Comment TF1 veut tripler ses revenus sur la vidéo digitale en trois ans
Pour TF1, l’année 2024 commencera vraiment avec une semaine de retard. Comme l’a révélé Rodolphe Belmer dans Le Figaro, c’est le 8 janvier que le groupe dont il est le PDG mettra à l’antenne, sur TF1, la matinale d’information animée par Bruce Toussaint et la nouvelle version de Plus Belle la Vie. C’est le même jour, surtout, qu’il lancera TF1+, la plateforme qui portera son ambition de s’affirmer comme champion national du streaming gratuit.
Offre de programmes à la demande plus large et sur des durées allongées, défense ciblée du linéaire, changement de paradigme dans l’organisation de la distribution et fonctionnalités nouvelles permettant d’adapter la proposition à l’écran utilisé apparaissent comme les quatre piliers de la stratégie dévoilée par Rodolphe Belmer. L’objectif est d’au moins doubler en trois ans la part de TF1 dans la publicité vidéo numérique, et d’y puiser alors 260 à 300 M€ de chiffre d’affaires a minima.
NPA Conseil vous propose une première analyse des annonces de ce lundi 13 novembre.
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Business
Un chiffre d’affaires presque stable pour Banijay à fin septembre
Le pôle Production et distribution de FL Entertainment, Banijay, a enregistré un chiffre d’affaires de 2,148 Mds€ sur les neuf premiers mois de 2023, en légère croissance de 1,2% par rapport à la même période de 2022 (2,122 Mds€). L’activité de distribution a été la plus dynamique, avec une croissance de 3,9%, à 277,5 M€, alors que la production a progressé de 1,5%, à 1770,4 M€. Les autres activités – notamment l’événementiel – perdent 9,7%, à 99,7 M€. Au cours du seul 3e trimestre, FL Entertainment indique que l’activité de production a enregistré un gain de 7,7%, quand la distribution perdait 12% « en raison d’un effet de base négatif ».
Sur l’ensemble de l’exercice, Banijay indique que l’annulation de certains événements, en raison du conflit au Moyen Orient, impactera le chiffre d’affaires de ce pôle d’activité et, finalement, l’EBITDA du groupe, à hauteur de 10 à 15 M€, par rapport aux 750 M€ annoncés.
Deutsche Telekom relève ses prévisions pour la troisième fois depuis le début de l’année
L’opérateur historique de télécommunications en Allemagne a publié le 9 novembre d’excellents résultats trimestriels lui permettant de relever pour la troisième fois ses prévisions annuelles pour 2023, s’attendant désormais à un bénéfice ajusté avant intérêts, impôts et dépréciations (EBITDAaL) d’environ 41,1 milliards d’euros et à un flux de trésorerie disponible de plus de 16,1 Mds€. Concernant les derniers résultats, le PDG Timotheus Höttges a déclaré : « Je suis rarement satisfait, mais honnêtement, même moi, je trouve peu de choses à critiquer ». De fait tous les indicateurs sont au vert (+0,7 % pour le chiffre d’affaires, +6,2 % pour l’EBITDAal ajusté, +21,9 % pour le bénéfice net…), grâce notamment aux performances commerciales avec le recrutement de 96 000 nouveaux abonnés sur le fixe (dont 51 000 pour la télévision payante) et surtout 350 000 nouveaux clients sous contrat mobile. Concernant le développement de son réseau, DT a déclaré que son réseau 5G couvrait désormais 95 % de la population allemande et que son réseau de fibre optique (FTTH) desservait 6,9 millions de foyers avec un objectif de 10 millions en 2024. Mais l’adoption du FTTH reste lente, avec seulement 910 000 clients abonnés à fin septembre.
Warner Music Group se rallie au nouveau modèle de rémunération de Deezer
Selon Les Echos, Deezer a obtenu le soutien de Warner Music Group, la deuxième grande maison de disques à adopter le modèle de rémunération « artist centric » en France, deux mois après Universal. Ce modèle visant à favoriser les artistes de métier et à éviter une trop forte rémunération des musiques de fond est également au cœur des discussions avec d’autres labels. Depuis le 1er octobre, ce nouveau modèle de rémunération comptabilise les streams selon une méthode différenciée : une écoute compte double pour les artistes dépassant les 1 000 streams mensuels, avec des critères tels que 500 auditeurs uniques et une popularité définie par les utilisateurs. Un plafond de monétisation de 1 000 streams par utilisateur et par mois a été instauré pour limiter l’impact des écoutes en boucle. Ce changement s’oppose au modèle industriel actuel, « market centric », qui répartit les revenus de la plateforme entre les labels en proportion de toutes les écoutes. Deezer a également entrepris un nettoyage de son catalogue pour remplacer les contenus non musicaux par ses propres contenus d’ambiance (exclus du calcul des rémunérations). Pour convaincre les acteurs réticents tels que Believe, Deezer met l’accent sur des études qui soulignent l’impact positif de ce nouveau modèle sur la promotion des nouveautés et de la musique locale. La plateforme explore également l’application du modèle à la rémunération des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique. Des ajustements similaires sont évoqués pour Spotify en 2024, incluant un seuil de 1 000 streams en deçà duquel les titres pourraient ne plus être rémunérés.
