• Organisation globale
Les trois communautés (française, flamande et germanophone) qui composent la Belgique forment des marchés séparés ayant chacun leurs propres instances de régulation des médias audiovisuels et leurs groupes de télévision publics : RTBF pour la communauté française, VRT (Vlaamse Radio en Televisieomroeporganisatie) pour la communauté flamande et BRF (Belgischer Rundfunk) pour la communauté germanophone.
La loi de réforme institutionnelle de 1980 a rendu les communautés compétentes en matière audiovisuelle, modifiant ainsi profondément la nature du dispositif réglementaire. Les compétences des communautés sur le câble ont progressivement été précisées par la jurisprudence, de telle sorte qu’aujourd’hui, à l’exception des matières qui nécessitent une coordination nationale ou internationale (coordination des fréquences, police des ondes, etc.), toutes les questions relatives au câble dans le domaine de la radiodiffusion, y compris les aspects techniques, relèvent de la compétence des communautés. Seule subsiste une exception, de nature géographique, à cette règle générale : les réseaux de la région bilingue de Bruxelles-Capitale, “non linguistiquement identifiables” relèvent des matières culturelles bi-communautaires, dont la gestion est réservée à l’État fédéral.
Les principales chaînes du pays sont aujourd’hui disponibles en analogique et numérique via les offres payantes des réseaux câblés (Telenet, VOO, SFR Belgique), ADSL (Proximus du groupe Belgacom) et satellite (TV Vlaanderen et TeleSat). Les différents opérateurs du câble ainsi que Proximus sont tenus de distribuer les chaînes non cryptées disposant d’un “must carry”. L’offre de base de ces derniers doit au moins contenir les chaînes TV et les cinq radios de la RTBF, la télévision locale (suivant la zone de couverture), TV5 et les chaînes du service public néerlandophone et germanophone. Tout distributeur de services ne peut en outre proposer d’offre complémentaire de services de médias audiovisuels qu’aux utilisateurs qui ont un accès à l’offre de base. En communauté française, la télévision privée de la communauté, TVI bénéficie également du “must carry” pour ses deux principales chaînes, RTL-TVI et Club RTL.
• Le marché de la télédiffusion
La distribution de médias audiovisuels est un secteur important en termes économiques, avec 4,4 millions d’abonnés à une offre de télédistribution par le câble et des revenus issus de services payants évalués à plus d’1,1 milliard € pour l’ensemble de la Belgique.
Le câble est le mode de réception historique avec plus de 95% de la population raccordée aux réseaux câblés. Autrefois très éclaté, le marché a subi une concentration significative au cours des quatre dernières années. Aujourd’hui deux grands acteurs disposent d’un réseau conséquent et se partagent le pays en deux : VOO (appartenant à deux sociétés intercommunales Tecteo et Brutélé) dessert la Wallonie alors que Telenet (appartenant au groupe Liberty Global) est principalement implanté en Flandre. La région de Bruxelles-Capitale accueille quant à elle les deux opérateurs auxquels vient s’ajouter SFR (anciennement Numericable) présent dans 10 communes de la zone, dont Bruxelles-Ville.
Longtemps en position de quasi-monopole sur le marché de la télévision payante (la part du satellite est dérisoire), les opérateurs sont confrontés depuis 2005 à la concurrence de l’IPTV de Proximus (Belgacom) lancée sur son réseau xDSL. Proximus couvre la quasi-totalité de la Belgique (plus de 90% des foyers) représentant ainsi une alternative aux réseaux câblés. En partant de zéro abonné, l’ex-groupe Belgacom est parvenu, en l’espace d’une décennie, à attirer 1,8 million d’abonnés (35% de parts de marché), devenant le deuxième opérateur du pays et talonnant le leader Telenet (Liberty Global) dont le nombre d’abonnés TV décroit légèrement d’une année sur l’autre pour s’établir à 2 millions au 30 juin 2016. VOO complète le podium avec environ 900 000 abonnés laissant peu de place aux autres opérateurs dominés par SFR Belgium (110 000 clients).
L’innovation de la plateforme IPTV de Proximus a conduit à une numérisation rapide des réseaux câblés concurrents. Aujourd’hui la TV numérique a un taux de pénétration de 84%.
Le succès des deux plateformes historiques, câble de télédistribution et réseau xDSL de Proximus, laisse peu de place à la TNT, lancée en Belgique en 2010 (extinction des derniers émetteurs analogiques en Communauté française en mars 2011 et en Communauté flamande en novembre 2008). La RTBF assure la diffusion d’une offre de TNT en Fédération Wallonie-Bruxelles (FWB), qui couvre environ 75% de la population avec une antenne intérieure et plus de 90% avec une antenne de toit. Mais l’offre est très pauvre puisqu’elle est composée des trois chaînes TV de la RTBF (La Une, La Deux et La Trois), d’Euronews (avec la BRF TV en décrochage) et de BX1 (Télé Bruxelles) en région bruxelloise.
• Les principaux éditeurs de chaînes de télévision
L’analyse globale du temps moyen passé à regarder la télévision telle que mesurée par l’enquête audiométrique du Centre d’Information sur les Médias (CIM) montre que sur la période 2011-2014, les trois premières positions sont occupées en communauté francophone par RTL-TVI, la Une et TF1.
Si l’on raisonne en termes de groupe, après une légère baisse de ses parts de marché en 2013, la RTBF enregistre une hausse de 1,2 point en 2014, pour atteindre une part de 22,1%, soit son niveau le plus élevé depuis 2007. Le groupe TVI (RTL-TVI) reste leader avec ses trois chaînes, avec 24,7% en 2014, mais voit ses parts de marché diminuer légèrement depuis 2009. Les autres chaînes privées belges (AB3, AB4 et BE1) restent marginales dans le paysage audiovisuel francophone avec une part de marché totale de 4,7% en 2014 (contre 5,0% en 2013). Les chaînes françaises occupent, elles aussi, une place importante avec une part de marché de 27,3%, en baisse toutefois depuis 2008.
Outre la RTBF, les chaînes locales bénéficient de subventions indirectes sur la base des contributions des câblo-opérateurs qui représentent environ 10 % à 15 % de leurs revenus (jusqu’à 16% en 2009). Les 12 télévisions locales (TVL) sont des ASBL qui ont été autorisées en Communauté française dès 1976 et qui ont ensuite été reconnues comme des entreprises culturelles chargées de missions de service public. À ce titre, elles reçoivent une dotation de la FWB complétée par des recettes publicitaires, un financement régional de soutien à l’emploi et par une contribution des câblodistributeurs.