Lancé en 2008 en Australie par Olivia Humphrey, Kanopy est un service de streaming vidéo destiné au monde universitaire. D’abord accessible seulement aux étudiants et professeurs, le service a fait évoluer son modèle économique pour se développer dans les bibliothèques publiques.
De la distribution de DVD à la VoD
A l’origine, Kanopy était un distributeur de DVD pour le secteur académique et universitaire. Sa fondatrice avait constaté que les étudiants consommaient plus de films que n’importe quelle autre catégorie de population mais que les campus mettaient à leur disposition seulement des livres et des revues. Pour Olivia Humphrey avant le lancement de son offre en 2008 : « Il y avait une grande déconnexion entre l’offre et la demande, qui n’avait aucun sens dès lors que l’on se rendait compte à quel point les étudiants étaient en demande de vidéo ».
Deux ans plus tard, en 2010, Kanopy a fait évoluer son offre pour se transformer en service de streaming en ligne. Depuis ce lancement en VoD, le service a développé son offre de titres pour atteindre 30 000 titres disponibles. Les contenus peuvent cependant varier en fonction des bibliothèques et de la situation géographique. Kanopy a également étendu son aire de distribution en s’installant dans de plus en plus d’universités aux Etats-Unis et à l’international. Aujourd’hui la plateforme a accès à plus de 5 millions d’étudiants grâce à des accords avec plus de 2 500 universités et campus en Australie, en Nouvelle-Zélande, à Singapour, à Hong-Kong, au Royaume-Uni et aux Etats-Unis.
Un système de pay-per-view attractif pour l’utilisateur et l’ayant-droit
Le modèle économique de Kanopy n’est cependant pas exactement celui d’un service de VoD classique. Les bibliothèques universitaires signent un accord avec Kanopy pour l’utilisation de leur service et l’ensemble du campus a ensuite accès gratuitement et sans limitation à la plateforme. Si l’utilisation est gratuite pour les étudiants ou les professeurs, c’est l’université qui supporte le coût du service via un système de paiement à l’acte complexe. Chaque fois qu’une vidéo a été visionnée au moins quatre fois, une licence d’un an est souscrite automatiquement par l’université. Chaque licence est tarifiée 150 $ par an partagés à hauteur de 50% entre le service et les ayants-droits. Ce niveau de partage est généreux pour l’ayant-droit par rapport aux taux généralement en vigueur, ce qui a permis à Kanopy de multiplier les partenariats. Par ailleurs, les professeurs peuvent faire une demande d’ajout de contenus sur la plateforme via la fonction « rechercher et trouver » s’ils ont besoin de certains films dans le cadre d’un cours par exemple, et Kanopy se charge ensuite de trouver les droits de licence et de mettre le film en ligne s’ils sont obtenus.
Les contenus présents sur la plateforme sont donc majoritairement des films d’art et d’essais, d’art contemporain, des documentaires ou des grands classiques dont beaucoup sont issus notamment de la Collection Criterion. Le but est aussi d’élargir la culture des étudiants, de leur offrir bien plus que des contenus universitaires et d’optimiser le catalogue de Kanopy. La fondatrice Olivia Humphrey precise “ pour concevoir notre curation nous considérons que les étudiants ne vont pas seulement à l’université pour assister aux cours où ils sont inscrits mais également pour s’ouvrir sur le monde, pour mettre en question leur identité et leur certitudes. C’est pourquoi nous mettons en avant les contenus sur l’identité et que parmis nos contenus les plus regardés on trouve des documentaires sur la race, la place des femmes, les questions LGBT et l’immigration. »
Extension du service aux bibliothèques publiques
Depuis cette année, Kanopy est également disponible dans des bibliothèques publiques, telles que la New-York Public Library, la Los Angeles Public Library ou encore la Chicago Public Library (477 bibliothèques publiques à travers les Etats-Unis). « Un de nos problèmes était que les étudiants fidélisés à Kanopy perdaient leur accès au service une fois diplômés […] maintenant que nous sommes lancés dans les bibliothèques publiques ils peuvent continuer à utiliser le service après leurs études, c’est une avancée logique pour nous » explique Olivia Humphrey. Le système est quasiment le même que pour les bibliothèques universitaires : une fois la collaboration signée, les membres de la bibliothèque publique ont accès à Kanopy et peuvent regarder des films grâce à un système de « crédits de visionnage ». Chaque bibliothèque offre un nombre de crédit à ses adhérents chaque mois. Lorsque qu’un utilisateur visionne un film, un crédit est consommé mais il dispose de 3 jours pour le regarder autant de fois qu’il le souhaite. La bibliothèque publique de New-York offre par exemple 10 crédits par mois à ses membres.
Avec les bibliothèques publiques, Kanopy opère un modèle économique de « 50/50 » avec les propriétaires de contenus qui touchent 50% sur chaque vente (c’est-à-dire chaque fois qu’un film est « joué »). Ce modèle est donc plus intéressant pour les propriétaires comme les bibliothèques, qui jusqu’à présent achetaient des contenus en gros qui n’étaient pas forcément visionnés. Avec Kanopy, les bibliothèques ne payent que si les films sont regardés. Le retour sur investissement est totalement différent et les bibliothèques sont les seules clientes directes de Kanopy.
Aujourd’hui Kanopy est également disponible pour les bénéficiaires en OTT via une application disponible sur IOS, Android, Apple TV, Roku et Chromecast.