La crise sanitaire a démultiplié les usages de loisir et professionnels en ligne et renforcé le besoin de connexions efficaces et rapides. La généralisation de la fibre optique pour les réseaux fixes ou de la 5G pour les réseaux mobiles est un des enjeux de l’année 2021. Il reste 12 millions de prises fibre à installer dans les zones les moins denses et une enveloppe de 570 M€ a été allouée pour parvenir à 100 % de couverture en 2025. La 5G lancée en fin d’année 2020 se déploie progressivement.
En boostant les usages des services en ligne en général, et particulièrement les applications de streaming vidéo, les événements virtuels et conférences à distance, – toutes pratiques consommatrices de débit, – la crise sanitaire a démontré la nécessité cruciale de connecter l’ensemble du territoire et de la population avec des réseaux adaptés à ces usages croissants. 2021 doit être l’année de la poursuite du déploiement de la fibre optique jusqu’au domicile des abonnés (FttH) et du réseau mobile 5G, lancé en fin d’année 2020.
On a pu craindre que le premier confinement de mars à mai 2020 ait fait prendre du retard dans le plan de déploiement de la fibre. Il n’en est rien.
Sur l’ensemble de l’année, InfraNum, la Fédération des industriels de la fibre et du numérique, a annoncé le 8 janvier que la filière a surpassé ses performances en franchissant la barre des 5 millions de prises FttH déployées, « ce qu’aucun autre pays européen n’a jamais réalisé » se félicite la Fédération.
Ainsi 24 millions de prises sont désormais raccordables et un abonné internet sur 2 est connecté à plus de 30 Mbits. L’année 2020 se clôture donc sur des chiffres en phase avec les objectifs du plan France THD, conclut InfraNum.
Les derniers chiffres de l’Observatoire des marchés des communications électroniques de l’Arcep, publiés le 3 décembre et portant sur le 3e trimestre 2020, font état au 30 septembre 2020, de 22,3 millions de locaux éligibles aux offres Très haut débit FttH, soit une hausse de 33 % en un an. Ce sont 3,9 millions de lignes qui ont été déployées au cours des 9 premiers mois de l’année.
Et au cours de ce 3e trimestre, le nombre d’abonnements à très haut débit (débit maximum descendant supérieur ou égal à 30 Mbit/s) s’est accru de près d’un million d’accès supplémentaires. Le nombre d’abonnements à très haut débit s’élevait ainsi à 13,6 millions, soit 45 % de l’ensemble des accès internet sur le territoire français (+9 points en un an) et 50 % du nombre de locaux éligibles au très haut débit, en croissance de 3 points en un an.
Une fin d’année 2020 record pour les abonnements fibre
Le nombre d’abonnés au très haut débit n’a jamais cru autant qu’au 2ème semestre 2020, assure pour sa part InfraNum, qui remarque que « si le confinement a certainement accéléré le besoin, l’appétence est désormais bien établie » et s’attend à de nouveaux records de raccordements en 2021
Pour autant, d’importantes disparités subsistent entre les territoires. L’enjeu de 2021 sera de les résorber. En effet, la majorité de la croissance se fait toujours dans les zones dites « AMII » (zone dans laquelle un ou plusieurs opérateurs privés ont manifesté leur intérêt pour déployer un réseau en fibre optique) et c’est là où les opérateurs ont fait un effort particulièrement important au 3e trimestre, relève l’Arcep. Dans les zones très denses, qui affichent une moyenne nationale de déploiement de 83 %, « certaines villes sont encore sous-équipées (…) » constate InfraNum.
12 millions de prises à déployer dans les zones RIP
Quant aux zones RIP (Réseaux d’initiative publique), moins denses, elles ont enregistré au 3e trimestre un rythme de déploiement des lignes Ftth soutenu. Mais avec un total de 5 millions de prises fin 2020 selon InfraNum, il en reste 12 millions à déployer. « Le chantier RIP est devant nous ! D’autant que chacune de ces prises représente en moyenne 3 fois plus de linéaire à déployer qu’en zone dense ou AMII » prévient Etienne Dugas, président de la fédération.
La crise a rendu la fracture numérique entre métropoles hyperconnectées et territoires ruraux où des élèves confinés n’arrivaient pas à suivre l’école à la maison faute de connexion suffisante, de moins en moins acceptable.
L’Etat, dont le Plan Très Haut Débit prévoit 100 % de couverture du territoire en 2025, vient d’annoncer une enveloppe de 570 M€ pour accélérer le déploiement du très haut débit. Dès le 16 janvier, 420 M€ ont été alloués aux RIP qui ne disposaient pas encore d’un projet financé pour la généralisation de la fibre à horizon 2025. Ils sont situés dans 7 départements et deux régions.
Les 150 M€ restants seront alloués d’ici l’été pour surmonter les difficultés de raccordement à la fibre optique. Le soutien total de l’Etat au Plan France Trés haut débit s’élève désormais à 3,57 milliards d’euros.
5G année 0
L’année 2021 sera aussi celle du déploiement à grande échelle de la 5G. Les fréquences pour le réseau mobile de nouvelle génération ont été attribuées en novembre 2020 et les opérateurs ont lancé leurs premières offres commerciales 5G entre fin novembre et mi-décembre 2020.
L’obligation initiale qui leur était faite de couvrir au moins deux villes fin 2020 a été levée du fait des modifications de calendrier liées à la crise sanitaire. Mais l’objectif d’une couverture de 100 % du territoire en 2030 reste inchangé. Mi-décembre 2020, les opérateurs ont ouvert commercialement 7 500 sites 5G, selon l’Observatoire du déploiement 5G de l’Arcep.
Une étude d’Ericsson de septembre 2020 estimait que cette technologie pourrait capter 3,5 millions d’abonnés en France dès sa première année de commercialisation, en raison de l’intérêt des Français pour de nouveaux services comme le divertissement à réalité virtuelle et augmentée, les jeux dans le cloud ou l’éducation immersive.
Mais encore faudra-t-il que ces services commencent à exister et que le bénéfice en termes de vitesse du réseau soit évident. Car selon les fréquences utilisées, l’augmentation des débits par rapport à la 4G+ n’est pas forcément significative. En 2021, la 5G devrait rester en mode découverte et son adoption progressive.