plus rare sont ceux qui remplissent une multitude de fonctions pour un prix abordable. La baisse des coûts des composants, le développement du cloud et surtout les progrès de l’intelligence artificielle ont donc permis à Asus de présenter il y a 15 jours son robot « Zenbo » lors du Computex en Asie. Ce petit robot fabriqué par la firme Taiwanaise sera commercialisé à seulement 599$, soit le prix d’un smartphone haut de gamme ou d’un iPad pro. Le robot pourra se déplacer de manière autonome et détecter son environnement à l’aide d’une caméra et de nombreux capteurs. Zenbo pourra également recevoir des ordres vocaux et donner des informations grâce aux hauts parleurs et micros. Plus intéressant, le robot sera capable de jouer un rôle d’interface entre l’utilisateur et l’ensemble des autres objets connectés de la maison même si, sur ce point, Asus ne s’est pas attardé sur les spécifications techniques et les protocoles de communication supportés. On notera également sa capacité à détecter quelques situations d’urgence, et à déclencher un appel sur un numéro pré-enregistré (grâce à la reconnaissance faciale). Aucune date de commercialisation n’a pour le moment été communiquée mais les premiers retours semblent confirmer que le produit n’est pas en beta-test mais bel et bien prêt à la commercialisation. Le site d’information « Engadget » a présenté une vidéo qui illustre bien les capacités de « Zenbo » au-delà de la mise en scène officielle proposée par le constructeur.
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Le robot Buddy & Somfy : un partenariat qui illustre la convergence de la robotique et de la domotique
Plus connu du grand public, le robot Buddy de la start-up française Bluefrog Robotics est née d’une campagne de financement participatif sur « Indiegogo » à l’été 2015. Il s’apprête à entrer en phase d’industrialisation et devrait être disponible d’ici la fin de l’année pour 650€ seul et jusqu’à 1000€ en ajoutant des accessoires. Bluefrog Robotics et Somfy ont profité de la première édition du salon « Innorobot » qui s’est tenue à Paris fin mai pour annoncer un partenariat qui offre à Somfy une nouvelle expérience de pilotage de la maison connectée. En proposant un pilotage facilité de la box Tahoma, Buddy permettra aux membres du foyer d’interagir de façon ludique avec le robot et le reste de l’environnement Parrot Flower Power, Tensiomètre Withings, Aura Smart Body Analyzer, Thermostat Nest, Station météo Netatmo, Myfox Home Alarm, etc.. et devrait être compatible avec IFTTT. Les développeurs pourront également développer des applications librement pour ce petit robot qui intègre des technologies de reconnaissance vocale, faciale et des méthodes d’apprentissage automatique.
Même si l’on peut douter d’un fort taux d’adoption de ces premiers robots domestiques à court terme, cela reste une bonne nouvelle pour un marché qui a besoin de « cas d’usage » concrets pour se développer. De plus, ces robots permettent d’incarner les différents assistants personnels développés notamment par les GAFA. A noter que ce n’est pas le premier partenariat « domotique » de Buddy qui a déjà posé un pied en Chine en s’alliant avec Alpha.
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Jibo, Beam, Foldimate, Riley : des robots moins évolués mais qui répondent à des usages précis
Le désormais célèbre « Jibo » qui a démarré sa campagne sur « Indiegogo » à l’été 2014 et qui s’apprête à sortir son produit (disponible en octobre pour 749$) permettra également de contrôler son environnement à domicile mais avec une différence notoire : l’absence de mobilité, à l’inverse du Zenbo et du Buddy. Dans des usages beaucoup plus spécifiques mais qui trouvent leur place au sein du foyer, on retrouve par exemple le robot « Beam » d’Awabot qui permet de faire de la télé-présence. Cette société est partenaire d’Orange pour la connectivité et a été récompensée lors de la dernière édition du trophée des objets connectés. Autre cas d’usage, plus fantaisiste avec le robot « Foldimate » qui propose de plier les vêtements, ou encore le robot de surveillance Riley qui sera commercialisé dès cet été.
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En attendant l’éclosion du marché, les GAFA déploient tour à tour leurs assistants personnels
Ces robots multifonctions ressemblent en beaucoup de points à l’Amazon Echo et à ses émules mais avec de la mobilité et souvent une brique sociale (grâce à l’écran et les nombreux capteurs embarqués) qu’on ne retrouve pas forcément chez les premiers produits des GAFA qui se concentrent surtout sur le software. A court terme c’est sans doute ces derniers qui trouveront leurs places dans les foyers. En compétition direct, ils auront l’avantage d’être moins chers et d’être moins intrusifs que les robots domestiques. En plus, ces assistants répondent déjà en grande partie aux usages des robots (reconnaissance vocale, connexion internet).
Après le succès de l’Amazon Echo (179$ aux Etats-Unis) sortie fin 2014 puis l’engouement suscité par le nouvel assistant de Google depuis le début de l’année, Apple en revanche peine encore à convaincre. En retard sur ses concurrents, Cupertino a eu du mal à faire éclore son assistant « Siri »[3] mais tente tout de même d’apporter des améliorations avec l’annonce d’une ouverture aux applications extérieures et le contrôle de son écosystème domotique depuis la nouvelle application Home (pour rappel, Apple a racheté Vocal IQ en octobre 2015 pour renforcer son assistant). Cependant, et malgré les rumeurs persistantes, Apple n’a pas fait d’annonce concernant un nouveau produit qui intégrerait une brique de reconnaissance faciale (Apple a acquis Emotient et Perceptio, deux spécialistes du domaine).
Par effet halo, les assistants des GAFA permettront sans doute de familiariser l’utilisateur avec les technologies d’intelligence artificielle, lesquelles sont embarquées également dans les robots domestiques. D’autant que les assistants personnels continuent d’évoluer rapidement. Amazon, par exemple d’Amazon[4] travaille déjà à l’amélioration d’Echo en intégrant la reconnaissance des émotions par la voix …
[1] ABI Research prévoit une valeur multiplié par quatre en 10 ans pour le marché de la robotique domestique https://www.abiresearch.com/press/home-care-robotics-market-revenue-quadruple-2025-r/
[2] On retrouve Nao & Pepper de Soft Banks robotics dans certaines boutiques Darty, des gares SNCF, ou Pizzahut. Pepper va également intégrer la technologie Watson d’IBM pour améliorer ses capacités cognitives ce qui ouvre la porte à des usages grands publics.
[3] «Apple tries to find its voice with Siri as it looks to catch up in AI»:http://www.ft.com/intl/cms/s/0/44b69bd0-2ef0-11e6-bf8d-26294ad519fc.html#axzz4BS2SXgnr
[4] « Amazon Working on Making Alexa Recognize Your Emotions »: https://www.technologyreview.com/s/601654/amazon-working-on-making-alexa-recognize-your-emotions/