Une majorité des Espagnols sont prêts à accepter de la publicité pour réduire le coût mensuel des abonnements à la SVoD
Le cabinet de conseil audiovisuel espagnol GECA a publié la 18ème vague de son Baromètre OTT sur les audiences et les habitudes de consommation en Espagne. Disney+ atteint son plus haut en termes de part de marché depuis l’existence du Baromètre avec 37,9 % des foyers utilisateurs et HBO Max réalise sa deuxième meilleure performance à 32,5 %. Mais c’est toujours Prime Video qui domine le secteur de la SVoD avec une part de marché de 66,3 % devant Netflix qui réduit l’écart à 65,7 %. Selon les données de GECA, le forfait publicitaire de Netflix aurait déjà été souscrit par 13,9 % de sa base d’abonnés, un sur deux déclarant ne pas avoir été un client Netflix existant au moment de la prise d’abonnement. Enfin, mesurant l’évolution de la tolérance à la publicité pour les services SVoD, le Baromètre constate que pour la première fois depuis le lancement du forfait publicitaire de Netflix en novembre 2022, plus de 50 % des Espagnols déclarent accepter le principe en échange d’une réduction du coût mensuel de leurs abonnements.
Techno et équipements
Vizio cherche à son tour des constructeurs partenaires pour licencier son OS TV
Après les constructeurs leaders LG et Samsung, les grandes plateformes technologiques Roku, Fire TV, Android-Google TV, ou encore la joint-venture Xumo des câbloopérateurs Comcast et Charter, c’est au tour de l’équipementier américain Vizio de chercher à étendre la portée de son OS/UX en le licenciant auprès de partenaires. Selon le PDG William Wang, dans un communiqué coïncidant avec la publication des résultats du troisième trimestre, « Notre expertise approfondie en matière de matériel et de logiciels intégrés offre un potentiel distinct de résultats mutuellement bénéfiques pour VIZIO et les futurs partenaires. ». Wang précise qu’il cherche des partenariats avec des équipementiers de télévision souhaitant un système d’exploitation alternatif sur le marché américain. Vizio représente environ 12 % des ventes annuelles de téléviseurs aux Etats-Unis et enregistre trimestre après trimestre de fortes progressions pour son activité de monétisation de sa plateforme SmartCast lui permettant de diversifier son modèle économique, grâce notamment à la publicité avec son service AVoD-FAST, édité en propre, WatchFree+.
Lire la lettre aux actionnaires de Vizio
Amazon sur le point de remplacer Android sur Fire TV par un OS propriétaire
Selon la lettre spécialisée de Janko Roettgers, Lowpass, Amazon travaille d’arrachepied sur le développement de son propre système d’exploitation entièrement conçu en interne, au nom de code Vega, pour replacer Fire OS, basé sur un fork d’Android (Android AOSP), sur ses terminaux Fire TV et Echo Show. Le système aurait déjà été testé sur des boitiers de streaming Fire TV, et Amazon a informé certains partenaires de ses projets de transition. Vega, basé sur Linux doit apporter plus de souplesse à Amazon pour son écosystème complet en cours de déploiement pour la maison connectée. Son modèle d’application orienté Web permettra également aux développeurs de créer des applications qui fonctionnent à la fois sous Android, iOS ou Windows. Lowpass rappelle qu’il existe de nombreux contentieux entre Amazon et Google à propos de l’utilisation d’Android pour Fire TV, la firme de Mountain View ayant longtemps fait pression sur les constructeurs pour qu’ils n’utilisent pas l’OS dans leurs Smart TV.
Cadre juridique et institutionnel
Le Parlement européen adopte le Data Act
Le règlement sur les données, ayant fait l’objet d’un accord entre les députés et les États membres, a été adopté le 9 novembre dernier par le Parlement européen et vise à encourager l’innovation en facilitant l’accès aux données.
La nouvelle législation établit des règles sur le partage des données générées par l’utilisation de produits connectés ou de services connexes (par exemple, l’internet des objets, les machines industrielles) et permet aux utilisateurs d’accéder aux données qu’ils génèrent. Elle contribuera au développement de nouveaux services, en particulier dans le domaine de l’intelligence artificielle, où de grandes quantités de données sont nécessaires pour la formation des algorithmes. Elle vise également à rendre les services après-vente et les réparations d’appareils connectés moins chers. Les députés ont veillé à définir clairement les secrets d’affaires et les détenteurs de secrets d’affaires afin d’éviter les transferts illicites de données et les fuites de données vers des pays où la réglementation en matière de protection des données est plus faible. Ils veulent également éviter que des concurrents dans un domaine spécifique puissent exploiter l’accès aux données pour faire de la rétro-ingénierie sur les services ou les appareils de leurs rivaux.
