Depuis quelques mois, France Télévisions et Arte déploient de plus en plus de chaînes sur YouTube. Alors que la construction de réseaux multichaînes a le vent en poupe auprès des acteurs du web et des producteurs, NPA fait le point sur la stratégie des chaînes du service public et leur succès.

Cette stratégie d’hyperdistribution des contenus, complémentaire aux diffusions sur les supports-propriétaires (web et applis) et sur les réseaux sociaux, vise à la fois à faire la promotion des programmes et à contourner le piratage sur YouTube.
Alors que TF1 et M6 ne diffusent pas de contenus TV sur YouTube (TF1 devrait néanmoins commencer à diffuser une partie de ses contenus dans un futur proche grâce à un accord passé avec Google et M6 propose 3 chaînes originales avec Rose Carpet, Cover Garden et Golden Moustache), le service public (et Canal+) a amorcé en quelques mois une stratégie « MCN » (Multi Channels temps) en diffusant des contenus TV bar le biais de chaînes ombrelles (Arte, France Télévisions, France 4), de déclinaisons des marques web (Arte Concert, Arte Creative, Arte Future, Bits) et de déclinaisons de marques programmes.

Parmi les genres TV les plus représentés sur ces chaînes, France Télévisions a déployé 21 chaînes dédiées à la jeunesse (9 autour de la marque « Ludo » et 12 autour de la marque « Les Zouzous ») afin de capter l’audience des enfants, de plus en plus habituée à consommer une offre de dessins animés sur YouTube. Arte se distingue quant à elle en déployant de nombreuses marques 100% web sur YouTube (6 sur 13 chaînes) incluant Blow Up, Bits, Arte+7 et 3 déclinaisons de ses plateformes web.
Malgré la profusion des contenus TV désormais disponibles sur YouTube, les internautes français consomment encore peu les programmes du service public sous cette forme.
L’ensemble des nouvelles vidéos génèrent moins de 75 000 vues/jour pour l’ensemble du service public (l’audience sur Dailymotion est encore plus limitée). Les programmes des chaînes restent ainsi prioritairement consommé sur les espaces de catch-up, même si YouTube constitue désormais une alternative pour consommés des extraits de programmes et permettre aux chaînes du service public d’améliorer ainsi le référencement de leurs programmes sur le web.


La présence du service public français sur YouTube en est à ses balbutiements. Par comparaison, au Royaume Uni, le réseau MCN de la BBC (40 chaînes YouTube) a généré plus de 2,5 milliards de vues depuis 2005 et la chaîne-mère compte plus de 2,5 millions d’abonnés YouTube. Pour France Télévisions et Arte, la présence sur YouTube revêt davantage un enjeu de notoriété et de pari sur l’avenir qu’un enjeu d’audience et de retour sur investissement immédiat. En distribuant ses programmes de manière adaptée à la consommation vidéo sur le web, le service public a ainsi l’opportunité d’offrir les contenus-clés de ses chaînes sous des angles thématiques, et d’aller au devant d’un public plus jeune que celui des anennes linéaires. L’ambition est de faire de YouTube une encyclopédie de l’offre de contenus du service public (multiples extraits destinées à une consommation courte), tout en redonnant de la valeur à la diffusion TV (rôle de vitrine).
