Onze mois de gestation, 5 groupes de travail, 174 auditions, 76 contributions institutionnelles, 22 assemblées et consultations citoyennes, plus de 500 propositions… Rapportés aux 15 propositions et aux deux recommandations plus particulièrement retenues dans le rapport final, ces chiffres donnent la mesure de l’exercice de synthèse qu’a fourni le comité de pilotage des Etats Généraux de l’Information, dans le rapport présenté ce 12 septembre.
S’agissant des grandes plateformes, ce dernier propose de mobiliser les institutions européennes pour rendre plus efficace la lutte contre la désinformation (en coordonner et mutualiser les instruments au niveau communautaire, préparer l’acte II du DSA intégrant les évolutions apportées par l’IA…), pour agir sur le terrain économique en rendant plus transparent et concurrentiel le marché de la publicité digitale, et parfois pour combiner les deux objectifs (par l’obligation d’affichage des contenus d’information ou par l’instauration d’un « pluralisme des algorithmes »).
Au plan national, la proposition de mise en place d’une « contribution obligatoire » des plateformes prélevée sur leurs recettes de publicité digitale est également à mettre au registre de la contrainte.
Mais pour le reste, c’est d’abord sur une logique de rassemblement des forces que reposent les propositions qui ont été rendues publiques.
Participation de l’Education nationale, à travers le renforcement de « l’éducation à l’esprit critique et aux faits », dans une logique qui emprunte à Confucius : apprendre au lecteur à reconnaître les fake news plutôt que de se limiter à lutter contre leur flot intarissable.
Renforcement des instances d’échange entre les éditeurs et les rédactions, avec la généralisation des comités d’éthique, et l’organisation de procédures de consultation en cas de changement dans la hiérarchie, plutôt que logique de confrontation, à laquelle conduirait la systématisation du droit d’agrément, par les journalistes, de celui ou celle appelé(e) à les diriger.
Mobilisation, enfin, des entreprises, et des agences médias qui les accompagnent, avec l’instauration d’une « responsabilité démocratique » qui les conduirait – Etat en tête – à être transparentes sur la part de leurs budgets de communication qu’elles allouent aux médias d’information. Et sur celles qu’elles dépensent dans d’autres environnements.
« Il y a urgence, et l’heure n’est plus à l’éparpillement de mesures sectorielles », prévient le Rapport dans son introduction.
C’est donc à une mobilisation générale qu’il appelle. Il n’est plus qu’à espérer que le futur gouvernement, quel qu’il soit, se saisisse de l’enjeu.
PS : le 10e anniversaire de l’arrivée en France de Netflix représente également un événement, tant il symbolise le basculement engagé du monde audiovisuel vers l’univers du broadcast. L’Insight NPA y revient largement cette semaine, qu’il s’agisse de l’analyse – inédite – des comptes de Netflix France en 2023, de l’intégration progressive des streamers à l’écosystème de la production ou de la façon dont la réglementation s’est adaptée à la montée en puissance des streamers.
En 10 dates, NPA Conseil retrace également quelques moments clé de la décennie qui a fait de Netflix un acteur incontournable.