L'édito de Philippe Bailly

Vous souhaitez recevoir l’Insight NPA ?

Daily Insight 07/12/2022

Cadre juridique

Chronologie des médias : accord de principe sur une double « expérimentation », mais pas sur la VoD premium à 45 jours
Lors de la réunion qui s’est tenue le 6 décembre au CNC, les entreprises et organisations professionnelles ont acté un double accord de principe sur deux « expérimentations » visant à assouplir la chronologie des médias. La première, qui vise principalement les films à gros budgets (plus de 25 M€) produits ou initiés par les plateformes de SVoD, devrait garantir aux chaînes en clair de pouvoir les diffuser dans une fenêtre exclusive de deux mois ; la seconde, émanant du SEVAD (Syndicat des Editeurs de Vidéo à la Demande), vise à casser la « barrière des quatre mois », en généralisant la capacité à proposer les films en EST (téléchargement définitif) – voire également en « location » – trois mois après leur sortie (cette possibilité est aujourd’hui réservée à ceux qui ont réalisés moins de 100 000 entrées). Le CNC s’est chargé de mettre en forme juridique un avenant à l’accord du 24 janvier 2022, qui pourrait être finalisé dans les premiers jours de 2023, et être signé au moment de son premier anniversaire. Bien que pouvant se prévaloir de plusieurs précédents à l’étranger, la 2e proposition du SEVAD qui prévoyait l’expérimentation pendant un an de sorties en VoD premium (selon un « prix minimum » à définir et avec une « promotion encadrée pour ne pas parasite l’exploitation en salles ») à 45 jours, n’a pas été retenue à ce stade.
Lire notre article sur InsightNPA

Avis positif de l’Arcom avec des réserves sur les avenants aux COM de l’audiovisuel public
Dans un avis n° 2022-17 du 30 novembre 2022 relatif aux projets d’avenants aux contrats d’objectifs et de moyens (COM) 2020-2022 de France Télévisions, Radio France et France Médias Monde pour l’exercice 2023, l’Arcom prend acte de la décision du gouvernement de prolonger les COM de l’audiovisuel public d’un an « afin de bâtir une nouvelle fiche de route » pour l’audiovisuel public et émet un avis positif tout en assortissant son avis d’observations. L’Arcom déplore une reconduction des indicateurs pour les années 2020, 2021 et 2022 en 2023 ne prenant pas en compte « les réalisations effectives des groupes ». Ainsi, la cible du groupe France Télévisions en matière de couverture hebdomadaire des 15-24 ans reste inchangée depuis 2020 alors même que les performances du groupe sont de près de 15 points supérieures à la cible. De même, la couverture hebdomadaire des 4-14 ans par France Télévisions (fixée à 60 % comme en 2022) est jugée trop modeste, alors même que le groupe est en baisse depuis 2019 sur cette cible qui peine à regarder la télévision (471 000 en 2019 et 308 000 en 2022). A contrario, trois des quatre indicateurs relatifs aux audiences numériques applicables en 2022 de Radio France sont inchangées alors même que les cibles fixées pour 2021 n’étaient pas atteintes.
L’Arcom souligne également l’absence de trajectoires pluriannuelles des COM. Or, pour le régulateur, il est nécessaire de « donner rapidement de la visibilité aux entreprises concernées au-delà du prochain l’exercice, dont la garantie est un élément indispensable à son indépendance ». Le régulateur exclut toutefois, pour le moyen terme, une augmentation du financement par la ressource publicitaire.
Consulter l’avis de l’Arcom

Audiovisuel

Mondial 2022 : audiences en recul en Europe par rapport à 2018 sauf pour les Bleus
D’après le magazine Challenges, un quart d’Européens en moins a regardé les matchs de leur équipe lors des poules de la Coupe du Monde 2022 par rapport au Mondial 2018. Ils étaient en moyenne 85 millions à suivre les trois matchs de leur sélection nationale lors des phases de poule en 2018. Ils ne sont plus que 64 millions quatre ans plus tard. Une baisse de 26 %, selon les calculs de Challenges. La France fait figure d’exception : les matchs de l’équipe de France battent des records. 14,32 millions de téléspectateurs ont regardé France-Pologne (3-1) dimanche 4 décembre entre 16 heures et 18 heures sur TF1, avec une part de marché de 68,9 % C’est la meilleure audience de l’année 2022, devant le premier match de l’Equipe de France de ce Mondial face à l’Australie (12,5 millions de téléspectateurs). A titre de comparaison, le 8e de finale de la Coupe du monde 2018 contre l’Argentine (4-3) n’avait réuni « que » 12,6 millions d’amateurs de football, rappelle 20 minutes. Il est vrai que pour cette édition, l’audience hors domicile est prise en compte par Médiamétrie. C’est en Allemagne que le recul est le plus fort en 4 ans, avec, à des horaires comparables, 26,3 millions de téléspectateurs en moyenne devant la Mannschaft en 2018 et seulement 14,5 Millions en 2022 avant son élimination  le 1er décembre.
Lire Challenges et 20 Minutes