La nouvelle loi facilite la possibilité de changer de fournisseur de services en cloud – des entreprises qui proposent des services de réseau, des infrastructures ou des applications commerciales dans le cloud- et introduit des garanties contre les transferts internationaux illicites de données par ces entreprises. Les députés ont veillé à ce que la loi sur les données implique que les clients des services en cloud aient le pouvoir de négocier des contrats et d’éviter d’être « otages » d’un fournisseur particulier. Le règlement DATA Act, adopté par 481 votes pour, 31 contre et 71 abstentions, devra maintenant être approuvé formellement par le Conseil avant d’entrer en vigueur.
On peut rappeler que la loi SREN, notifiée à nouveau la semaine dernière à la Commission, traite également , par anticipation sur le règlement européen, du sujet Cloud (transparence, interopérabilité, protection des données sensibles et stratégiques -données de santé notamment, pratiques commerciales déloyales sur le marché du cloud) mais la période de statu quo liée à la dernière notification française devrait permettre au Data Act d’être en vigueur avant que la loi française ne soit réexaminée en CMP.
Voir Insight – La loi SREN s’attache à donner davantage de flexibilité au marché du cloud
Bilan de la mise en œuvre du décret SMAD annoncé pour 2024
Le Syndicat des Entreprises de Distribution de Programmes Audiovisuels (SEDPA) a tenu, le 9 novembre dernier, un colloque au cours duquel il a été annoncé qu’un bilan, tant sur le plan quantitatif que qualitatif, du décret SMAD du 22 juin 2021 serait dressé par l’Arcom et le CNC au cours du premier semestre 2024. Ce bilan permettra de connaitre la qualité et la nature des œuvres qui ont été accompagnées et d’analyser leur mode de financement. Ce bilan était attendu depuis quelques mois par les organisations professionnelles.
Le CNC a annoncé lors de ce colloque, qu’il dresserait également un bilan de la première année d’ouverture du fonds de soutien aux œuvres produites par des producteurs délégués pour des plateformes étrangères.
Ouverture d’une enquête de la Commission européenne sur les pratiques de Tiktok et Youtube en matière de protection des mineurs
Poursuivant son rôle de gardienne de l’application des règlements DSA et DMA, la Commission a ouvert une nouvelle enquête visant Tiktok et la plateforme Youtube afin que celles-ci fournissent des informations sur les mesures prises pour se conformer à la réglementation du DSA en matière de protection des mineurs, craignant notamment une inadéquation entre contenu proposé et âge des mineurs. Ces demandes d’informations ne constituent pas pour l’instant une mise en cause. Tiktok et Youtube disposent d’un délai courant jusqu’au 20 novembre pour répondre à ces demandes d’informations.
Les demandes d’informations constituent une première étape dans des procédures qui peuvent conduire à de lourdes sanctions financières en cas d’infractions avérées et prolongées à la réglementation. Dans des cas extrêmes, les amendes peuvent atteindre 6% du chiffre d’affaires mondial des groupes mis en cause.
Présentation d’un avis au CESE sur l’information fiable, indépendante et pluraliste au service de la démocratie
La commission de l’éducation, de la culture et de la communication du CESE présentera, mercredi 15 novembre à 9H30, son projet d’avis intitulé « Agir pour une information fiable, indépendante et pluraliste au service de la démocratie » rapporté par Vincent Moisselin (Directeur du SYNDEAC) et Thierry Cadart (CFDT). Pour rappel, le CESE abrite les depuis quelques semaines les débats relatifs aux Etats généraux de l’information.
Reporters Sans Frontières publie la charte de Paris sur l’IA et le journalisme
Reporters sans frontières (RSF) et 16 organisations partenaires ont dévoilé la Charte de Paris sur l’intelligence artificielle (IA) et le journalisme le 10 novembre, à l’occasion du Forum de Paris pour la paix. Cette charte énonce 10 principes éthiques pour l’utilisation de l’IA dans le journalisme, parmi lesquels :
L’éthique doit gouverner les choix technologiques au sein des médias ;
Le jugement humain doit rester central dans les décisions éditoriales ;
Les médias doivent aider la société à discerner avec confiance les contenus authentiques et synthétiques ;
Les médias doivent prendre part à la gouvernance mondiale de l’IA et défendre la viabilité du journalisme lorsqu’ils négocient avec les entreprises technologiques ;
Les médias sont responsables de chaque contenu qu’ils publient.
Les travaux pour établir ces principes ont été lancés en juillet par une commission réunie par RSF et présidée par Maria Ressa, lauréate du prix Nobel de la paix 2021. Cette commission inclut des membres tels que Phil Chetwynd, directeur de l’information de l’Agence France-Presse, Camille François, enseignante en affaires publiques internationales à la Columbia University School of International and Public Affairs, Jodie Ginsberg, présidente du Comité pour la protection des journalistes, Bruno Patino, président d’Arte, et Eric Scherer, président du comité Actualités à l’Union européenne de Radio-Télévision et directeur du News MediaLab et des affaires internationales à France Télévisions.