Mercredi 17 mai dernier a eu lieu la conférence Google I/O destinée aux développeurs, un des évènements Tech les plus attendus chaque année. Les annonces faites cette année montrent clairement les objectifs poursuivis par Google : le développement et le déploiement de l’Intelligence Artificielle (IA) au sein de son outil Google Assistant.
Après avoir été le chantre du « mobile first » pendant de nombreuses années, Google semble désormais se tourner vers le « AI first ». Pour ce faire, l’entreprise de Mountain View a multiplié les annonces la semaine dernière autour de ses différents produits et services. Toutes ces annonces ont en commun d’avoir un lien plus ou moins prononcé avec l’intelligence artificielle et son déploiement concret au sein des services proposés aux utilisateurs.
Le déploiement de l’IA et de l’assistant vers le public Android
De plus en plus de fonctionnalités utilisant l’IA, ou tout du moins certaines briques d’IA, seront prochainement disponibles pour le grand public, d’après les annonces de Google I/O. Tout d’abord Google Lens sera présent dans Google Photos et surtout dans le Google Assistant. Il s’agit d’un ensemble de services en lien avec la vision permettant l’identification d’objets instantanément via la caméra du smartphone ou à partir de photos enregistrées. Le service proposera également un système de reconnaissance faciale qui serait à en croire Google plus efficace que les êtres humains pour reconnaître des personnes. Autre évolution permise par l’IA, la capacité du terminal à se connecter automatiquement à un réseau Wifi en dirigeant la caméra vers le code dudit réseau.
Google Assistant, déjà présent sur 100 millions de terminaux, notamment la Shield TV de NVIDIA, sera bientôt présent sur iPhone via une application, sur Android TV, Android Auto (Audi et Volvo ont récemment annoncé que leurs futurs modèles intégreront Android Auto), Android Things (pour les objets connectés) et pourra bientôt l’être dans n’importe quelle smart-machine grâce à un SDK dédié. L’assistant est pour le moment disponible en anglais, allemand et portugais mais de nouvelles langues comme le coréen, le français et l’espagnol seront mises à disposition au cours de l’année.
Autre annonce, l’ajout de fonctionnalités pour Google Home, le haut-parleur contrôlé par la voix grâce à Google Assistant, qui doit être lancé cet été au Canada, en Australie, en France, en Allemagne et au Japon. Ces nouvelles fonctionnalités permettront de passer des appels sans avoir à se servir de ses mains, de choisir sa musique en parlant via Soundcloud, Deezer ou Spotify, de gérer son calendrier, de trouver des itinéraires ou des données géographiques sur un téléphone, etc. Le principal objectif reste de concurrencer Amazon Echo qui contrôle 70% du marché des haut-parleurs contrôlés par la voix cette année. Même si Google n’accuse aucun retard en termes de technologie, le lancement de Google Home semble venir rattraper un retard en termes d’incarnation par l’objet d’une solution technologique, comme Amazon a su le faire avec Echo.
La fonctionnalité « Smart Reply » permettra également aux utilisateurs de Gmail de répondre plus rapidement aux mails. Plus globalement, l’OS Android pour smartphones va faire l’objet d’une multitude de mises à jour dans le cadre de la mise en place d’Android O (la version 8.0 de l’OS) qui intégreront quelques capacités liées à l’IA, comme l’amélioration des notifications, une meilleure sécurité, un démarrage et des applications plus rapides ainsi qu’un copier-coller amélioré.
Prises individuellement, toutes ces annonces peuvent laisser l’impression d’un saupoudrage de l’IA sans grande cohérence. Pourtant, nous sommes bien en train d’assister à la création autour de Google Assistant d’un nouveau service global basé sur de l’intelligence artificielle. La stratégie de Google consiste donc à créer son assistant pas à pas, tout en déployant les fonctionnalités simultanément afin d’être progressivement présent partout sans avoir à construire un outil complet qui pourrait ne pas rencontrer le succès espéré.
Un déploiement appuyé par la force de frappe impressionnante de Google
L’intelligence artificielle repose avant toute chose sur l’apprentissage automatique, sur le machine learning. Il s’agit de la capacité de la machine à s’améliorer d’elle-même lorsqu’on l’utilise. C’est grâce à cette faculté que Google Traduction traduit mieux, que les « fakes news » sont reconnues plus facilement, que les informations sont de plus en plus personnalisées, etc. Pour améliorer ses services IA, Google compte s’appuyer sur sa communauté. Durant la conférence, l’entreprise a annoncé qu’il y avait désormais 2 milliards d’appareils qui tournaient sous Android. C’est l’atout majeur de Google : en proposant à ses utilisateurs d’utiliser ses solutions IA, celles-ci vont s’améliorer au fil des usages. Et plus les usages seront nombreux, plus ces services seront précis et efficaces.
Mais la puissance de Google en la matière ne s’arrête pas là. Grâce à la masse de données issues des recherches et des comptes Google+, l’entreprise peut s’adapter très rapidement aux besoins des utilisateurs. De plus, en permettant à n’importe quel constructeur d’intégrer Google Assistant à un terminal grâce au SDK dédié, les possibilités sont décuplées.
Avec ces annonces et le passage vers le « AI first », Google semble envisager un futur sans smartphones. Google Assistant est le socle sur lequel Google compte construire l’avenir de l’expérience utilisateur. Cette expérience de nouvelle génération se fera en passant à travers tous les terminaux et toutes les plateformes. En dépit du nouvel objet Google Home, le fait de déployer Google Assistant au-delà des produits Android avec sa mise à disposition sur iPhone, ou via un SDK dédié montre la volonté d’en faire un service universel, là où Cortana de Microsoft par exemple n’est présent que sur les ordinateurs Windows.