ITV pourrait renoncer à diffuser l’actualité
Selon le quotidien The Guardian, le groupe britannique a fait part à la secrétaire d’État au Numérique, à la Culture, aux Médias et aux Sports, Michelle Donelan de ses difficultés à faire face à la montée en puissance des services de streaming et de son inquiétude à voir son modèle économique menacé. Il plaiderait en conséquence pour la possibilité de réduire les programmes d’information qu’il est tenu de proposer, bien qu’opérateur privé financé par la publicité, du fait de son statut de diffuseur de service public (PSB). Ce statut permet notamment aux chaînes de disposer d’une numérotation avantageuse dans les plans de service. Cependant, selon le groupe britannique, cet avantage serait remis en cause par la mise en avant dont bénéficie certaines plateformes de streaming sur les télécommandes et les écrans d’accueil des téléviseurs connectés. Se séparer des programmes d’information, coûteux en production et quasiment jamais rentables, serait pour ITV un moyen de réduire ses coûts. Avec cet argument, le groupe de télévision entend faire agir le gouvernement britannique afin que ce dernier vote une législation qui encadre davantage l’activité et les investissements des géants de la VOD. La diffusion de l’information reste un enjeu de souveraineté majeur pour les médias nationaux et locaux. « Si demain, un diffuseur comme ITV renonçait à couvrir l’actualité, cela reviendrait à priver les citoyens d’une source d’information » commente Le Figaro.
Lire l’article du Figaro

Streaming

L’ancien président de WarnerMedia prévoit une consolidation du marché du streaming en 2023-2024
Jason Killar, fondateur de Hulu et éphémère CEO de WarnerMedia évincé à la suite de la fusion avec Discovery, a publié le 6 décembre une tribune dans The Wall Street Journal pour partager ses réflexions sur « la guerre du streaming ». Selon Killar, l’industrie devrait subir des bouleversements importants au cours des 24 prochains mois, avec plusieurs fusions et / ou acquisitions « majeures » qui conduiront à la disparition des plus petites plateformes de streaming et à la consolidation du marché autour de quelques acteurs très puissants. « Il y aura de multiples victimes commerciales dans les guerres du streaming payant et quelques vainqueurs (…) Dans ce scénario, pas plus de trois sociétés de divertissement mondiales sont susceptibles d’atteindre l’échelle requise dans le streaming, [à savoir] 300 millions d’abonnements dans le monde avec un Arpu moyen de 15 dollars par mois, pour générer des flux de trésorerie attractifs. ». Pour les vainqueurs, les investissements consentis seront largement rentabilisés avec des flux de trésorerie qui dépasseront probablement les 10 milliards de dollars. Killar précise que les services de streaming d’Apple et Amazon ne rentrent pas dans son analyse, le modèle économique de leur maisons mères étant très différent de celui des groupes de médias et de divertissement.
Lire la tribune dans le WSJ

Etats-Unis : 23 % des abonnés à Disney+ privilégieraient le forfait avec publicité
Le groupe Disney opère ce jeudi 8 décembre son tournant vers la publicité, aux Etats-Unis. S’ils demeurent au tarif qu’ils paient actuellement (7,99$ par mois), les abonnés verront 4 minutes de publicité par heure s’ajouter à leur visionnage (hors programmes jeunesse qui ne seront pas « pubés ») ; il leur faudra désormais débourser 10,99$ par mois s’ils souhaitent conserver une offre vierge de toute publicité. Une étude, réalisée du 5 au 24 septembre par Kantar auprès de clients de la plateforme, indique que 23% d’entre eux privilégieraient la première option. En mars, le groupe a annoncé que l’offre avec publicité seraient étendue à l’international en 2023.
En France, d’après les résultats du Baromètre OTT NPA Conseil / Harris Interactive, ce pourcentage pourrait s’élever à 37 % dans l’hypothèse où le groupe opterait pour le même schéma (ouverture à la publicité pour forfait actuel à 8,99€/mois et création d’un abonnement sans publicité à 11,99€ par mois). A ces clients « ad-friendly », pourraient s’ajouter 11 % de nouveaux abonnés qui opteraient pour la même formule, soit, au total, une pénétration potentielle de 16% dans l’ensemble de la population pour le forfait Disney+ avec publicité (étude réalisée du 6 au 12 octobre auprès de 3932 répondants de 15 ans et plus).
Lire l’article de Deadline

Etats-Unis : HBO Max a nouveau disponible via l’offre Amazon Channels
Au terme d’un accord effectif depuis le 6 décembre entre les groupes Warner Bros. Discovery et Amazon, il est à nouveau possible pour les Américains de s’abonner à HBO Max via le service d’agrégation du e-commerçant, Amazon Channels. D’après Variety, cet accord, qui portera ses effets jusqu’à fin 2024, prévoit la transition des clients qui auront souscrit à la plateforme par cet intermédiaire vers le nouveau service unifiant HBO Max et Discovery+, attendu pour le printemps 2023 et qui pourrait s’appeler Max.
Les relations entre les deux groupes avaient été rompues en septembre 2021, WarnerMedia (devenu WBD) jugeant insuffisantes les données partagées par Amazon sur le profil des abonnés acquis via Amazon Channels. Variety estime à 5 millions le nombre des clients qui étaient alors concernés.
Si « Warner Bros. Discovery ne distingue pas le nombre d’abonnés à HBO/HBO Max dans ses publications financières trimestrielles », Variety rappelle que « le nombre d’abonnés aux services D2C du groupe (HBO, HBO Max et Discovery+ principalement) a augmenté de 2,8 millions au niveau mondial au cours du troisième trimestre, pour atteindre 94,9 millions ».
Lire l’article de Variety

Vous êtes abonnés à l’Insight NPA ? Merci de renseigner vos identifiants pour accéder à l’ensemble de cet article.

Pas encore inscrit à l'Insight NPA ?